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EAN : 9782130553892
127 pages
Presses Universitaires de France (19/08/2005)
3.8/5   10 notes
Résumé :

Le travail est au fondement de l'ordre social, il détermine largement la place des individus dans la société, il continue d'être le principal moyen de subsistance et d'occuper une part essentielle de la vie des individus. Travailler est une norme, un "fait social total". Mais paradoxalement c'est moins le travail lui-même que l'emploi qui est devenu dans nos sociétés, le principal moyen de s'assurer une place, une utilité, des droits, une protection. La ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les "Que sais-je", c'est comme les bonbons de Bertie Crochue, on peut toujours se retrouver à mâchouiller un truc gélatineux sans goût ni odeur. Mais ici, le risque n'était pas grand: qui d'autre que la grande spécialiste qu'est Dominique Méda pour nous délivrer la synthèse de ce qu'il y a à savoir sur le travail?
Commençons par la critique: le grand écart stylistique entre la première partie (philosophique) sur l'avènement du travail et les deux suivantes (sociologiques) sur les crises qu'il subit. On passe donc de ça: "(pour Marx), la production et par conséquent le travail sont rêvés comme le lieu central où s'opère l'alchimie du lien social dans une philosophie de l'interexpression et de la reconnaissance." à ça: "la proportion de salariés dont le rythme de travail est déterminé simultanément par au moins trois contraintes a beaucoup augmenté, passant de 6% en 1984 à 35% en 2013." C'est bien dommage, le factuel emphatique est un créneau insuffisamment pris en charge par nos intellectuels.
Si c'est au XVIII° que le travail a commencé à être valorisé (alors que Don Juan méprise M. Dimanche et que la fourmi industrieuse est le contre-modèle bourgeois de l'idéal aristocratique), à partir du XIX°, le mythe du travail épanouissant à peine formé prend déjà l'eau de toute part grâce au capitalisme naissant et à ses dents singulièrement affutées pour un si jeune enfant. Bien des crises après, constatons que la fin du travail prévue par Rifkin a fini au cimetière des prospectives ratées et que l'avènement des loisirs en prend le chemin, à moins de faire du chômage et du temps grignoté par des horaires atypiques qui le sont de moins en moins le summum de l'oisiveté. Bref, travailleurs nous resterons et il est urgent de rendre cette activité supportable et même, ne soyons pas frileux, désirable. Méda donne la définition du travail auquel aspire la plupart des gens: il est bien fait parce qu'on nous en donne le temps; il est fait selon des normes respectées et respectables; le résultat en est visible, ainsi que la valeur ajoutée de la part qu'on y a pris; il a bénéficié des aides nécessaires et a engendré de la reconnaissance.
Après (et ça, c'est moi qui l'affirme, pas Dominique Méda), c'est tellement plus simple de dire aux gens qu'on leur laisse un boulot déplaisant et qu'on essaie juste de les en sortir le plus tôt possible. Parce qu'il me semble que Martine A. et Jean-Luc M. ont l'air de s'éclater, eux, et ne semblent pas pressés de prendre leur retraite...
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Le travail s'est vu questionné suite aux bouleversements apportés par le Covid-19. Il y a ceux qui ont eu la chance de pouvoir télé-travailler, qui en général occupent des postes valorisants, correctement rémunérés; et puis, il y a les autres, les premiers de corvée. Les ouvriers d'usine, les éboueurs, le personnel de ménage, les soignants, les caissières de super-marché...

Ce livre a été écrit avant la pandémie, mais il ne manque pas de souligner cette dichotomie entre les emplois dits "de qualité" et les autres. Dominique Méda montre que depuis l'augmentation massive du chômage, les pouvoirs publics se sont polarisés sur la quantité de travail, la qualité de celui-ci passant visiblement au second plan. Elle dénonce l'hypocrisie des statistiques internationales, qui raisonnent uniquement sur la durée de travail à temps plein. Prenant l'exemple de l'Allemagne, où les emplois à temps partiel sont plus nombreux qu'en France (25% contre 17% chez nous), elle montre que cela fausse le débat, et masque un choix de société: plus encore que nous, l'Allemagne a favorisé le développement des emplois fragmentés et mal payés, qui plus est, souvent réservés aux femmes.

La première partie est une brève histoire du concept de travail, et de la représentation que s'en est fait la société au fil du temps. Pendant des millénaires, le travail ne fut pas valorisé, voire méprisé. Ce n'est qu'au 18ème siècle qu'il devint officiellement le facteur principal de production de richesses (tout en restant considéré comme pénible). Et il faudra attendre le 19ème, pour qu'il soit célébré par des auteurs aussi dissemblables que Hegel et Marx, pour déclarer que le travail est l'essence de l'être humain, le facteur essentiel d'une liberté créatrice...

On apprendra avec intérêt que si le temps de loisir a constamment augmenté, le temps libre des classes supérieures, quant à lui, reste stable: les personnes qui occupent des emplois très qualifiés travaillent toujours autant, ce sont les sans-diplôme qui ont acquis des heures de loisir en plus... Et que la semaine de travail aux horaires réguliers, diurnes, avec une durée de travail proche de la moyenne nationale, ne concernerait guère qu'un salarié sur trois, Les horaires atypiques ne le sont donc plus.

On notera également qu'il a fallu attendre 2014 pour avoir une évaluation objective de la Réduction du temps de travail, la célèbre RTT. Établie par la commission d'enquête de l'assemblée nationale, cette étude a conclu que 350 000 emplois ont été créés, sans impact sur la compétitivité de la France, et pour un coût relativement faible, si on le compare à celui des allègements de cotisations sociales accordées aux entreprises sans contrepartie d'embauche.

Le travail reste un élément fondamental de notre vie, mais plus d'un salarié français sur deux déclare subir un stress régulier au boulot. Un quart d'entre eux a été victime d'un problème psychologique grave, tel qu'un burn-out ou une dépression. 35% des ouvriers non qualifiés, en outre, déclarent ne pas aimer leur travail. Quant aux jeunes diplômés, ils se préoccupent de plus en plus du sens de leur travail. Faut-il compter sur le développement des technologies, en particulier l'informatique, l'intelligence artificielle, pour améliorer cette situation? C'est pas gagné...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le travail, facteur de production. – L’« invention » du travail dans son sens moderne, qui signifie tout à la fois que l’article défini peut enfin être utilisé (le travail), que la catégorie trouve son unité et le concept sa compréhension, va s’opérer au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, en trois temps, trois époques, chacune venant ajouter une couche de signification supplémentaire, sans jamais se substituer aux précédentes, ce qui fonde la pluralité d’interprétations dont le travail est aujourd’hui l’objet.
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On comprend mieux pourquoi l'attente principale est aujourd'hui d'avoir un emploi, c'est-à-dire non seulement d'exercer un travail, mais surtout d'avoir accès à une place dans le système de production et dans la société, qui permet l'obtention d'un revenu mais aussi de droits sans lesquels il est quasiment impossible de vivre aujourd'hui. C'est aussi ce qui explique que l'on puisse détester son travail et aimer son emploi.
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Vidéo de Dominique Méda
Limites planétaires #3 : Comment vivre dans un monde fini ? Conférence enregistrée en public pour la sortie du livre "Dernières limites" (Rue de l’échiquier, 2023) de la journaliste Audrey Boehly. Avec la participation de l’océanographe Philippe Cury, de l’agronome Marc Dufumier, et de la sociologue Dominique Méda.
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