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EAN : 9782919285051
Antidata (05/10/2012)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Bien qu’engagés comme tout un chacun dans l’existence laborieuse et familiale la plus banale, les personnages ô combien attachants de ces huit nouvelles s’accrochent tous à leurs lubies, non pour fuir ce monde, mais peut-être pour y maintenir le minimum d’enchantement sans lequel il n’est plus supportable. A la fois combatifs et rêveurs, inquiets et légers, ils quittent un temps la route commune, en quête d’une autre vie, de petites extases ou de grands sentiments.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Huit nouvelles, autant de fragments de vie de ces personnages, engagés (comme tout un chacun) dans l'existence laborieuse et familiale la plus banale.

Il y a cet employé passionné de faits divers qui rêve d'écrire, cet industriel qui s'est hissé au sommet à la force du poignet, cette ouvrière idéaliste qui va se faire licencier, ou cet homme qui ne rêve que du meilleur carburant pour sa R5. Tous pleins de lubies, les personnages s'y accrochent comme ils peuvent ; pas tellement pour fuir ce monde, mais plutôt pour conserver le minimum d'enchantement nécessaire pour le rendre supportable, ce que tout un chacun peut comprendre. Combatifs, rêveurs, inquiets, légers, enthousiastes, ils s'éloignent un temps de la route qui leur est tracée en quête d'une autre vie, de petits extras enivrants, ou de grands sentiments.

Au travers de ces huit nouvelles, Stéphane Monnot fait montre d'un talent protéiforme : à l'aise aussi bien dans l'humour, dans le suspense, dans la science-fiction ou dans l'horreur, l'auteur fait voyager le lecteur dans des univers très différents, alors même qu'ils ont la même base – des protagonistes embourbés dans leur vie. Fait assez rare pour être signalé, les huit nouvelles du recueil sont de la même qualité, et ce quel que soit l'univers littéraire abordé. Stéphane Monnot dévide ses histoires d'un style d'une grande fluidité, précis, et avec une concision extrême : pas de longueurs, pas de redites, on va droit au but et les nouvelles sont très efficaces, souvent drôles, parfois désabusées, mais toujours bien tournées. On est transporté, on tremble, on attend, on est embarqués aux côtés des personnages. « Patchwork facial » vous fera voir la mode d'un autre oeil : le récit fait froid dans le dos, et l'auteur mêle avec une grande habileté thriller, science-fiction, et portrait de société. « Méandres », de son côté, est une véritable descente aux enfers et croque les personnages avec autant de réalisme que de cynisme. « Un ange passe » nous emmène sur les traces d'un jogger halluciné aux courses proprement hallucinantes, mais doublées d'une profonde réflexion philosophique présentée avec grand art. L'auteur signe un très beau texte sur le monde de l'usine dans « Pauline Love Polly Jean », avec un bel hommage au rock, tout en faisant un subtil écho à « Un ange passe ». Noche Triste, c'est aussi tout un jeu d'inter-références entre les textes : tel détail est rappelé, déjà cité ici ou là, et cela construit un univers global très dense ; les textes ne sont pas gratuits, ils appartiennent à un tout plus cohérent.

Certaines nouvelles, bien sûr, remporteront votre préférence : peut-être « Noche triste », nouvelle-titre qui ouvre le recueil, et qui donnerait envie aux lecteurs allergiques au football de se précipiter sur les billets du prochain match dans l'ambiance électrique y est bien retranscrite ! Ou peut-être « Petit périple au Mexique », dont le récit proprement savoureux clôt avec brio le recueil –et qu'il faut absolument lire en dernier.

Avec Noche Triste, Stéphane Monnot signe un très beau recueil de nouvelles : concises, précises, efficaces, les nouvelles portent et transportent un lecteur enthousiasmé. Plein d'humour (souvent noir), d'ironie, et traçant d'un style fluide les portraits de personnages parfois un peu désabusés, Noche Triste est un recueil très émouvant et enthousiasmant. On est souvent touchés par ces personnages très humains et remarquablement campés par la plume de l'auteur. Les ambiances sont soignées, le style maîtrisé, les récits dynamiques et d'une grande efficacité : en somme, Noche Triste est un vrai petit bijou, et il serait dommage de s'en priver plus longtemps.
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Huit nouvelles, toujours étonnantes, à savourer en souriant et davantage.

