Ouvrage indispensable, objectif et non-partisan sur l'histoire environnementale à l'ère de l'Anthropocène.
Publié en l'an 2000 par ce professeur et historien américain, il se propose de faire le panorama du siècle passé à travers le prisme des profondes modifications opérées par l'Homme sur son environnement.
D'une rare densité (la bibliographie proposée et digérée est, à elle seule, l'oeuvre d'une vie) mais sans jamais basculer dans l'hermétisme d'une publication universitaire, ce livre se pose comme source d'éléments de réflexion indispensable à toute pensée globale.
De nature holistique, il égratigne au passage toute pensée simplificatrice, malheureusement de plus en plus développées vingt ans après sa publication. Il permet de rendre compte que les grands courants de pensée, politique comme religieux, traditionnellement considérés comme antagonistes, ont tous en commun une forme de croissance sans prise en compte de limites. Il laisse la conclusion au lecteur, sans jamais la nommer, de la nécessité de penser actuellement à une forme de décroissance.
Défaut de ses qualités, l'ouvrage ignore sciemment tous les travaux plus engagés dans ce sens (on pensera aux travaux de J. Randers et des époux Meadows,
Lewis Mumford, etc.) pour constituer une somme irréfragable, qu'il faudrait définitivement faire avaler à nos décideurs.
A l'heure ou l'écologie politique se vautre dans des débats idéologiques douteux, ce genre d'ouvrage indispensable nous rappelle, à travers sa conclusion empruntant à Machiavel, la nécessité de prévisions réalistes basées sur une analyse objective de notre réalité.