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3,4

sur 313 notes
On dit d'une personne qu'elle est solaire lorsqu'elle est charismatique, qu'elle rayonne.
Michael Beard, le personnage principal de cette histoire, est tout …sauf solaire.

La cinquantaine, petit, bedonnant, dégarni, collectionnant les conquêtes rien que pour son propre plaisir, en passe de divorcer pour la 5e fois, et jaloux qui plus est, Beard, pour moi, est un minus.
Scientifique ayant obtenu le prix Nobel lorsqu'il était jeune, il ne se contente plus que d'aller de conférence en conférence, de donner des poignées de main, de faire semblant de s'intéresser aux jeunes pleins d'enthousiasme et de créativité sous sa tutelle, dans le centre créé à Reading.
Un de ces jeunes lui voue une admiration sans bornes, et lui explique une technique qui pourrait être révolutionnaire. Cet Aldous connaitra un accident malencontreux, enfin, ça dépend pour qui…

Vous l'avez compris, c'est un anti-héros que Ian Mc Ewan a mis en scène dans ce roman, « Solaire ».
Vous aurez donc compris aussi que « solaire » désignera une autre réalité que la personnalité de ce personnage odieux.
Comme c'est un scientifique, c'est du côté du photovoltaïque que l'on va se tourner. L'énergie solaire, eh oui, montre le bout de son nez, si j'ose dire, en ce début du 20e siècle.
L'écologie, le réchauffement climatique, la Terre en danger : tout ceci est abordé dans ses prémices, mais tout ceci est galvaudé par le caractère douteux de Michael Beard.

Ce roman ne m'a pas passionnée. Je sortais des « Relations d'incertitude » d'Elisa Brune qui expliquait avec brio un aspect de la science, la physique quantique. Ici, je suis tombée de haut. Bien sûr, l'humour british éclate de temps en temps, bien sûr la psychologie est fouillée, mais je n'ai pas retrouvé le brio de l'auteur de « L'intérêt de l'enfant » ou « Sur la plage de Chesil ». Je n'ai pas retrouvé non plus de ligne directrice forte, il m'a semblé que l'auteur touchait à tout.
Et la fin, parlons-en de la fin : trop chargée, et en même temps frustrante.

Bref, oui à l'énergie solaire, non à Michael Beard, ni oui ni non à « Solaire ».
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C'est à la dérive d'un incontinent en devenir, que nous fait assister Ian McEwan à travers les atermoiements d'un cynique -divorcé cinq fois, le compte est bon-, égocentrique et attiré par la lumière que lui vaut un prix Nobel obtenu par les efforts fournis dans un temps où il avait Milton pour plaire. Obtenu par défaut, aussi. Le personnage qu'est Michael Beard prend en épaisseur et en densité au fil du récit, pour son malheur, et pour notre plaisir subversif, il n'a de trajectoire ascendante que sa courbe de poids corrélée à son infatuation. Ce portrait de scientifique sur le retour, cette photo, synthèse de la pensée d'un homme chérissant son moi bien plus que son chez soi, serait pénible, désagréable, insupportable même s'il n'émanait d'un Anglais, s'il n'était émaillé de cet humour désabusé, distant et distingué. Un humour inimitable à cent lieues de la question que je vous pose, mais pourquoi ce titre : Solaire si le héro n'est pas une crème ?

Avec un talent fou, l'auteur arrive à faire rentrer plus de choses dans ce roman que ne le ferait n'importe laquelle des conquêtes de notre boulimique physicien maître es-séduction dans un sac à main. Les nombreuses digressions sont très savoureuses et malgré cela vous ne prendrez pas un gramme. Et si Micheal Beard donne l'impression de vouloir prendre toute la place, le lecteur assiste néanmoins ébahi à une série de tableaux hauts en couleurs -Ah, voir l'entropie à l’œuvre dans le vestiaire, quel moment d'anthologie !- et découvre une brochette de seconds rôles plus appétissants que des mannequins dans un défilé de lingerie fine. Ah cette physicienne féministe, ah ces manifestants bien pensants et haineux, ces journalistes de tabloïds, ces artistes en Arctique, ces futurs docteurs en physique, ces représentants de fonds de placement. Les femmes, les amantes. Et puis, c'est l' plombier qui fini à l'ombre, alors pourquoi ce titre : Solaire ?