Le tout nouveau recueil de nouvelles aux éditions Antidata, qui paraît en ce mois de septembre 2012, a été confié à Stéphane Monnot, dont j'avais déjà bien apprécié la "Tegucigalpa (une obsession américaine)" dans l'anthologie "Temps additionnel" (autour du football) chez le même éditeur au printemps dernier.

Ici, Stéphane Monnot nous entraîne avec aisance un cran plus loin, dans une ambiance étonnante, parfois légèrement (ou même plus) hallucinée, nourrie aussi aux endorphines sportives. La nouvelle-titre, "Noche triste", conduit ainsi à revivre avec fièvre un soir de juin 1982 à Séville, incluant le terrible choc entre Schumacher et Battiston et l'homérique séance de penalties, en un vibrant hommage gonzo à Hunter S. Thompson (ici curieusement orthographié Thomson, sans doute sous l'effet des champignons mexicains abondamment prodigués au cours du jeu). "Petit périple au Mexique" décrit un savoureux hijacking de camion-citerne, motivé par la disparition inique de l'essence au plomb, et dédiée avec fougue au Georges Arnaud du "Salaire de la peur". "Méandres" construit avec machiavélisme une sombre, trop sombre, machination amoureuse, entre utilisation habile de la beaufferie machiste et celle des clubs de gym... "L'âme du fond" propose un traitement incisif et original des personnalités multiples.

Mes préférées : "Patchwork facial", à faire froid dans le dos, qui, sous couvert du tragique enlèvement d'un industriel, devrait vous conduire à ne plus jamais considérer le textile et la mode tout à fait du même oeil, "Un ange passe", qui installe avec une ferveur déjantée le curieux héroïsme des rêveries d'un jogger solitaire, et enfin, "Pauline Loves Polly Jean" qui, à la fois, fait comme un bel écho à "Un ange passe", et peut se lire comme l'un des plus beaux textes que je connaisse sur l'usine, sur les occasions manquées peut-être rattrapables et sur le rock (un magnifique saisissement que Nick Hornby, que j'apprécie beaucoup, mettrait sans doute 200 pages à mettre en scène, là où Stéphane Monnot obtient son effet en 15 feuilles denses).

Un magnifique recueil, donc, dont on aurait grand tort de se priver plus longtemps.

"Quelques semaines étaient passées depuis que j'avais croisé le petit vieux et l'aveugle. Je courais toujours une à deux fois par semaine sur le même parcours. Mon moral était bon. Je ne me prenais plus, ni pour Prométhée, ni pour Ulysse. Mes courses n'étaient plus troublées que par quelques connards de cerbères hurlant derrière des grillages sous le regard attendri bien qu'anxieux de leurs maîtres paranoïaques. Tout était normal. Mes semaines se partageaient entre ma femme, mes deux filles, mon boulot et ma passion compulsive pour les faits divers." (in "Un ange passe")
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Même si le nom de Schumacher n'évoque pour vous que le film « La règle du jeu », même si vous êtes, comme moi, au mieux totalement indifférents au ballon rond, vous aimerez la nouvelle éponyme de ce recueil, dont le cadre est le match France-Allemagne, demi-finale de la coupe du monde de football jouée à Séville en 1982. Stéphane (Estéban), normalement journaliste rock, est envoyé à Séville pour couvrir le match, son rédac' chef rêvant d'un reportage à la Hunter Thompson. Comme le match, l'histoire est inattendue, un peu déjantée aux champignons hallucinogènes, entre euphorie et pugilat.

Autres coups de coeur de ce recueil de huit nouvelles sans déception, « l'âme du fond (western anatomique) », ou la lutte armée d'un foie sain pour prendre le contrôle du corps d'alcoolique dans lequel il a été greffé, « Petit périple au Mexique », le coup d'éclat d'un retraité pour voler et enterrer un camion-citerne plein avant la disparition de l'essence sans plomb.

