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EAN : 9782844183248
144 pages
La Part Commune (09/06/2016)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Paru en 1888, trois ans avant la mort de Herman Melville (1819-1891), l'inoubliable auteur de Moby Dick et de Bartleby, John Marr mêle proses et poèmes, pour célébrer, avec une mélancolie généreuse, les fantômes du passé marin de l'auteur. Mais c'est aussi l'évocation sublimée d'une nature implacable, indifférente à la destinée et aux entreprises de l'homme. Traduit pour a première fois dans son intégralité, John Marr préfigure, par son intensité poétique et la char... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Publié en 1888, trois ans avant sa mort, et après douze années de silence, John Marr et autres marins est l'avant-dernier recueil de Herman Melville, publié à l'époque à vingt-cinq exemplaires chez un tout petit éditeur. Si le public français peut sembler surpris de voir le célèbre auteur de Moby Dick s'adonner à la poésie, c'est essentiellement pour la seule raison que cette partie importante - essentielle - de son oeuvre n'a jamais été mise en avant dans notre pays. En effet, sur une période d'une douzaine d'années, et jusqu'à son ultime chef d'oeuvre Billy Budd, marin,- qui ne sera retrouvé qu'après sa mort en 1891 et édité une trentaine d'années plus tard, seulement !-, Melville n'écrira plus que de la poésie, parmi laquelle, donc, ce magnifique John Marr.

Inédit jusqu'à ce jour dans notre langue et dans son intégralité, ce recueil mélange deux récits où prose et poésie se répondent, quelques très longs poèmes (parmi les plus longs qu'il ait écrits), et un ensemble de courts poèmes dont il avait le secret.

Tous tournent, comme le suggère le titre, autour de la mer et constituent, en quelque sorte, le chaînon manquant entre Moby Dick et Billy Budd. Ils se nourrissent de la propre expérience de Melville et font remonter des souvenirs personnels dans des textes aux accents vibrants d'humanité et de déréliction.

Car c'est cette fraternité humaine, dont il porte la nostalgie, qu'exalte Melville tout au long de ces textes aux consonances souvent étonnantes pour nous aujourd'hui, mais faisant montre d'une puissance d'évocation inébranlable et sûre, où l'on entend ces hommes s'exprimant parfois dans un américain rude, salin, sans concession - celui des matelots et officiers, celui des marins de la marine de guerre étasunienne de la guerre de sécession, celui des pêcheurs au large, enfin -, où l'on comprend la dureté de la vie face à la nature océane, où l'on sait que le combat est sans merci et peut s'achever par l'impitoyable mort, la perte du navire, corps et bien, la destruction pure et simple et pour ainsi dire, sans reste ni témoin.

Bien entendu, par opposition l'humanité dans ce qu'elle peut avoir de plus noble, de plus fier, mais aussi de plus inconséquent et de plus orgueilleux, il y a la nature inhumaine de la mer, l'implacable Léviathan, l'immensité monstrueuse de l'élément liquide. Mais, à l'instar de cet iceberg destructeur du texte du même nom, cette nature est sans haine, sans pathos, sans volonté véritable d'accomplir ce qu'elle provoque. C'est là toute son ambiguïté et, partant, toute sa beauté, la trace de la fascination qu'elle provoque, mais en risque majeur de mort et de souffrances.

Là se trouve sans nul doute la redoutable et inégalable force de l'oeuvre d'Herman Melville, son incroyable profondeur aussi qui ne le partage en rien avec celle des abysses qu'il connaissait tant et si bien, et que l'on retrouve avec un plaisir vrai dans ce petit recueil indispensable des petites éditions rennaises "La Part Commune", dans une excellente traduction de M. Thierry Gillyboeuf.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'iceberg
(Un rêve)

Je vis un navire d'allure martiale
(Pavillons au vent, en apparat de bravoure)
Mené comme par pure folie
Aller droit sur un impassible iceberg,
Sans l'ébranler, bien que l'infatué navire ait sombré.
L'impact fit s'ébouler d'énormes blocs de glace
Maussades, qui fracassèrent par tonnes le pont ;
Mais cette unique avalanche fut tout -
Nul autre mouvement que l'épave coulant par le fond.

Sur les éperons des pâles crêtes,
Nulle hampe fine et frêle,
Nul prisme en surplomb des gorges verdâtres isolées
Ne se renversa ; nulle dentelle aux subtils remplages,
Nulles pendeloques dans les grottes ou les puits
Ne frémirent quand le navire sidéré sombra.

Ni les mouettes solitaires décrivant les nues
Des cercles autour d'un lointain pic aux flancs enneigés,
Ni plus proches les oiseaux qui rasaient les banquises
Et les grèves de cristal, ne ressentirent le moindre choc.
Nul frisson ne vint ébranler la gerbe
D'aiguilles de glace insignifiantes à sa base ;
Les tours sapées par les vagues - la masse
Penchée, menaçante - ne bougèrent pas de place.
Les phoques luisants, assoupis sur des corniches glissantes
Jamais ne glissèrent, quand sous de hautaines arêtes
Vaincu par l'inertie même,
L'impétueux navire, perplexe, sombra.

Dur Iceberg (me dis-je), si froid, si vaste,
Drapé d'humidités fatales ;
Tu exhales encore ton haleine froide et suintante -
Tu te dissous et dérives vers la mort ;
Bien que tu sois informe et pataud -
Un balourd pataud et traînassant,
Ceux qui te heurtent s'en repentent et sombrent,
Sans ébranler la limace visqueuse qui s'affale
Sur la mortelle impassibilité de tes parois.
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Je languis comme vous. Mais les radeaux disjoints
Qui luttent, se reformeront-ils ?
Nous étions liés, entrelacés, puis désunis,
Toujours menés vers de nouvelles étreintes,
Sargasses océanes à la dérive !
Mais si on ne dérive plus, violemment
Rejeté sur le rivage par la houle ?
Dans le jour déclinant, votre camaraderie
Fantomatique m'appartient encore.
Vous flottez autour de moi, forme et visage -
Tatouages, boucles d'oreilles, rouflaquettes bouclées ;
Barbares de la plus simple nature humaine,
Oui-da, tous présents et si chers pour moi,
Bien que vous soyez des ombres ou écumiez la mer de Chine.
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C'étaient des gens rassis, rassis par accoutumance à des épreuves monotones, ascétiques par nécessité autant que par prévention morale ; presque tous sincèrement religieux, quoique de façon étriquée.
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Herman Melville n'a jamais su que le roman qu'il avait écrit à l'âge de 31 ans deviendrait un jour l'un des livres les plus célèbres du monde. Il est mort dans la misère et son chef-d'oeuvre, « Moby Dick », n'est devenu un succès que près d'un demi-siècle après sa disparition.
« Moby Dick » d'Herman Melville, à lire dans sa nouvelle traduction chez Gallimard
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