Voilà donc un personnage narcissique, opportuniste sans états d'âme, propension marquée à l'alcoolisme, plutôt lâche, physique ingrat qui se traîne dans un livre qui n'est ni un polard noir, ni une tragédie, ni une comédie, ni non plus une pièce de boulevard, ni une thèse de doctorat, ni un conte. Mais faut-il être beau et honnête pour sauver le monde ? La route de l'enfer n'est-elle pas pavée de bonnes intentions ? Et si un égoïste n'agissant que pour satisfaire son ego surdimensionné finissait par faire le plus de bien à la planète ? Et au concours du plus gros menteur, qui gagne finalement ? Qu'est-ce donc pour un livre qui contient aussi une part de philosophie ? Désolé, zéro, pour celui ou celle qui vient de répondre : un sac à main. Il, elle peut commencer de suite la lecture du bouquin, notez c'est une récompense pour avoir suivi et participé. Mais, zéro quand même. Pour le livre, je relève la note, je mets 4/5.

Revenons à la question initiale ; mais pourquoi ce titre : Solaire si le héro n'est pas une crème ?
(C'est un comique de répétition pas de l'humour anglais ; la crème, par contre, pourrait l'être)
1. Micheal Beard a besoin du soleil pour son propre rayonnement.
2. Sans soleil Narcisse ne sait pas se mirer dans l'eau.
3. Il faut du soleil pour la photosynthèse (si j'en ai parlé, relisez vos notes)
4. Micheal Beard va mourir d'un cancer de la peau. (non ce n'est pas un spoiler, c'est une hypothèse, d'où l'importance de la crème dans cette question)
5. All of the above (bien oui, un peu d'anglais tout de même, pour saluer Ian McEwan)
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Ian McEwan est un auteur qui m'intéresse beaucoup depuis le premier roman que j'ai lu de lui, L'enfant volé, à sa sortie en français ; il n'est pas le plus lu de ses romans, mais pourtant il mérite qu'on y jette un coup d'oeil et plus si possible ! Ce qui me plaît, chez cet auteur, que ce soit dans Sur la plage de Chesil, Samedi ou le magnifique Expiation, c'est le mélange entre psychologie et critique de la société, et en même temps la variété des milieux et des thèmes choisis.

Dans le présent roman, c'est un scientifique qui tient la vedette, un prix Nobel de physique, rien que ça, mais ce prix prestigieux cache un personnage foncièrement antipathique et dépourvu de scrupules, aussi peu avenant au physique qu'au moral. Au début du roman, qui s'étire sur trois époques et une dizaine d'années, Michael Beard découvre que sa cinquième femme le trompe, et s'en trouve quelque peu affecté, même si elle ne fait que lui rendre la pareille, lui qui ne compte plus les égratignures à son contrat de mariage ! Côté travail, il dirige mollement un institut de recherches sur les énergies renouvelables où les thésards se ressemblent tous à ses yeux. Il accepte une invitation pour un voyage tous frais payés en Arctique pour s'éloigner de tout ce qui commence à aller mal pour lui à Londres. A son retour, au terme d'une scène rocambolesque, Beard, pourtant peu convaincu par les recherches sur l'avenir de la planète et les ressources énergétiques renouvelables, se retrouve en possession d'une série de documents qui vont lui permettre d'avancer sur un projet ambitieux et novateur de photosynthèse permettant d'obtenir une énergie propre. de quoi remonter un peu sa cote auprès de ses collègues, voire même de son épouse ?
Lire la suite :
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Michael Beard a atteint une cinquantaine plus que mûre. Il est chauve, rondouillard, dénué de toute séduction et, au moral, il ne vaut guère mieux. Mais il a dans le temps obtenu le prix Nobel de physique ; depuis lors il se repose sur ses lauriers et recycle indéfiniment la même conférence, se faisant payer des honoraires exorbitants. En même temps, il soutient sans trop y croire un projet gouvernemental à propos du réchauffement climatique. Quant à sa vie privée, elle aussi laisse à désirer. En coureur de jupons invétéré, Beard voit sa cinquième femme lui échapper. Alors qu'il ne croyait plus se soucier d'elle, le voilà dévoré de jalousie.
Bientôt, à la faveur d'un accident, il pense trouver le moyen de surmonter ses ennuis, relancer sa carrière, tout en sauvant la planète d'un désastre climatique. Il va repartir de par le monde, à commencer par le pôle Nord…
À travers les mésaventures de ce prédateur narcissique, incapable de se contraindre, Ian McEwan traite des problèmes les plus actuels. Et sur ces sujets très sérieux, il parvient à nous fait rire. Voici peut-être le roman le plus comique, le plus intelligent, le plus narquois de cet auteur, l'un des plus grands en Angleterre aujourd'hui." (Synopsis Folio)


