Contes pour petites filles libertines

--- ABANDON AU TIERS - Très dérangeant, glauque, pervers.

Dans son roman pour grands ados 'Nickel Blues', l'auteur n'a pas peur de donner dans le trash, le violent, mais ça reste plein d'humour. Un humour noir qui peut choquer, cela dit. Mais j'attaquais ces "Contes" confiante, puisque ce style m'amusait, moi... AVANT.

Pour une fois, le titre racoleur est bien plus "gentil" que le contenu.

Dans chaque nouvelle du présent recueil : une "fillette" (terme explicite qui désigne bien une enfant) mais aussi un "monsieur" - formulation qui laisse imaginer un vieil homme, ce qui ajoute encore à la perversité ? Inutile de préciser que la péd*ph!l!e dégouline de partout...

Il s'agit bien de contes, oui : registre onirico-fantastique, allusions à des grands classiques tels que Blanche-Neige, Alice, Cendrillon... et surtout thématiques propres à ce genre de littérature. Mêmes métaphores à connotation sexuelle mais sans la subtilité de la symbolique, ici. Fleurs piquantes, sang (sur les jambes), petits animaux velus, poupées, chapeaux, vitres/vitrines, miroirs. Tout est décrit crûment (attouchements, anatomie, fluides corporels), sans ambiguïté aucune, le lecteur ne peut pas feindre de ne pas comprendre.

Ces contes sont de plus rédigés dans un style simple, emprunté aux histoires pour enfants, ce qui accroît le malaise : la frontière n'en est que plus floue entre univers juvénile et sexualité adulte.

Malsain, à vomir. Il se trouve que c'est publié. Pour qui, pour quoi, pourquoi ? Liberté d'expression...

1er article du FRRAT de ce lundi 13 juillet jusqu'au 19 juillet, on va parler de Contes pour peites filles libertines que j'ai obtenu au dernier salon du livre de Paris et qui m'a été dédicacé par Nadine Monfils.
Il y a 21 nouvelles.

- le cerf-volant de l'homme au chapeau boule : Alors là le ton est donné tout de suite, on est dans l'imaginaire le plus total allant de pair avec la dépravation et la jouissance.
Rapidement, une fille accroché à un cerf-volant va finir par descendre, et tomber sur une reine qui lui fera vivre maintes et maintes choses jusqu'à ce que ...
J'entre avec bonheur dans l'imagination débridée, l'écriture et les histoires de Nadine Monfils, c'est très spécial, à ne pas mettre entre toutes les mains mais j'aime beaucoup, donc un bon début pour ce recueil.

- le cimetière des poupées : Une histoire de poupées vengeresses et sadiques. J'ai adoré cette nouvelle où on se tourne parfois vers l'horreur.

- Lettre à ne pas mettre entre toutes les pattes : Un homme a acheté une fille au marché des escalaves, il va lui apprendre à rentrer dans les tableaux. Un jour elle lui écrit une très belle lettre. Nouvelle + tout public mais j'ai préféré les 2 premières. après ce n'est pas mauvais du tout hein, toujours aussi bizarre , plus poétique peut-être.

- le fil d'Ariane : Ici nous sommes bien loin de la mythologie. Une fillette/araignée rencontre un monsieur qui après l'emmènera chez sa soeur.
Cette nouvelle est remarquable, En quasiment 9 pages on va de jeu de mot en jeu de mot autour de l'araignée, franchment c'est impressionnant : une pure réussite !

- La petite fille qui ne disait jamais rien : Un homme cherche de la compagnie dans le train et se retrouve dans un compartement avec une petite fille, mais elle ne réagit jamais à ses gestes ou à ses paroles. le twist est très bon.

- Les yeux verts : Une fillette trouve un vieux médaillon sur une plage avec un ephoto à l'intérieur. Sa mère l'emmène à une soirée et ...
Toujours fantasmagorique j'aime toujours autant.

- Cendrillon 2011 : Version moderne du célèbre conte, il faut une moto pour accéder au bal et le prince charmant est un chômeur. C'est sympa.

- L'écorchure : vraiment pas très gaie celle-ci... Une petite fille fait du stop et est recueill par un individu étrange.
Cette nouvelle fait froid dans le dos, je vous jure. Vraiment efficace.

- Un grand-père en solde : de plus en plus étranges ces nouvelles...
Une petite fille utilise son argent de poche pour se payer un grand-père en solde, ses amies l'envient.
Que dire sur cette nouvelle ?? on est dans un pur délire ! En tout cas c'est rare qu'on fasse l'éloge des personnes âgées et rien que pour ça c'est super.

- le chaâteau de sable : Une fillette dans un train, qui se retrouve sur une plage, puis dans un autre monde/royaume. Encore une fois on voit l'imagination débordante de l'auteur pour notre plus grand plaisir, après comme pour cette nouvelle, il ne faut pas tout le temps essayer de comprendre la fin car c'est souvent très abstrait.

- le ruban de velours roses : une odyssée extrêmement courte où une petite fille rencontre tour à tour un oiseau, un chat, et enfin un homme.

