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EAN : 9782809703122
190 pages
Editions Picquier (05/01/2012)
3.75/5   12 notes
Résumé :
Le roman japonais vu côté Japon, comme un miroir qui viendrait dédoubler et enrichir notre propre lecture.
Une histoire de crise et de renouveau, de ruptures, comme celle créée en 1987 par la parution de "Kitchen" de Yoshimoto Banana, jalonnée de prix et de succès, bouleversée par les nouvelles technologies de l'information qui changent radicalement la place que prend le roman, des blogs aux téléphones portables, dans la vie des jeunes Japonais d'aujourd'hui.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je vous vois venir et je vous entends presque : "avec un titre pareil, ça doit être un ouvrage académique, difficile, pas agréable à parcourir". Vous avez peut-être même employé des mots moins policés. Stop. Je vous arrête tout de suite. Certes, ma passion pour le Japon joue sur ma subjectivité et mon intérêt pour sa littérature aiguise probablement ma curiosité, mais ce petit ouvrage est un vrai bon moment de lecture, aussi divertissant qu'instructif. Evidemment, il s'adresse à un public d'initiés ou tout au moins à des personnes souhaitant mieux comprendre la littérature japonaise contemporaine, ses modes, ses mouvements, ses changements. Mais il est loin d'être un pavé vous assommant plus vite qu'un somnifère (enfin j'imagine, je n'en ai personnellement jamais pris, mon sommeil est un ami fiable).

Premier intérêt de ce livre : avoir le point de vue d'un autochtone sur les écrivains japonais et au-delà, sur la panorama littéraire global du pays. Qui plus est, une journaliste et critique littéraire qui a menée une réflexion pertinente, poussée et pourtant concentrée sur l'essentiel pour ne pas perdre un lecteur qui pourrait rapidement être noyé sous la masse d'informations. En tentant de répondre à diverses questions sur cette période relativement courte, elle apporte un point de vue original qui vient enrichir notre compréhension et fait évoluer notre regard sur les plumes les plus célèbres parvenues jusqu'à nous telles que celles d'Haruki Murakami, Yoshimoto Banana et Wataya Risa, pour n'en citer que quelques unes. Car l'un des débats est bien sûr celui de la mondialisation de certains auteurs japonais et donc de la persistance d'un style proprement japonais, mais est également évoqué celui de la perte des spécificités de l'écriture et donc d'une partie de son identité (idéogrammes vs. alphabets syllabaires, anglicisation), notamment avec les nouvelles technologies.

Deuxième point qui me semble souligner la qualité de ce livre : en choisissant d'être concise et de se centrer sur le fil du mouvement de la littérature davantage que sur le paysage complet des écrivains y ayant participé, l'auteur fait des choix qui permettent de dresser un portrait compréhensible, un paysage harmonieux où l'on réussit à rassembler les pièces du puzzle de manière fluide. Certes, cela implique de ne pas évoquer tout le monde et de ne pas rentrer dans trop de détails, mais c'est justement ce qui contribue à le rendre dynamique et à maintenir notre attention. L'auteur le présente d'ailleurs tel que : il s'agit ici d'établir une synthèse pour délivrer les clés permettant de situer l'ensemble. Et si après cette lecture, votre appétit n'est pas satisfait, vous trouverez de nombreux ouvrages pour combler le manque. Ce qui est aussi agréable, c'est qu'au-delà de l'analyse de cette période, l'auteur crée des passerelles qui permettent de resituer la littérature japonaise depuis la fin XIXè - début XXè siècle et de comprendre les "écoles" d'écriture, les influences plus ou moins pérennes dans le style de certains auteurs, les grands mouvements s'opérant.

Enfin, j'ai beaucoup apprécié la volonté de Mariko Ozaki de marier une analyse se voulant neutre à la diffusion d'anecdotes professionnelles, en intégrant des questionnements et des opinions qui viennent colorer le récit et l'humaniser encore plus.


Un ouvrage simple à lire qui nous en apprend donc beaucoup en peu de pages sur l'histoire de la littérature japonaise, et au final sur l'évolution de la société dans son ensemble. Et pour ceux qui auraient peur de ne pas pouvoir s'y retrouver, sachez qu'une notice bio-bibliographique à la fin de l'ouvrage vous sera un guide utile pour vous repérer et partir à la découverte des riches trésors de la littérature japonaise, d'hier et d'aujourd'hui.

