L'héroïne du roman a dix-neuf ans lorsqu'elle rencontre, sur le pont des Arts, à Paris, un américain qui va devenir un écrivain reconnu et elle va vivre une histoire d'amour avec lui qui va la hanter et sur laquelle elle revient vingt ans plus tard. on a donc deux récits qui alternent.
Ce roman m'a donné l'impression de circuler dans un hôpital psychiatrique où les noms de fleurs, ou de psychiatres célèbres, attribués aux pavillons auraient été remplacés par des noms de villes. On explore les rues comme les couloirs des pavillons parcourant des chambres qui n'ont rien de personnalisé.
La vie est comme un théâtre où se déroulent les représentations ? mais, au final, est-on acteur ou comédien ?
L'auteure alterne présent et passé, le « je » et le « elle », elle est actrice puis pianiste de bar. Comme si elle était double. Au début, elle décide de se mettre au piano jusqu'à ce qu'il revienne, mettant sa propre vie entre parenthèses. Ensuite, on ne sait pas pourquoi elle change de carrière.
On explore la folie de l'intérieur, avec les psychoses des hommes qu'elle a pu rencontrer dont son grand amour, mais qu'en est-il de son propre psychisme ?
Perdre l'être qu'on a aimé peut-il rendre fou, si on se sent responsable ? Toujours est-il que notre héroïne se perd en route, s'égare et on se perd avec elle. Est-elle une ou duelle ? d'ailleurs on retrouve presque la même phrase:
« le son de mes pas claque sur le bitume, accompagné d'un faible écho, cela me donne l'étrange sensation de m'être dédoublée ». P 76 Répété d'une manière un peu différente P 113
Ce livre a failli me tomber des mains plusieurs fois et je me suis accrochée car il est plein de poésie (matière de prédilection de l'auteure qui est aussi chanteuse…). Au moment où j'ai eu envie de le lâcher, une phrase arrivait, qui m'accrochait à nouveau et je continuais ma lecture.
Une sensation très étrange, d'être happée par l'écriture et pas du tout, ou peu, par l'histoire elle-même, ou une modification du cours de la pensée qui ouvre un autre sentier qui attire, sans chercher à comprendre si on est dans le réel ou dans le délire, l'hallucination.
« Il est parfois difficile, voire impossible de se trouver face à face avec le réel, tant celui-ci peut avoir un visage effrayant. » P 91
Petite parenthèse: Marie Modiano glisse dans son texte quelques poèmes que j'ai bien aimés…
Donc, avis très mitigé, je suis incapable de dire si j'ai aimé ou pas, ce sont la poésie envoûtante de l'écriture et l'univers étrange de l'auteure qui m'ont permis de le terminer.
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Beaucoup de brouillard, beaucoup de souvenirs vagues très vagues, beaucoup de déambulations solitaires à travers des villes décrites comme lugubres et désertées j'aurais préféré que la narratrice parte à Marseille ou en Italie pour trouver un peu de soleil et ainsi égayer un peu la lecture de ses aventures. Ceci dit, j'ai quand même aimé le récit de la tournée théâtrale de la troupe dont la narratrice faisait partie. Poétique par moment répétitif par d'autre, avis mitigé.
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J'ai trouvé dans ce roman écrit dans un français châtié et fluide, un récit original : une jeune femme évoque des souvenirs de sa jeunesse quand elle avait vingt ans. le sort des personnages tient le lecteur en haleine ; le roman nous plonge dans le milieu artistique et nous présente des personnages dont l'existence troublée donne l'envers du décor de la vie des acteurs et des écrivains.
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Une autobiographie hachée sous forme de récits dans différentes villes d'Europe en suivant une tournée de théâtre où elle joue.
Certains passages sont répétitifs, en particulier son errance dans les villes. En surimpression, le récit d'un grand amour donne de la chair au personnage.
C'est en demi-teinte, parfois passionnant, parfois ennuyeux !
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Marie Modiano évoque un amour de jeunesse joyeux devenu douloureux. Un beau récit troublant, tissé de souvenirs rêvés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle planifia de jouer du piano, elle avait remarqué que le temps ne semblait pas si long quand on le revêtait d’une mélodie.
C’était donc décidé, elle l’attendrait en jouant de la musique, et cette idée la soulagea de quelque chose qu’elle ne pouvait exprimer, ni même discerner dans ses pensées. Elle se sentit soudain plus légère sans comprendre pourquoi. P 14
J’ai déjà clairement conscience que certains moments de la vie ont pour unique fonction de se muer presque instantanément en souvenirs. Tenter de les prolonger leur ferait perdre leur valeur. P 50
Tout n’aurait-il pas été plus simple si elle avait juste pu créer de nouveaux souvenirs, sans être obligée de déterrer inlassablement les anciens ? Ceux-là avaient tous une couleur délavée à force d’avoir servi. P 39
Sourire au matin
A midi
A l'après-midi
A l'oubli
A la lune
Sourire à la nuit
A l'insomnie
Sourire à l'absence.
La comédienne se ronge les sangs en permanence, ses larmes se mêlent à l’épais fond de teint qu’elle porte chaque soir comme maquillage de scène. L’actrice, elle, a l’air de « ne pas y toucher », elle exerce ce métier mais clame haut et fort, avec un certain accent de sincérité, qu’elle aurait préféré la simplicité d’une autre vie, à la campagne ou dans une petite ville de province. Elle se serait bien vue fleuriste ou archéologue. Elle aime se faire passer pour peu sûre d’elle et modeste, ses yeux de myope sont souvent humides.
Grande création pour cette ouverture du festival ! Ce soir chez nos amis du Théâtre de Caen.
Billetterie : https://theatre-caen.notre-billetterie.fr/billets
Peter von Poehl, Marie Modiano, Martin Hederos et l'Orchestre Régional de Normandie s'allient pour une oeuvre originale.
Plus d'infos : https://www.lesboreales.com/artistes/once-upon-a-time-in-paris-stockholm/
Merci à Jonathan Perrut pour les images !