C'est à chaque fois le même émerveillement lorsque la forme courte et apparemment si anodine de Mafalda se développe et prend toute son ampleur caustique au cours de la lecture.
La famille, comme la société politique, se constitue en un vaste laboratoire d'expérimentation à échelle humaine. En ce sens, Mafalda n'a pas tort, lorsqu'elle explique à son petit frère Guille, en parlant de leurs parents :
« Mais, Guille, sois plus compréhensif, bon sang ! Pense que ces pauvres gens, avant de nous élever, n'ont élevé personne d'autres ! Nous sommes leurs cobayes, on n'y peut rien ! »
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Bien moins connue que nombre d'autres protagonistes de daily-stip Mafalda mérite d'être connue. Ce septième album est consacré à la famille et aussi surprenant que cela paraissent de nombreux gags sont consacrés à la cellule familiale. Malgré le format des aventures, le leitmotiv est respecté, le constat est rare et mérite d'être souligné.
La famille s'agrandit avec l'arrivée de Guille, le petit frère. Cela permet d'introduire un certain nombre de gags assez savoureux certains convenus (faisant intervenir les échecs, ou des plantes) ou d'autres bien plus complexes (trouvant notamment des inspirations freudiennes). L'humour, simple ou complexe, fait toujours mouche !
Bien que prépondérante, la cellule familiale n'est pas la seule qui est utilisée. Comme d'ordinaire, les tractations onusiennes, l'état du monde, les relations internationales donnent lieu à des échanges savoureux mi-figue mi-raisin mais toujours pertinents. La variété est également au rendez-vous. Outre les vacances, les échanges entre jeunes sont d'un très bon niveau.
Les dessins ne sont pas simplistes et assez bien travaillés, sans être trop complexes. Ils demeurent d'un très bon niveau pour ce type de bande dessinée. La couleur apporte un supplément d'âme fortement apprécié. le rythme des cartouches est varié et lutte efficacement contre la lassitude. Certains gags sont d'ailleurs liés entre eux, accordant davantage de poids à certains thèmes.
Il faudra toutefois faire preuve de patience et de pugnacité pour achever cette lecture. La densité des historiettes demande plus de temps qu'on ne pourrait le croire a priori. Voilà qui réserve cet album à un public adulte.
Ce septième tome n'a pris aucune ride depuis sa parution (la fin des années 1990). Les thèmes présentés demeurent d'actualité et le format est franchement moderne, peu imité : il n'y a donc aucune raison de bouder son plaisir !
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Elle est gentille Mafalda, du haut de ses 6 ans, elle sait faire passer quelques messages bien sentis en nous donnant le sourire. Mais c'est un sourire un peu amer, car quel pessimisme dans ces bandes toutes plus féroces les unes que les autres.
Ce tome, qui marque à peu près les deux tiers de la vie de Mafalda est un bon opus, à lire et à relire sans modération, car même si l'on peut dater certaines bandes de 1969 grâce aux références à la première mission lunaire, beaucoup des réflexions sur la marche du monde n'ont, hélas, pas pris une ride.
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Mafalda est mon personnage préféré de bande dessinée. Cette petite fille trop intelligente, trop politisée, trop sarcastique, trop révolutionnaire (et trop alarmiste!) pour son âge (et en général, car même les adultes n'ont pas sa culture et sa conscience sociale!) est tout simplement craquante et irrésistible. Toutefois, je crois qu'il faut un minimum d'ouverte et de culture générale pour apprécier l'oeuvre.
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- Maman?
- Quoi?
- Dieu est vraiment partout?
- Oui, bien sûr.
- Le pauvre!
Mon père, c’est tous les jours la même chose : « Bonjour – Au revoir » ! « Salut ! ouf ! Je suis mort ! Le dîner est prêt ! Enfin ! Au lit ! Ouf ! A demain ! ».
Et ma mère : « Ne salis pas le parquet ! Ne monte pas avec tes chaussures sur le fauteuil ! Attention à tes affaires ! Montre-moi tes oreilles ! »
Franchement, sans moi, je ne sais pas ce que je ferais.
[Mafalda à son petit frère Guille, en parlant de leurs parents] :
Mais, Guille, sois plus compréhensif, bon sang ! Pense que ces pauvres gens, avant de nous élever, n’ont élevé personne d’autres ! Nous sommes leurs cobayes, on n’y peut rien !
Oui, je sais ! Je sais que mes droits s’arrêtent là où commencent ceux des autres. Mais, c’est ma faute si les droits des autres commencent si loin ?
- Psit ! Mafalda, tire une carte et je te dirai ton avenir.
- Quelle bêtise, Susanita. Ça fait un moment que l’ONU a tiré la sienne et tu crois qu’elle sait où elle va ?