Le départ

Je ne connaissais pas Nimrod il y a 10 jours. Ayant appris qu'on avait l'occasion de le rencontrer, en chair et en os, avec ma collègue et nos élèves, je me suis dépêchée de glaner auprès des collègues babelotiens (!) nombre de citations, de critiques pouvant m'éclairer un peu sur la vie et l'oeuvre de cet homme. le seul roman entier que j'ai donc lu de lui, pour l'instant, c'est celui-ci : "Le départ". le titre est l'exact résumé de ce qu'on y trouve : un entre-deux, une errance nostalgique entre un passé que l'on regrette, un père qui manque, des villes que l'on aimait et qu'il faut quitter... et les rivages de l'avenir sous couvert d'"horizon infini", sans qu'il soit nécessairement riche de promesses mais passage obligé, saut dans l'inconnu. Ce qui me marque dans ce récit, c'est que les thématiques chères à l'auteur appellent plutôt au contemplatif, à l'ancrage dans le présent (les arbres, les oiseaux, le vent et l'eau, cette nature qui sans être embellie semble être ressentie) mais justement l'écriture m'a fait l'effet inverse, avec un homme (ou du moins le petit garçon de l'histoire) qui n''habite jamais le présent mais est toujours ailleurs, comme un refus d'être là.
C'était néanmoins certainement le livre idéal pour découvrir la biographie de Nimrod et comprendre un peu d'où il vient et son parcours. Un père, pasteur luthérien qui a fini assassiné par la milice et dont l'absence a marqué ses enfants. Une culture familiale baignée de lettres et de récitations, et déjà de discussions théologiques bien plus que politiques (ce qui a orienté Nimrod vers des études de philosophie, jusqu'au doctorat, pour être prof). Il n'est pas dit dans ce récit que Nimrod a quitté le Tchad pour pouvoir poursuivre ses études en Côte d'Ivoire (au Tchad, guerre civile), pays où il s'est rendu surtout pour y suivre ses amis (tous ces renseignements sont issus non pas du livre mais de l'entretien que nous avons eu avec lui lundi 05/07/21).
En tout cas le bonhomme est gracieux, intéressant, souriant, et ce fut un réel plaisir de le rencontrer !

Ce bref texte évoque l'enfance de l'auteur au Tchad. L'école, les absences du père, plus dévoué à son métier de pasteur qu'à sa famille, puis la guerre civile qui interrompt la scolarité au lycée et oblige à partir, chassé de sa propre ville. Entre nostalgie, tristesse et souvenirs de beaux moments, des amitiés.
Beau texte, dans une belle langue, qui me donne envie d'en lire un peu plus de cet auteur, et qui laisse quand même un peu sur sa faim (100 toutes petites pages), pas mal de choses sont juste évoquées en passant alors qu'on aurait voulu en savoir un peu plus.

Le narrateur est un jeune tchadien passionné de littérature et fils du pasteur d'un village de la brousse profonde. Il est allé au collège puis au lycée et aspire à devenir professeur de lettres. Pour éviter d'être troublé par les charmes des filles de son âge, il se réfugie dans l'étude de la philosophie et de la théologie et devient un spécialiste de la Bible dont il apprend des passages entiers par coeur. Au moment des troubles causés par l'arrivée au pouvoir d'Hissène Habré, il doit quitter N'Djamena pour se cacher à la campagne. C'est là qu'il perd son frère.
Ce très court texte (101 pages) n'est pas présenté comme un roman mais comme un récit. En effet, Nimrod raconte d'une manière plutôt poétique, la réalité de sa vie, de ses pensées et de ses désirs. Rien de cet exercice de narcissisme n'est raconté simplement, tout est ampoulé, filandreux voire biscornu. le lecteur doit deviner la réalité de l'évènement au détour d'un mot ou d'une expression. Il finit très vite par s'ennuyer en lisant cette histoire nombrilique, sans véritable style ni consistance.
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