"Un seul photon frappant un semi-conducteur libère un électron : ainsi naît l'électricité, tout simplement, du seul rayonnement solaire. C'est le Photovoltaïque. Einstein l'a décrit et a reçu le Nobel. Si je croyais en Dieu, je dirais qu'il s'agit du plus beau cadeau qu'il nous ait fait. Comme je suis athée, je rends grâce aux lois de la physique!" (page 219-220.)

J'ai mis quelques pages à entrer dans le vif du sujet.
Puis, j'ai compris : Je vais suivre une espèce de héros, Michael Beard, prix Nobel, qui aime les femmes et qui ne ressemble à rien!!!!
Les pages défilantes, je me rends compte qu'il n'a pas vraiment le profil d'un héros de roman.
Il vit la fin de son cinquième mariage, la cinquantaine bedonnante et sa femme Patrice (j'ai mis du temps à comprendre que c'était une femme), le trompe avec Tarquin, le maçon qui a rénové leur salle de bains.Beard, lui, ne peut s'empêcher d'inviter les femmes qu'il croise à dîner.
Il commence un projet ,avec le Centre,un "établissement de recherche fondamentale", sur les énergies renouvelables car le réchauffement climatique est sa principale préoccupation. Il commence à travailler avec Tom Aldous qui a le projet d'une éolienne particulière;
Beard est invité à partir sur un bateau au pôle nord avec des artistes concernés par le réchauffement climatique.
A partir de ce fait, le roman prend son sens.
Beard nous fait même sourire quand il raconte des faits assez cocasses que provoquent le froid à -26 degrés...Comme avoir envie de se soulager par cette température extérieure!!!! En revenant de cette expédition, il prend même la résolution de se mettre au régime et de faire du sport!!!
Beard est très cru dans sa façon de parler, de penser et ne cache rien au lecteur.
Il évoque presque sans cesse, en terme scientifique, la façon dont le soleil se transforme en énergie... On sent vraiment que le roman est axé physique, science, écologie, climat, énergie solaire!!! Mais pas seulement....
Les sentiments, me direz-vous??? Les femmes, même de vraies beautés l'aiment...Lui, se pose beaucoup de questions et ne tombe pas amoureux...
Les digressions sont très nombreuses et étoffent son histoire.
Il se retrouvera dans des situations très insolites et le lecteur sera témoin du déroulement des situations.

Le talent de Ian McEwan est de garder son lecteur assidu jusqu'à la fin sans que ces termes scientifiques soient trop pesants.
Je l'ai lu presque d'une traite et c'est ce que je conseille aux futurs lecteurs pour mieux apprécier l'histoire qui se déroule en trois parties: 2000-2005-2009.
C'est un roman atypique que mérite de détour... Cet anti-héros ne fait rien pour être attachant et pourtant, il est aimé...
La fin est même déroutante!!!
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Michael Beard est physicien, lauréat du Prix Nobel. C'est aussi un infatigable coureur de jupons et il en est déjà à son cinquième mariage.
Cette union suit pourtant le même chemin que les quatre autres et semble s'acheminer vers une fin certaine. Mais les choses sont différentes, cette fois. C'est Patrice, l'épouse de Beard, qui a un amant et Michael aime toujours sa femme.
Sur fond de réchauffement climatique, McEwan nous offre un roman tragi-comique, au personnage principal attachant malgré ses défauts.



