Une histoire du Français vue par deux journalistes canadiens (un français une anglaise) qui donne un point de vue "francophonie" sur le français très agréable. Beaucoup d'informations utiles (y compris sur l'histoire du français en France) et un style très fluide.
Un bon moment de lecture.
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p326 - La fierté nationale blessée n'est pas ce qui motive les diplomates français, belges, canadiens, algériens et sénégalais, à promouvoir l'usage du français dans les forums internationaux. C'est une question de pouvoir, purement et simplement. Tout le monde sait que sur le plan de la langue, les locuteurs ne sont pas tous égaux : ceux qui parlent leur langue maternelle ont presque toujours un avantage sur les étrangers qui ont appris cette langue à l'école. Et ceux qui ont été scolarisés tôt dans une langue - quelle que soit leur langue maternelle - bénéficient d'avantages que n'auront jamais ceux qui l'ont appris plus tard ou plus superficiellement.
La question est donc de savoir qui aura le privilège d'utiliser sa langue dans les discussions incroyablement minutieuses et subtiles - en fait, poliment brutales - qui forment l'ordinaire des institutions internationales ou toute négociation politique, commerciale, voire artistique.
Dans toute négociation, discussion ou débat, que ce soit entre diplomates, gens d'affaires ou scientifiques, choisir la langue revient à déterminer qui aura la haute main sur les discussions.
p313 - Il y avait également des raisons pratiques à l'adoption français comme langue du travail du Sécrétariat Général à l'ONU. Pierre Gerbet, coauteur .......... du "Rêve d'un ordre mondial" y explique que l'ONU était animée à ses débuts d'un esprit "anglo-saxon" qui favorisait le flou et la flexibilité comme façon d'atteindre le consensus. Or ce flou en fatiguait plus d'un.
L'introduction du français à côté de l'anglais obligeait les diplomates à clarifier leurs idées, car l'esprit du français favorise les définitions précises.
Exemple typique, le fameux article 242 adopté par l'ONU en novembre 1967, à la suite de la guerre des Six Jours entre Israël et l'Egypte, la Syrie et la Jordanie. A cause de particularités grammaticales, les versions française et anglaise ne disent pas la même chose. Il appelle au retrait des forces armées israéliennes "from territories occupied (de territoires occupés) au cours du récent conflit. Cette formulation vague ouvrait à des interprétations contradictoires : veut-on dire "un" ou "les" territoires ? La version française est plus précise et exige "le retrait" ..... des territoires occupés" - c'est-à-dire de tous.
Comme quoi une langue peut aussi former les perceptions !
Le Salon dans tes oreilles - S1E64 - Confidences avec Liza Frulla et Judith Lussier
Liza Frulla, femme politique canadienne bien connue, fait l'objet d'une biographie qui paraîtra cet automne et qui a été écrite par Judith Lussier. Liza Frulla nous fait ici ses confidences.
Avec:
Judith Lussier, Auteurrice
Liza Frulla, Auteurrice
Jean-Benoit Nadeau, Animateurrice
Livre:
Liza Frulla : la passionaria
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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