Un livre passionnant éclaire les doubles et triples fonds de l'oeuvre proustienne.
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Albert Cohen fut le premier à remarquer, dès 1923, les coïncidences entre la phrase proustienne et la phrase talmudique1. Deux ans plus tard, Denis Saurat, un universitaire directeur de l’Institut français de Londres, publiait Le Judaïsme de Proust, un article où il mettait notamment en jeu la présence du Talmud et de la Cabale dans la Recherche : « Qui ne voit que le style de Proust a été inventé, vers l’ère chrétienne, par les Juifs de Babylone et de Jérusalem, pour commenter les livres sacrés ? » Saurat ne suggérait pas pour autant que Proust adhérait à la religion juive, mais qu’il s’intéressait de près à la littérature juive, notamment à la théorie de l’inversion sexuelle des âmes développée dans le Zohar, l’un des principaux ouvrages de la Cabale. « La littérature rabbinique est la seule qui ait abordé de front ces sujets de changement de sexe », remarquait Saurat2. Il formulait une hypothèse qui ne se vérifia qu’en 1976, quand la maison Gallimard publia les carnets de Proust. Durant longtemps, personne ne sut qu’il avait laissé un commentaire du Zohar dans l’un des carnets où il esquissait la Recherche ; personne sauf Robert Proust, qui possédait encore la bibliothèque de son frère, avec un exemplaire de la Kabbala denudata. Mais il ne tenait pas, non plus, à le faire savoir.