McEwan mélange les genres dans ce roman qui a remporté le prix Wodehouse du roman de fiction humoristique en 2010. Car, pour une fois, j'ai ri aux larmes avec certains passages d'un récit de McEwan.

L'auteur reste d'abord fidèle à son style propre. Il développe une certaine analyse psychologique de Michael Beard grâce aux nombreuses introspections du personnage. Beard pense à sa vie privée, à son mariage qui part en vrille, aux aventures de son épouse. Il analyse sa vie professionnelle aussi et se rend compte qu'il n'atteindra plus jamais la même passion qu'avant, celle qui l'a conduit au Prix Nobel de physique.

Beard est un personnage "paumé" dans sa vie privée, mais aussi dans sa vie professionnelle. Il ne sait pas quoi faire pour reconquérir Patrice. Il se repose aussi sur le prestige de son Prix Nobel, qui lui permet au moins d'être respecté par les autres physiciens, mais il ne fait plus de recherches et semble peu au courant des dernières avancées de sa discipline.

Et le pire, c'est qu'il se rend compte que sa vie et que sa profession ne lui apportent aucune satisfaction. Mais, malgré cela, il ne fait pas grand chose pour changer cette situation. Il se laisse vivre et porter au gré du vent, jusqu'au moment où un dramatique accident va l'obliger à mettre de l'ordre dans sa vie, avant qu'elle ne lui file entre les doigts.

Mais McEwan fait aussi preuve de beaucoup d'humour dans ce roman. Les situations dans lesquelles Beard se retrouve plongé sont parfois tellement cocasses, qu'on a l'impression de se trouver plongé(e) dans un roman de David Lodge. Et même si cet humour et cette dérision envers ses personnages ne sont pas habituels chez McEwan, cela marche.

La réflexion sur le changement climatique est aussi bien présente dans le récit, même si la manière dont les différents personnages l'aborde n'est pas toujours géniale. Beard, peu convaincu au début, se lance dans la lutte contre le réchauffement parce qu'il y voit uniquement son intérêt professionnel. Et il essaye de convaincre de riches hommes d'affaires d'investir dans l'énergie solaire, afin d'en tirer le maximum de profit financier. Réactions décevantes, mais malheureusement très répandues. Les discours tenus par Beard lorsqu'il présente ses projets en matière de technologie photovoltaïques sont pourtant très convaincants et nous montrent à quel point il est important de faire quelque chose pour notre pauvre planète.

Solar m'a donc beaucoup plu. A la fois parce que McEwan y déploie tout son talent de romancier contemporain; mais aussi parce que le récit traite, sans en avoir l'air, d'une problématique climatique très intéressante. McEwan a d'ailleurs souvent cette "manie" de cacher une réflexion plus profonde que prévu dans ses romans. Une fois encore, il ne déroge pas à cette règle.

Un vrai coup de coeur!


