Milliame vendetta

Lecteur, s'il te reste une once d'espoir, passe ton chemin. Milliame est la ville de tous les vices, et les êtres qui vivent là ont perdu l'humanité qui devrait les caractériser.

Tout est sale, glauque, violent, poisseux. Rien ne laisse présager une éclaircie. Et il n'y en aura pas.
Valéria fils est un ex-flic toxico qui vient de perdre sa femme dans une violente agression. Valeria père est un ex-flic violent, qui cogne sur tout ce qui bouge (y compris son fils) et qui perd la mémoire.
Caruso est un ex-flic tombé à cause d'un braquage et qui sort de prison après 15 ans à ruminer sa vendetta.
Dans cette Bordeaux dystopique, il y a peu d'alternatives. Les hommes sont flics, dealers, macs, taulards (voire tout ça à la fois) et les femmes, des putes ou des droguées (mais là encore ça va de paire). Et ceux qui échappent à cette fatalité regardent ce microcosme avec beaucoup de cynisme du haut des beaux quartiers. Ce qui semble être des beaux quartiers dans cette ville qui a quelque chose de l'enfer.

C'est hyper violent. Si je peux tout lire, je serai bien incapable de voir une adaptation de ce texte sur grand écran (enfin, sur petit écran non plus...). Mention spéciale pour le rat tué à coup de dents (avis aux phobiques, c'est dégueulasse, je ne m'en remets pas.) Les rapports aux autres, du simple échange dans un bar aux interrogatoires, tout est violent. Il est courant de lire d'un roman "c'est un uppercut". Ici, je me permettrai de dire que c'est une série de claques dans la gueule. Ça fait mal tout le temps et ça ne laisse pas vraiment la possibilité de reprendre son souffle.

Je ressors donc sonnée de cette lecture. Il y a un style, sec, vif, c'est indéniable. Difficile de décrocher des personnages et l'intrigue est digne des meilleurs romans noirs. Il y a un côté serie B, très réussi. Et c'est peut-être là que je mettrais un bémol. L'hommage marqué peut glisser par moment dans le cliché. Ce qui m'a le plus gêné, c'est l'absence d'un personnage féminin marquant. Les femmes passent dans le livres. Elles passent surtout au second plan. C'est un monde d'hommes. Et il ne fait pas bon vivre y vivre quand on est une femme.

Bernard Munoz imagine une série de roman autour de Milliame. Il a déjà brossé dans ce premier opus des portraits prometteurs. J'ai bon espoir qu'un personnage féminin émerge et prenne toute sa place. le noir n'est pas l'apanage des hommes. La preuve, j'ai accepté de me plonger dans les profondeurs de Milliame. Et j'y retournerai. Même pas peur.

Sorti directement en format semi-poche chez Equinox, ce court roman de Bernard Munoz n'en est pas moins un concentré de noirceur.
Cette histoire, c'est exactement la boule à neige de la couverture.
Milliame est une ville que l'on devine française mais qui n'existe pas. Autant cette cité que l'espace-temps dans lequel elle évolue n'ont de réalité.
On sait qu'il y a eu une guerre, sans qu'on parvienne pour autant à se situer. Présent parallèle au nôtre, futur plus ou moins proche, ou encore ni l'un ni l'autre, impossible à déterminer, l'auteur ne laissant, volontairement, aucun indice tangible.
Mais, comme lorsqu'on secoue la boule à neige, des paillettes ou des flocons volent en tous sens, lorsque vous secouez un peu Milliame vous voyez s'envoler les espoirs, la justice, le bonheur, les jours heureux, la lumière, le soleil et la chaleur.
Il ne reste que des dealeurs, des prostituées, des junkies, des flics plus mauvais encore que n'importe quel gang ou mafia, des ex-flics sortant de prison, des fils qui détestent leurs pères, des hommes qui voient des fantômes et refusent de connaitre la vérité.
Alors retombent en flocons la haine, la vengeance, la violence et la mort.
Milliame, c'est un territoire bien trop petit pour deux hommes.
Valeria, ex-flic, qui traine comme un fardeau un père sénile qu'il déteste, lui aussi ancien flic. Comme si cela ne suffisait pas, il voit et parle à sa femme, sauvagement assassinée quelques mois auparavant, dans leur appartement. Sous le choc, Valeria a tout oublié de ce soir-là et s'assure que son amnésie avec des prises de Roxe, la drogue qui circule dans Milliame.
Caruso est un ancien flic. Il sort de prison après dix ans d'enfermement pour un braquage. Il sort avec la ferme intention de mener sa vendetta contre ses anciens complices qui l'ont laissé croupir en prison, le privant de voir grandir sa petite fille.
Les coups pleuvent, les armes crachent, les hommes pleurent. C'est un roman en rouge et noir rythmé par une écriture énergique faite de phrases courtes et percutantes. Les personnages sont tous très noirs à dominante masculine. Les femmes de cette histoire sont soit mortes, soit perdues, les hommes sont tous des salauds. Tout est très sombre sous ce dôme et l'atmosphère est pesante, son caractère oppressant renforcé par le sentiment qu'il n'y a plus rien d'autre au-delà des limites de la ville, que tout a sombré.
On est loin du roman « feel good » mais ce n'est pas ce que je recherche pour le moment et ce court texte contient tout ce qu'il faut pour en faire un excellent roman noir. Rien à jeter, rien à ajouter. Parfait, surtout pour un premier roman.

