Publié en 1975, au moment où la parole homosexuelle se libère, ce livre est une peinture du milieu gay au travers de l'histoire de
Killer. Celle-ci est retracée sous plusieurs formes : une narration neutre et classique , des extraits de journaux intimes tenus par le personnage principal, des témoignages livrés par les protagonistes de l'histoire. Ces différents niveaux ont chacun leur propre temporalité : la narration objective se déroule chaque jour de la semaine qui précède l'évènement final du roman alors que les témoignages et les éléments autobiographiques relatent le passé.
Killer, devenu très jeune orphelin de mère, connaît des premières relations homosexuelles avec l'homme à tout faire du château où il vit avec son père, un homme distant et peu chaleureux. Il s'émancipe totalement lors d'un séjour linguistique en Angleterre où il multiplie les relations et rencontre un homme qui lui ouvrira, une fois installé à Paris, les portes du ghetto et du gotha homosexuels. On suit alors la vie de
Killer et celle de ses amis/amants dans une ambiance qui tient tout à la fois de l'outrance style Cage aux folles et de la distinction aristocratique style Mort à Venise.
Peinture du milieu homosexuel, le livre est aussi un témoignage de foi dans l'acte d'écrire.
Killer, double probable de Navarre, aime les hommes mais il aime encore plus écrire. Jour après jour, il tient la chronique de sa vie et de son entourage, semblant en spectateur solitaire se tenir à distance à la fois de l'une et de l'autre.
J'ai trouvé intéressante la construction assez complexe du roman et j'ai trouvé certains passages très émouvants et touchants. Mais le livre est inégal, plombé par un pathos poisseux qui obscurcit le propos et l'éloigne de la ligne claire.