PS : Avez-vous remarqué que lorsque je parle d'un livre type essai ou non-fiction de manière générale, j'ai tendance à retrouver mes réflexes d'étudiante en Histoire et à structurer mon article comme une petite dissertation ? Chassez le naturel...
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Pour donner suite aux réflexions sur la littérature moderne et contemporaine qu'Oe Kenzaburo expose dans les textes réunis dans « Moi, d'un Japon ambigu », je me suis plongé dans le livre d'Ozaki Mariko, qui couvre une vingtaine d'années d'éditions de romans, depuis 1987 à 2007, date de la parution de son ouvrage au Japon.
Ozaki Mariko est journaliste et était (?) responsable des pages culture d'un quotidien. Elle a connu la disparition des grands écrivains de la guerre et de l'après-guerre (décès de Abe et Ibuse en 1993, de Nakagami en 1992, d'Inoue en 1991, Yoshiyuki en 1994), l'émergence d'une nouvelle génération, l'apparition des nouvelles technologies qui « ne peut qu'entraîner une profonde transformation de la littérature japonaise », et l'avènement du produit-livre.

1987 ?
C'est une date symbolique. Plus rien de sera comme avant…
En cette année 1987 paraissent « deux bombes » aux succès sans précédent : « Kitchen » (Yoshimoto Banana) dont l‘auteur remporte le prix Jeune Talent, et « La ballade de l'impossible » (Murakami Haruki) dont le premier tirage est déjà exceptionnellement de 200 000 exemplaires. Ce fut aussi cette année là le succès colossal du recueil de poésie, « L'anniversaire de la salade » (Tawara Machi) où l'auteur introduit le langage parlé. Au même moment, Oe publie ses « Lettres aux années de nostalgie », plus proche de l'autobiographie que d'un roman, lui qui remarque que son livre est écrit « dans un style propre à la langue écrite, […] devenue dès lors un style ancien et les deux écrivains que sont Murakami Haruki et Yoshimoto Banana ont commencé à créer une nouvelle écriture de l'oralité ». Enfin, le prix Mishima nouvellement créé récompense Takahashi Genichiro. Tout ceci est raconté dans le premier chapitre du livre d'Ozaki : 1987, le début de la fin. Soit la fin de la littérature moderne et les débuts de l'ère post-moderne.

Quatre chapitres constituent cet ouvrage qui se fait donc l'écho des changements dans le roman au Japon. On s'aperçoit par ailleurs que la thématique sur la disparition de la littérature est une problématique universelle. La question de la mondialisation, et de fait de l'uniformisation, ainsi que celle de l'identité nationale sont aussi au coeur de ces mutations.
Je ne m'étends pas sur le second chapitre consacré au succès planétaire de Murakami.
Le troisième chapitre s'intéresse aux « Transformations dans le système de création », soit les mutations du monde d'édition (« tendance chez les éditeurs à vouloir soumettre, de plus en plus rapidement, de jeunes talents au jugement du public »), la multiplication des prix (l'auteur parle de surchauffe – qu'elle ne s'inquiète pas, on subit la même chose dans nos contrées ! - et de calcul tacticien du monde de l'édition). Cette tendance à l'abaissement de l'âge des candidats à l'activité d'écrivain est aussi un prolongement des activités de beaucoup sur les écrans (journaux, blogs etc). Enfin, elle cite des collègues pour qui les prix ne relèvent plus de la critique littéraire mais du journalisme : les prix littéraires « sont simplement devenus un de ces nombreux divertissement de salon qui animent la vie sociale ».
Le dernier chapitre est consacré à l'apparition des nouvelles technologies tant sur le plan technique (traitement de texte, échange auteur-éditeur via internet, rédaction des textes horizontalement alors, que l'écriture manuscrite traditionnelle, les idéogrammes, est verticale, ce qui enlève des spécificités identitaires à l'écriture) que thématique.

Ce livre n'a pas pour but de dresser un panorama complet de la vie littéraire au Japon pendant deux décennies, mais d'en saisir et de commenter les ruptures et les renouvellements, et que forcément au gré des traductions qui nous parviennent, nous avons des difficultés à comprendre et à contextualiser. L'ouvrage d'Ozaki Mariko est pour cela un outil précieux.
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Amoureux de la littérature japonaise, ce livre est pour vous!

