![]() |
Kafū Nagai peut être considéré comme le chantre des quartiers de plaisirs, ce monde flottant des saules et des fleurs. Dans nombre de ses ouvrages, il en dépeint les réalités, même dans ce qu'elles ont de plus triviales. Son oeil vif et acéré repère les us et coutumes de ce monde singulier mais également ce qui sort de l'habitude. Dans ce roman, il se focalise sur l'univers des geishas, l'une d'elle en particulier, Komayo. Cette jeune femme fut épousée par l'un de ses admirateurs lorsqu'elle officiait dans le quartier des plaisirs. Son mari étant mort, elle préféra reprendre son rôle de geisha plutôt que de continuer à vivre dans une belle-famille peu cordiale. Autour de Komayo gravitent clients, acteurs de théâtre et tous les habitués de l'ukiyo, le monde flottant. Kafū Nagai recourt à une écriture toute en subtilité et finesse, non sans quelque ironie à l'occasion. Sa connaissance de l'intérieur de cet univers apporte à ses propos et à son intrigue toute sa véracité. Son pinceau trempe également dans une encre teintée de nostalgie car le romancier sent l'évolution qu'est en train de vivre le Japon à la charnière entre le XIXème et le XXème siècle. A l'image d'autres confrères contemporains comme Tanizaki ou Sôseki, il regarde avec mélancolie et regret disparaître des spécificités séculaires et proprement nippone au profit d'une occidentalisation de la société et du pays. Kafū Nagai fait partie de ces témoins remarquables et de ces auteurs classiques d'un Japon en pleine transition. J'ai aimé découvrir avec du côté des saules et des fleurs son style, et compte bien lire d'autres de ses ouvrages qui figurent au catalogue des éditions Picquier (merci à elles pour les splendides découvertes orientales qu'elles permettent). + Lire la suite |