Derrière les péripéties d'un pauvre villageois plus bête que méchant, et qui cherche à ruser pour faire fortune, s'esquisse le portrait d'une société d'hommes incapables de voir où est leur richesse. Ils ne savent pas entendre la voix des femmes, une voix pourtant pleine de bon sens, certainement aussi précieuse que tout l'or du monde. Une voix qui est peut-être leur vrai trésor...
Dans cette histoire répondant à tous les codes du conte philosophique et où la cupidité tient lieu de boussole, la stupidité le dispute à la filouterie.
Un texte vif et cocasse, des personnages à la psychologie sommaire, des situations assez invraisemblables pour un agréable moment de lecture. Bref, distrayant mais sans plus.
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Ouirizen est un douar de l’arrière-pays où il ne se passe jamais rien, ou presque. Les jours s’y suivent et se ressemblent, plats et monotones, comme si le temps, lassé de s’y morfondre, y a suspendu son compte jusqu’à nouvel ordre.
À Ouirizen, la vie tourne en boucle, indéfiniment, dépourvue d’imprévus et de couleurs ; ce qu’on y a vécu la veille nous attend de pied ferme le lendemain, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Situé au pied du Haut Atlas, sur une terre enclavée, au fin fond de l’oubli, Ouirizen couve jalousement ses maisonnettes – une cinquantaine au total, jetées au hasard, moitié en pierres, moitié en pisé, les murs revêtus d’un torchis quelconque. Les habitants, de petits paysans pour la plupart, vivent au rythme des saisons avec, pour principale préoccupation, celle d’assurer leur subsistance jusqu’à la récolte nouvelle. La culture de leurs lopins de terre sur les collines étant aussi insuffisante qu’aléatoire, ils comblent le manque par l’élevage de quelques chèvres, autant de ruches posées çà et là dans la forêt voisine, une lapinière, un poulailler de fortune… En hiver, ils se font bûcherons ; au printemps, ils troquent leur hache contre une truelle
et travaillent comme maçons chez des particuliers ou dans les chantiers de la région ; le mardi, jour du souk hebdomadaire à Tahennaoute, le chef-lieu, ils s’improvisent commerçants, achètent en gros fruits, légumes ou légumineuses, les revendent au détail, avec l’espoir de réaliser une petite marge de profit… Gagner son pain quotidien n’a jamais été une mince affaire dans ce pays où les gens ne peuvent compter que sur Allah,
c’est-à-dire sur eux-mêmes.
La chronique de Gérard Collard - Mohamed Nedali