Ozaki Mariko, journaliste au "Yomiuri", retrace en quelques 170 pages les trentes dernières années de littérature au Japon. Elle ne se contente cependant pas de produire une énumération de titres et d'auteurs avec les récompenses obtenues (on en parle, bien sûr!). Elle donne à lire les débats qui parcourrent l'univers littéraire nippon. Ainsi éclaire-t-elle une question qui préoccupe depuis les années 1980: faut-il considérer les écrivains contemporains (Murakami Haruki, Yoshimoto Banana, Wataya Risa et consort) comme étant des écrivains de "littérature pure"?

La journaliste évoque également l'indéniable succès international de bon nombre de ses compatriotes (Murakami Haruki encore et toujours, Ogawa Yôko, Kawakami Hiromi, ...). Elle, et le monde littéraire, s'interroge sur la persistance de la "nipponité" de cette littérature. Ou faut-il y voir un arasement de la spécificité nipponne au profit d'une mondialistaion de l'écriture?

Elle met enfin l'accent sur les influences des avancées technologiques. Alors que le japonais s'écrit et se lit de haut en bas et de droite à gauche, le recours à l'ordinateur oblige à l'écriture horizontale, de gauche à droite. de même que certains auteurs, avec l'informatique, délaissent la beauté compliquée des idéogrammes au profit de l'écriture phonétique des syllabaires. Là aussi, les instances culturelles s'interrogent sur la perte d'une part de l'identité japonaise.

Le livre se termine par quelques pages de notices bio-bibliographiques. Celles-ci indiquent les titres traduits en français ainsi que ceux en cours de traduction. de quoi susciter l'envie de découvrir d'autres aspects et d'autres voix de cette littérature merveilleuse et foisonnante.

Pas besoin d'être un grand spécialiste de la littérature japonaise pour apprécier cet essai clair et bien construit.
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Un essai que je recommande à tous les amateurs de littérature contemporaine japonaise. Ozaki est journaliste et critique littéraire dans son pays. Son livre s'attarde sur quelques figures importantes, notamment Banana Yoshimoto et Haruki Murakami aussi bien connus des Occidentaux, et il traite de sujets tels que la fracture engendrée par une nouvelle génération dans les années 1980, le débat de la littérature pure contre la culture populaire, l'apport spécifique des femmes, l'influence des prix littéraires (en particulier le prix Akutagawa qui récompense de nouveaux talents), la mondialisation et l'impact des technologies. Pour illustrer ses propos, elle évoque beaucoup d'autrices et d'auteurs (des années 1980-2000, mais aussi leurs prédécesseurs) et de nombreux romans. Rien pour réduire ma liste d'envies !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le prix Nobel à Oe Kenzaburo, avec la disparition des deux piliers de la littérature qu'étaient Nakagami Kenji en 1992 et Abe Kobo en 1993, marque la perte d'influence de la génération d'écrivains qui avaient construit la littérature d'après-guerre.
En 1995, alors qu'on lui demande de faire une synthèse sur la littérature des cinquante années d'après-guerre, voici ce que dit Karatani Kojin : " Le roman japonais contemporain est comme un jeu électronique ou un dessin animé bien construit. C'est un produit qui s'achète parce qu'il est compréhensible dans n'importe quel pays, destiné au grand public et universel. Beaucoup d'écrivains ne savent plus ce qu'est "le beau Japon" (de Kawabata). Le Japon est devenu comme une entreprise multinationale et bien qu'il ait commencé à perdre son originalité nationale voire même son identité, ce problème n'est un sujet de réflexion pour personne".
En 1994, vingt-six ans ont passé depuis le discours de réception du prix Nobel de Kawabata Yasunari intitulé "Moi, d'un beau Japon". Le titre du discours d'Oe Kenzaburo est "Moi, d'un Japon ambigu". Est-ce que le prochain nobélisé pourrait être un japonais qui ne parlerait pas de "moi et le Japon" ?...
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On peut dire que, même s'ils sont écrits en japonais, les romans d'aujourd'hui n'appartiennent plus à la littérature "japonaise" moderne, qui n'existe plus.
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