Dans le paysage de l'auto-édition, il y a des têtes et des noms dont je ne pourrais jamais totalement dire tout le bien que je pense d'eux, en un seul article. Pas assez de temps, jamais assez de mots. Brian fait partie de ceux-là. Talentueux, doué et d'une sensibilité rare et très personnelle, difficile de parler d'auto-édition, sans parler de cet auteur-là.
Parce que l'on sait les lecteurs réfractaires à lire des nouvelles (allez savoir pourquoi), nous sommes beaucoup à “vendre” la nouvelle ou le recueil comme un bon moyen de découvrir un écrivain. Je suis moi-même assez frileuse à l'idée de débourser une vingtaine d'euros dans un livre dont l'auteur m'est inconnu, et qui a toutes les chances de me décevoir, autant qu'il peut être une révélation. La nouvelle et/ou le recueil ont l'avantage de proposer un format et un prix attractifs, qui devient (presque) un argument de vente chez les blogueurs (et j'en suis). En est-ce réellement un ? C'est possible. le problème est que le format et son prix ne changent en rien la qualité (bonne ou mauvaise) d'une publication et le talent de son auteur. D'ailleurs, le format nouvelle est un piège, car si on le croit plus facile ou accessible, et “peut-être mieux pour commencer et se faire un nom”, il n'en est rien. Nombreux sont les textes courts à se vautrer, à n'atteindre aucun objectif, à ne rien raconter, et nombreux sont les auteurs et/ou amateurs (ces derniers sont très nombreux sur le Web) à se regarder écrire avec ce format.
La nouvelle, chez
Brian Merrant, c'est un peu un art. Son art. Sa marque de fabrique, presque. C'est ainsi qu'on l'a connu, avec une publication qui mélangeait habilement les formats roman et nouvelle. Loin d'être uniquement bon dans le texte court, la nouvelle reste chez cet écrivain, une forme de spécialité. Parce qu'il sait faire, et que son écriture et sa sensibilité s'épanouissent pleinement dans ce format. D'ailleurs, l'on sent que l'auteur lui-même prend son pied dans ses productions, jusqu'à y laisser des plumes. C'est bien le plus important.
Mais si en plus le lecteur y trouve son compte, c'est encore mieux. Sauf que dire que je trouve mon compte, littérairement parlant, chez Brian, c'est prendre un raccourci un peu facile. C'est bien plus complexe que cela, trop réducteur aussi. Je n'irai pas jusqu'à dire que je ne suis pas objective le concernant – car je le reste et je sais que les sujets et thèmes abordés, les angles choisis et les genres exploités ne plairont pas à tous (ça n'existe pas, l'unanimité en littérature.) – mais qu'une alchimie existe entre les textes (tous ceux que j'ai lus) de Brian et moi, est une évidence.
Je suis très sensible à la sensibilité des autres, dotée d'empathie (trop diront certains.), et j'aime patauger dans la noirceur lumineuse des auteurs capables d'exprimer ce qui les chamboule, les touche, les font vivre et ressentir ; leur douleur, leur bonheur et leurs émotions.
Lire
Brian Merrant, c'est un peu lire des morceaux de vie. C'est s'adonner à un plaisir solitaire (oui, j'ose la tournure…) presque rituel, durant lequel l'esprit est apaisé, l'âme reposée. Un anxiolytique, si on veut. Un antidépresseur, même. Bref, vous voyez l'idée.
La rareté des publications de Brian fait qu'on les déguste en sachant qu'on n'en remangera pas tout de suite. C'est ainsi que j'apprécie les textes ; lorsqu'ils sortent parce qu'ils sont prêts et non pas parce qu'il le faut.
Nos solitudes heureuses est un condensé de tout ce que j'aime chez
Brian Merrant, c'est une représentation de ce dont est capable l'auteur, même si cela ne reste qu'un échantillon, et qu'il serait dommage de s'en contenter (lisez tout !). On y trouve beaucoup de sensibilité, de délicatesse et d'émotions, chères à l'auteur qui sait parfaitement comment les exploiter. À consommer sans modération.
Lien :
https://aufildelhistoire.com..