Lu en anglais, édition Vintage Books.
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Ian McEwan, né en 1948 à Aldershot, est un romancier et scénariste britannique. Il a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient à Singapour, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier écossais dans l'armée britannique, était en poste. Il a fait ses études à l'université du Sussex et l'université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d'écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Dès le début des années 1980, Ian McEwan s'impose sur la scène littéraire britannique et plusieurs de ses ouvrages ont été adaptés pour le cinéma. Son roman, Solaire, est paru en 2011.
Michael Beard, la cinquantaine, chauve et rondouillard à la moralité douteuse, a obtenu le prix Nobel de physique. Depuis lors il se repose sur ses lauriers et recycle indéfiniment la même conférence, se faisant payer des honoraires exorbitants. En même temps, il soutient sans trop y croire un projet gouvernemental à propos du réchauffement climatique. Quant à sa vie privée, elle aussi laisse à désirer. Coureur de jupons invétéré, Beard voit sa cinquième femme se venger en prenant un amant et le voilà dévoré de jalousie. Bientôt, à la faveur d'un accident, il pense trouver le moyen de surmonter ses ennuis et relancer sa carrière, tout en sauvant la planète d'un désastre climatique.
Si le titre du roman et son thème aborde le problème du réchauffement climatique, nous sommes loin de l'essai écologique ou du bouquin à thèse lourdingue, au contraire, ici tout n'est qu'humour et n'est guère loin d'un David Lodge, du moins est-ce à cet écrivain que j'ai pensé immédiatement durant les premières pages. Bien entendu il y a cet humour britannique fait de petites phrases ou remarques vachardes, lâchées comme si de rien n'était, mais Ian McEwan sait aussi utiliser le burlesque (le chapitre au Pôle Nord est une grosse rigolade), le vaudeville (le mari, la femme, l'amant et même le cadavre dans le salon !) ou le comique de répétition (analogie de scène entre Beard face à l'amant maçon et Beard face au passager du train avec le paquet de chips au vinaigre).
Nous sourions donc souvent et McEwan avec ce roman, prouve – pour ceux qui n'en seraient pas encore convaincus – qu'on peut rire de tout lorsque l'on sait y faire, car les thèmes abordés ici auraient aussi parfaitement convenu à un drame : les relations de couple qui se délitent, un homme qui ne veut pas d'enfant quand sa partenaire en veux un, l'amant décédé brutalement et un innocent accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, des travaux scientifiques « empruntés » sans scrupules et un réchauffement climatique de plus en plus prégnant.
Un roman extrêmement agréable à lire, pour se détendre, à intercaler entre deux lectures plus complexes.
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Par l'auteur d'Expiation, voici un roman magistral qui serpente entre cynisme et grotesque. A la fois portrait d'un homme - c'est bien là tout le drame - et réflexion contemporaine sur notre politique écologique, Solaire est un roman qu'il faut prendre le temps de déguster, sous peine d'indigestion.
______

J'étais un peu frustrée, arrivée à la centaine de pages, par l'absence d'intrigue à proprement parler. Je me sentais étouffée par la personnalité de celui qui est au coeur du roman. En disant "coeur", je suis en dessous de la vérité. Il emplit chaque recoin, il est le corps du roman. L'ensemble de l'oeuvre est son portrait impitoyable.

On ne peut pas aimer Michael Beard. Certes, il a reçu le prix Nobel de physique. Mais c'était il y a des années. Depuis, il se contente de recycler la même conférence, grassement payé, tout en enchaînant les mariages et les liaisons - ces dernières trois fois plus nombreuses que ces premiers.

Justement, sa cinquième épouse, dépitée, lui rend la pareille. Beard, dont la lâcheté excède la libido, en profite pour accepter un tour au Pôle Nord et feint de s'intéresser au réchauffement climatique. En vérité, il s'en fout, de ça, comme du reste, comme de tout ce qui ne concerne ni son pénis ni son estomac.

De cet homme grotesque, Ian McEwan fait l'allégorie de l'Indécence. Son prix Nobel lui donne un certain pouvoir, il l'utilise à des fins personnelles. Il prêche les économies d'énergie mais il est prisonnier de son métabolisme déréglé, avide de nourriture grasse, avide de sexe. Quand il s'empare des travaux d'un autre sur l'énergie solaire, impossible d'être surpris.

Je crois que je lui en veux surtout parce qu'il est humain et agit comme tel. A petite échelle, il existe bien des coeurs purs, de nobles âmes prêtes à se sacrifier pour la cause de l'humanité. A grande échelle, ceux qui décident, ceux qui gouvernent, nous l'oublions parfois, ne sont que des hommes.

Pas spécialement écolo - parce que trop cynique - je suis les débats sur le réchauffement climatique d'assez loin. Mais un passage m'a marquée, celui dans lequel il est dit qu'il nous est impossible de prendre les menaces climatiques au sérieux, car la situation est tellement critique que si brusquement nous nous en apercevions vraiment, il ne serait plus possible de faire quoi que soit d'autre que d'y penser et de s'en inquiéter, au point de reléguer à l'arrière plan toutes les autres préoccupations mondiales.