Je trouve que c'est un peu trop court malheureusement mais j'aime bien tout de même

- La couseuse de colombes : Une fille dans un temple, des fleurs qui s'ouvrent, des êtres qui naissent, c'est très difficile de vous raconter cette histoire. Si c'est toujours de qualité, elle ne fait pas partie de mes préférées.

- La cage aux marionettes : une sorte de barbe bleue, une histoire complètement folle. j'adore, tout simplement.

-La clef : Une petite fille se lasse d'année en année de ses cadeaux d'anniversaire, pour le présent elle reçoit une poupée lui ressemblant...
Je n'ai encore jamais vu Chucky mais je ne sais pas pourquoi cela m'y fait penser.

- Une petite fille bien sage : Un monsieur s'asseoit à côté d'une petite fille sur un banc et essaie d'attirer son attention, enfin d'espérer une réaction avec ses histoires non anodines.
Encore une fois j'adore , la chute est brutale.

- le monsieur qui attendait : ça fait vraiment film d'horreur. Un monsieur va manger dans un restaurant en compagnie d'une fillette et tout en guettant la rue des souvenirs lui reviennent, il connaît la femme qui habite en face...
Formidable.

- le noyau de pêche : Une ville morte, de la magie, un monsieur, une petite fille.
Toujours très poétique j'adhère à 1000%

- L'oiseau aux chaussures rouges : Un amour déçu chez un monsieur et une petite fille qui finissent par se rapprocher.
C'est bien, mais sans plus, simplement dans le sens où c'est la plus classique des histoires les autres étant quasiment toujours "délirantes".

- La passion magique : une histoire de femme avec des rats en même pas 2 pages, c'est sûrement l'histoire la plus bizarre finalement. Je ne sais pas trop quoi dire de plus sur celle-là.

- La nouvelle : une belle métaphore sur l'écriture. Très intéressant.

- le thé à l'orange : Un homme est intrigué par une minuscule petite fille chez un monsieur, et va lui demander l'accord de la voir, de rester avec elle un moment.
Cette dernière nouvelle se finit tristement. Elle conclut avec merveille ce fabuleux recueil !


Si pour moi "lettre à ne pas mettre entre toutes les pattes, Cendrillon 2011 et la couseuse de colombe" ne m'ont pas séduit autant que les autres, dans la globalité on a un recueil incroyable, nous emmenant vers des fantasmes que l'on aurait jamais pu imaginer tellement les situations que Nadine Monfils décrit sont incongrues, on a envie d'être avec certaines de ces filles, de rester loin des autres, de les aimer, de les détester, de s'interroger à leurs propos. Si vous avez un jour l'occasion de vous le procurer ne passez pas à côté !

Nadine Monfils, spécialisée dans le polar souvent humoristique, s'est également plusieurs fois essayée à l'érotisme, par exemple avec LE BAL DU DIABLE ou LES SOULIERS DE SATAN.
On lui doit également, sous pseudo, plusieurs aventures de Blade, le héros de science-fantasy sexy publié chez Gérard de Villiers. CONTES POUR PETITES FILLES LIBERTINES date de ses débuts. L'autrice revisite ici les thèmes classiques de l'érotisme, souvent agrémenté de fantastique, voire d'horreur. Les récits sont étranges, délirants, imaginatifs et surréalistes. Avec des emprunts aux contes de fées et un côté décalé, parfois malaisant, qui joue, bien sûr, sur les fantasmes pédophiles en détaillant les rencontres entre des « pervers pépères » et de très jeunes « lolitas ». Parfois, Monfils revisite les contes de fées traditionnels de manière décalée (« Cendrillon 2011 »), parfois elle part dans un peu délire sans queue (enfin on se comprend) ni tête. C'est quelque fois efficace, d'autre fois fatiguant car trop relâché et, surtout, le tout manque franchement de structure. CONTES POUR PETITES FILLES CRIMINELLES démontrait les mêmes qualités et, surtout, défauts. Bref, ça tourne un peu en rond et il vaut mieux picorer dans quelques récits plus intéressants que de lire toutes les nouvelles, surtout d'une traite, sous peine de risquer l'indigestion.
« Un grand père en solde », « la couseuse de colombes », « la passion magique »,….autant d'histoires bizarres réservées aux amateurs de ce genre d'étrangetés littéraires. Ici, le surréalisme domine et voisine avec le sadisme et l'érotisme, le tout dans une certaine idée de la « belgitude ». Monfils s'inspire autant de Jean Ray que du Marquis de Sade. Il doit y avoir un public mais on peut aussi y rester hermétique.
Ceux qui attendent un recueil de récits érotiques « classiques » resteront sans doute sur leur faim avec ces nouvelles plus déconcertantes qu'excitantes. C'est bien écrit, intriguant, suffisamment court pour ne pas lasser (certains textes ne font que deux pages) mais, dans l'ensemble, il est difficile de se passionner pour ces histoires abracadabrantes. Un défaut (que certains peuvent qualifier de qualité, tous les goûts sont permis) que l'on retrouve dans LE BAL DU DIABLE conçu sur un principe similaire. Il vaut donc mieux savoir à quoi s'attendre lorsqu'on ouvre ce livre qui, comme on dit, ne s'adresse pas à tout le monde.

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