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EAN : 9782228900744
383 pages
Payot et Rivages (05/04/2006)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Pour les Allemands, en 1940, la France est la patrie des plaisirs sexuels. Les soldats, en particulier ceux qui partent sur le front de l'Est ou qui en reviennent, doivent y trouver le " repos du guerrier "... sans les maladies vénériennes. L'un des premiers gestes de la Wehrmacht en France occupée sera donc de prendre le contrôle de la prostitution, de mettre en place un vaste système de maisons closes à destination exclusiv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'ouvrage très documenté de l'historienne allemande Insa Meinen « se situe au confluent de l'histoire militaire, de l'histoire des genres et des recherches sur l'Occupation » (p. 8). Il décrit comment la Wehrmacht a organisé en France un système de maisons closes et comment les femmes soupçonnées de proposer des services sexuels non contrôlés hors de ces lieux ont été persécutés.

L'occupant n'a guère envisagé que ses soldats puissent ne pas avoir de relations sexuelles en France. Les tenants de la continence sexuelle n'ont pas longtemps été écoutés. D'autant que, dans l'Europe occupée, la France était plus ou moins explicitement considérée comme « une base de Rest and Recreation dans la stratégie de guerre allemande » (p. 112).

Ceci étant, ce libéralisme ne devait pas conduire à une promiscuité trop visible. D'abord, les débauches sexuelles des membres de l'armée d'occupation, et au premier chef de ses officiers, auraient pu ternir « l'image de l'armée allemande disciplinée, correcte et donc invincible que les dirigeants de la Wehrmacht cherchaient à diffuser « (p. 89). Ensuite, surtout à partir de l'émergence en 1941 d'une Résistance clandestine, l'occupant nourrit la crainte, probablement excessive, que ses soldats n'éventent des secrets militaires, voire désertent purement et simplement après être tombées sous le charme d'espionnes à la solde des communistes. Enfin et surtout, les services allemands développent une véritable obsession hygiéniste. Persuadées que les femmes françaises constituaient un redoutable foyer d'épidémies, les autorités entendaient protéger leurs soldats de la contagion vénérienne. Pour ce faire, ils ont établi, avec une étonnante rapidité, dès l'été 40, un réseau de maisons closes sévèrement contrôlées, exclusivement réservées aux Allemands et où l'usage des préservatifs et la désinfection systématique sont obligatoires.

Les femmes françaises qui refusaient d'y travailler et continuaient de s'adonner à la prostitution clandestine ont fait l'objet d'une étroite surveillance policière. Même les filles « enfermées » n'étaient pas à l'abri. Toujours suspectées de constituer un foyer de contagion, elles risquaient l'hospitalisation d'office sur simple dénonciation. Les plus réfractaires d'entre elles, qui refusaient de procéder aux examens obligatoires ou s'évadaient des services antivénériens, étaient internées dans des camps. Insa Meinen étudie minutieusement le fonctionnement de deux d'entre eux, à Jargeau dans le Loiret et à La Lande dans l'Indre-et-Loire.

Son ouvrage présente les défauts de ses qualités. L'exploitation méthodique des réglementations et des rapports administratifs ouvre en effet de nombreux angles morts.

Ainsi, Insa Meinen ne prend guère en compte le point de vue des prostituées (on recommande la lecture de l'ouvrage que Cyril Olivier a publié à partir de la thèse qu'il avait tiré de l'étude des « femmes de mauvaise vie » : « le vice ou la vertu. Vichy et les politiques de la sexualité (1940-1944) », Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. Tempus, 2005, 308 p.). Sont-elles venues à la prostitution sous l'Occupation ou la pratiquaient-elles déjà avant 1940 ? Etaient-elles motivées par l'argent ? la vie facile ? la protection que leur conféraient leurs relations avec l'occupant ? Comment étaient-elles considérées par leurs compatriotes et quel sort ont-elles connu après la défaite allemande (cette question a été traitée par Fabrice Virgili « La France « virile ». Des femmes tondues à la Libération », Paris, Payot, 2000, 392 p.) ? L'exploitation des registres administratifs des camps d'internement aurait pu être l'occasion de plus amples développements sur quelques destins individuels probablement fort romanesques.

Autre angle mort de l'étude de Insa Meinen : l'inexistence apparente de toute prostitution masculine. Sans doute le tabou qui interdisait toute relation homosexuelle empêchait-il que s'organisent des formes réglementées de prostitution masculine. Pour autant, on peine à penser que, dans la clandestinité, des relations homosexuelles vénales ne se soient pas nouées (Marc Boninchi a dressé, à partir des archives du Ministère de la Justice, un tableau captivant de la politique répressive du régime vichyste en matière d'homosexualité mais aussi d'adultère, d'avortement, de prostitution : « Vichy et l'ordre moral », Paris, PUF, 2005, 344 p.).
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