Et il y a évidemment « Pauline loves Polly Jean », très belle nouvelle sur les rendez-vous ratés en rock'n roll et en amour et sur les retrouvailles, avec pour cadre une fête d'adieu dans la cour de l'usine d'engrenage Moulax en Seine Maritime dont la fermeture est imminente, et pour bande son le rock'n roll des bals de province avec Mick Jogger et les Running Stones.

Et tout le reste est très bon aussi …

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A la base, je ne suis pas friande des nouvelles : je préfère les longs pavés, de 600 pages minimum si possible. Mais quelques auteurs talentueux, parfois, me font changer d'avis. C'est le cas de Stéphane Monnot, auteur du recueil Noche triste, étonnant et savoureux.

Nombreux sont les recueils de nouvelles qui présentent des textes de qualité aléatoire, inégale : mais dans Noche Triste, les huit nouvelles se valent toutes, même si bien sûr, on a finalement le coup de coeur pour l'une d'elle. « Un ange passe » est ainsi la nouvelle que j'ai dévoré avec le plus de plaisir : elle met en scène un jogger qui fait une mauvaise rencontre. Mais également bien plus. Il serait difficile de la résumer davantage sans déflorer l'intrigue. Stéphane Monnot donne à sa nouvelle plusieurs dimensions, et une profondeur assez rare pour une nouvelle. Et que dire de « Petit périple au Mexique », le récit d'une amitié improbable, d'un fait divers fou, que le lecteur peut explorer de l'intérieur, ultime nouvelle du recueil, qui clôt ce livre en apothéose ! Ou encore de « Patchwork facial », dont la chute bien tournée nous donne envie de nous écrier « bien joué ! » tant elle nous ravit, et nous étonne.

On a beaucoup d'affection pour les personnages de ces nouvelles : certains nous touchent plus que d'autres, mais tous ont une humanité indéniable, une réalité tangible, malgré l'aspect fantastique que prend parfois l'histoire. le retraité de « Petit périple au Mexique », on a presque envie de se retrousser les manches et de lui filer un coup de main. Quand au match mythique décrit dans la nouvelle qui a donné son nom au recueil, « Noche triste », on aurait bien aimé y assister avec Stéphane et Serge, tant Stéphane Monnot parvient à rendre en quelques lignes l'atmosphère exaltante de cette rencontre sportive.

L'atout majeur du recueil, hors les intrigues toutes très bien menées, c'est probablement le style très plaisant et maîtrisé de Stéphane Monnot : une économie de mots, on va droit à l'essentiel, pour une efficacité et un dynamisme indéniables. Lisez Noche triste, glissez-le dans votre sac, ce recueil sera un compagnon des plus agréables dans les transports en commun, le format des nouvelles s'y prêtant tout particulièrement.
Lien : http://enlivrons-nous.com/20..
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Le meilleur -- avec le trésor de la guerre d'Espagne de Serge Pey -- recueil de nouvelles que j'aie lu en 2012. A la fois très personnel, d'une ironie noire mais ni désespérée ni cynique et avec un gros amour des personnages. Il faudra suivre Stéphane Monnot.
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critiques presse (1)
Actualitte
20 août 2013
Un ensemble de textes plutôt homogène et agréable, assurément prometteur. Le coureur à pied pourrait bien devenir écrivain.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je déteste Hunter d’être aussi bon tout en donnant cette apparence de facilité et de désinvolture. Une leçon. J’ai eu exactement le même sentiment en voyant les images d’Hendrix à Monterrey. Quand tu sais un peu comment fonctionne une guitare et que tu le vois, trois couches de fringues sur le dos alors qu’il fait sûrement 40, faire cracher sa stratocaster noire avec autant d’aisance que ma cousine Delphine te remet en place et en 1min30 les six faces du Rubik’s cube… et bien tu te poses des questions sur ta capacité à bosser correctement. (Noche triste)
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