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Comme la ville de Gotham, celle de Batman, Milliame est une ville sombre, divisée en quartiers où vivent la pègre, des policiers véreux, une milice qui tente de mettre de l'ordre mais aussi le gotha et, il y a ce policier qu'on suit Valéria, prénom Bernard, ex-flic, devenu agent de sécurité, shooté à la roxe, une drogue en cachet. Valéria tente de survivre et de comprendre pourquoi sa femme Tess est morte. Perdu, il est également forcé de s'occuper de son père, un flic ripoux, victime d'un AVC et qui perd la mémoire. Un salaud fini. Il y a aussi Frank Caruso, un ex-flic qui sort de taule pour braquage. Il a soif de vengeance car il s'est fait serrer à la place des autres sans toucher la part du magot. Avec son frère adoptif Victor, ils veulent remonter à celui qui l'a dénoncé : la Vendetta. Les destins des personnages vont finir par se croiser.
"J'ai démissionné de la police après ça... J'avais fait mon temps. Vous savez ce qu'est un cauchemar ? Une réalité que je ne cherche pas à fuir, car elle sera toujours moins douloureuse que la blessure à vif d'un souvenir effacé..."
C'est un livre sombre d'hommes déchus et il n'y a pas un personnage clean où seule la violence fait loi. Quant aux personnages féminins, elles sont prostituées, serveuses, droguées ou mortes. Comme dans Gotham, il m'a manqué un vrai héros ou une vraie héroïne ?
Je me suis un peu perdue dans les quartiers (malgré le plan de la ville donné au début du livre), il y a aussi une ville souterraine où tout est permis. Donc un livre noir, à la très belle couverture noire, à la mesure de cette ambiance glauque, de ces vies de cauchemars. Je n'ai pas trop aimé cette histoire, c'est un univers un peu grossier, sanglant auquel je n'accroche pas, même si le livre se lit bien et vite. Et certaines références font écho : "Valéria regarde machinalement les livres qu'il a apportés à son père : le Dahlia noir de James Ellroy, Les Phalanges de l'Ordre noir de Pierre Christin et Enki Bilal. Des auteurs bercés par la noirceur de leur passé." Bienvenu à Milliame city !
Merci à la masse critique Babelio de me faire découvrir des livres vers lesquels je ne serais pas forcément allée.

Lu dans la journée. Style fluide, incisif, précis; ça "déménage".
Une ville imaginaire -qu'on pourrait croire en France, ou ailleurs; au choix- avec ses quartiers, ceux pour riches et ceux pour ...les autres. Ses voyous et ses flics corrompus.
Deux histoires paralèlles mais liées, et l'on devine assez vite ce qui risque de se passer, -au sens large-, mais l'auteur a su le distiller parfaitement et maintenir le suspense tout au long des 300 pages.
C'est noir, côté ambiance, c'est noir côté des âmes de tous les protagonistes, c'est noir côté de leurs vies respectives. Pas un qui n'ait pas connu de traumatisme.
Mais encore une fois, Bernard Munoz a su garder et faire durer intrigue et mystère tout au long de ses chapitres.Petite caractéristique: chacune des parties est annoncée par un titre en anglais. Original.
Une maison d'édition que je ne connaissais pas, un auteur que je ne connaissais pas. J'attends son prochain. Un livre et un auteur qui ne sont pas sans rappeler Boris Quercia, le Chilien, et sa trilogie sur l'inspecteur corrompu et porté sur l'alccol et la drogue, Santiago Quinones.

Milliame, ville du vice où se côtoient truands, drogués, mafieux et ripoux. L'histoire est un imbroglio où l'on passe des uns aux autres sans transitions. Il n'est d'ailleurs pas toujours évident de bien repérer rapidement de qui l'on parle, d'autant que les ripoux qui nous intéressent sont père et fils et donc que seul leur prénom nous permet de les identifier clairement. le livre est néanmoins conçu sur un fil conducteur évident qui mène finalement au butin que chaque personnage impliqué convoite. La lecture est aisée et on est surpris de constater à quelle vitesse on avance dsns ce livre, qui se lit en quelques jours. Et puis la fin, le butin trant recherché par nos deux ripoux et par Caruso, ancien détenu qui s'invite à la fête dans l'histoire. Mais ... ce butin n'est peut-être pas tout à fait comme prévu ...! Bienvenue à Milliame !