Tout au long du texte, Michael est un corps qui enfle et qui n'a même pas, comme la grenouille de la fable, l'excuse de chercher à être autre chose que lui même, pitoyable, mesquin et impuissant.
Lien : http://talememore.hautetfort..
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J'ai eu du mal à terminer cette lecture. Je n'ai pas trop compris l'intérêt de certains passages qui alourdissent l'histoire.
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Ces auteurs anglais m'étonneront toujours. Ayant oublié mes lunettes, j'ai sauté de confiance sur Solaire à la bibliothèque (titre et auteur étaient lisibles) et dès les premières pages j'étais à mille lieues de Sur la plage de Chesil et même Expiation. Là on n'est plus dans le drame psychologique subtil et fouillé, mais McEwan dézingue à tout va!



Michael Beard, quelques kilos en trop (au fil du temps, ce seront beaucoup plus de kilos) a bien du malheur, pauvre p'tit chou! Sa cinquième femme (jamais il n'en a gardé une plus de six ans d'affilée) le trompe. Elle a vingt ans de moins que lui, qui l'a allègrement trompée, mais c'est comme ça, il n'en dort plus. Il pardonne pourtant à Rodney Tarpin, son rival, ses goûts en matière de décoration de jardin, avec cabine téléphonique rouge couchée, puits à margelle et nains de jardin.



Côté professionnel, il vit des retombées en terme de notoriété d'un prix Nobel de physique sur la colligation Bear-Einstein et bidouille dans un centre de recherche, donnant des conférences bien payées à l'extérieur. Il écoute d'une oreille distraite les longs discours enflammés de Tom Aldous, un jeune chercheur du centre, sur le réchauffement climatique. Autant Tom est "habité" par ce sujet, autant Michael Beard ne s'y intéressera qu'à la suite d'événements inattendus qu'il serait dommage que je vous livre...



Mélangeant habilement souvenirs et présent, vie personnelle et vie professionnelle de son héros égocentrique, ce roman se dévore et offre quelques jolies surprises, citons deux ours blancs, l'un mort l'autre vivant, un paquet de chips, une tomate pourrie... Déconseillons aussi aux messieurs d'uriner en plein air dans la région du Spitzberg.



Une lecture jubilatoire du début à la fin, j'ai adoré détester Michael Beard, à qui je cherche en vain une qualité pour le racheter.


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Michael Beard est un anti-héros. Nous le découvrons lorsqu'il atteint la cinquantaine.
Au premier abord c'est un looser, il végète dans un boulot qui ne l'épanouit pas réellement. Sa cinquième (!) femme le trompe. En même temps on la comprend Michael Beard est un infidèle patenté, de mauvaise foi en plus. Lorsqu'il sent que sa femme lui échappe il essaye pathétiquement de la reconquérir. Pourtant c'est un homme intelligent, très intelligent. Pour preuve il a été prix Nobel de physique, une vingtaine d'années auparavant. Qu'est-il advenu entre-temps ? Et bien cet homme est l'archétype de l'indécision humaine, il remet tout au lendemain, se laisse vivre…
Ce livre est en trois parties : une première partie, qui est réjouissante, j'ai plusieurs fois éclaté de rire devant les tribulations de cet homme qui se décide pour échapper à sa vie de partir quelques jours en Antarctique, le but de l'expédition est d'examiner l'impact du réchauffement climatique sur la fonte de la banquise… Je ne verrai plus un tube de baume à lèvres de la même façon…
Au fur et à mesure du livre le ton se veut plus mordant et grinçant : le sujet est clairement l'inertie des hommes (et pas seulement celle de Michael Beard) devant ce fameux réchauffement climatique : Michael semble s'intéresser à la lutte contre la dégradation du climat mais en fait son but est exclusivement personnel. Égocentrique et misogyne (ou misanthrope) seul lui importe sa vie …après lui le déluge.
Je ressors de ce livre un peu abasourdie : et si Michael c'était nous tous ?
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