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EAN : 9782889012084
300 pages
Editions Antipodes (16/12/2021)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Dossier consacré à un examen du genre de l'anthropocène. Les contributeurs mettent en lumière le fait que la pensée de l'environnement comme ressource exploitable et la destruction qui en résulte sont intimement liées aux idéaux sur lesquels se fondent les masculinités dominantes.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Productivisme industriel, destruction environnementale et masculinité

« Avec ce numéro, Nouvelles Questions Féministes souhaite explorer les relations entre modernité industrielle, destruction environnementale et patriarcat. Nous partons d'une analyse critique du terme « Anthropocène », lequel vise à rendre compte d'une nouvelle époque géologique dans laquelle serait entré le système Terre à cause de « l'humanité » (anthropos) ». Dans leur édito, Patriarcat, capitalisme et appropriation de la nature, Lucile Ruault, Ellen Hertz, Marlyse Debergh, Hélène Martin et Laurence Bachmann discutent du concept d'anthropocène, de la conception d'une humanité indifférenciée et de ses critiques, d'historicisation des dynamiques et des responsabilités, des termes et d'un grand absent : l'« androcène ».

« Ainsi, ce numéro mobilise la notion d'Androcène afin de rendre visible ce que le monde académique ainsi que de larges fractions du mouvement écologiste, tendent à ignorer : le genre de l'Anthropocène »

Les éditorialistes abordent, entre autres, les apports de l'écoféminisme, l'exploitation de la nature et l'exploitation des corps des femmes, la définition de la nature, « La définition dominante de la nature relève en effet du modèle dualiste qu'a produit la modernité occidentale », l'opposition nature/culture, la subversion nécessaire des dualismes.

« Les recherches de féministes et d'écoféministes ont montré depuis un certain temps déjà l'impact disproportionné des désastres et changements climatiques sur les femmes et d'autres catégories sociales dominées ». Les autrices soulignent les conséquences de l'oubli des rapports de pouvoir et des discours patriarcaux dans le « cadrage climatique », de l'invisibilisation de « la part active prise par les hommes dans ce problème au caractère systémique », de l'utilisation du terme « genre » comme équivalent à « femmes ».

« Décalant le regard de celles et ceux qui subissent l'altération des conditions environnementales, ce dossier thématique porte la focale sur les acteurs qui sont responsables de cette dégradation, sur ceux qui en ont le plus bénéficié – et qui continuent d'innover en la matière. Il s'agit d'explorer la centralité du patriarcat, ses modalités d'action et de pensée à l'oeuvre dans ce changement global ». Lucile Ruault, Ellen Hertz, Marlyse Debergh, Hélène Martin et Laurence Bachmann reviennent, entre autres, sur l'importance des rapports sociaux de sexe, les responsabilités historiques de certains groupes sociaux dans les événements destructeurs et le basculement climatique, les rapports de pouvoir, les racines et les causes à l'origine de l'anthropocène, les déclinaisons de la masculinité occidentale, les liens concrets « entre industries, organisation militaire et agriculture intensive », le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, « Dans ce numéro, en somme, nous nous attachons ainsi à déterminer ce qui unit, à l'aune du genre, les responsables de l'exploitation forcenée de la planète, au risque de la destruction de la possibilité de vivre ».

Elles abordent la destruction du vivant, les influences des rapports sociaux de sexe sur les connaissances scientifiques, l'imaginaire techniciste, des figures alternatives de faire science, les effets de la socialisation au masculin et les dividendes touchés par les hommes, l'analyse historique incarnée « du basculement dans une économie carbonée », le coût des injonctions virilistes, les processus de conscientisation et des pistes de changement…
Quelques éléments choisis subjectivement.

Jean-Baptiste Vuillerod discute de perspective écoféministe, d'inscription « de la question environnementale dans un cadre social et culturel plus large », de réappropriation du concept de nature « en cherchant à l'arracher aux stratégies idéologiques de naturalisation », de critique d'une approche « scientifico-technique » de l'Anthropocène, « l'usage massif des énergies fossiles depuis la révolution industrielle n'a pas été décidé et organisé par l'ensemble des êtres humains, ni n'a été réalisé en vue du bien-être du lus grand nombre », de causes et d'effets, d'exclusion des enjeux politiques et de survalorisation de solutions techniques, de conception de l'histoire des sociétés, des arguments naturalistes, de violence des idées. « une perspective écoféministe sur la question vise à mettre en cause l'ensemble des pratiques et des conceptions idéelles qui sont solidement ancrées dans notre culture ».

Benedikte Zitouni présente d'« autres figures et manières de faire science » dans et par les réalités étudiés »,d'autres figures du savoir. Donna Haraway, Isabelle Stengers, Vinciane Desprêt, « Il s'agira d'analyser comment ces trois auteures, qui se disent héritières de la Révolution scientifique, ont affronté la figure de l'autorité scientifique désengagée. L'analyse portera sur la façon dont elles s'en sont prises au caractère neutre, transparent et innocent du gentleman savant en créant des contre-figures du savoir ». L'autrice aborde notamment les mécanismes d'exclusion et d'autorité, les premiers laboratoires des sciences expérimentales, la figure du scientifique soi-disant neutre, l'invention des sciences modernes, « L'événement est là : la science moderne consiste en cette capacité à sélectionner les énoncés scientifiques vrais et ainsi à faire exister des entités dont la présence ne peut plus être niée. Elle est à la fois autoritaire et émancipatrice », les usages sociaux des sciences, l'entrée en laboratoire, les réalités réfractaires, les « emmerdeuses », l'arrivée des femmes dans le champ de la primatologie, le moule genré des méthodes, les possibles nouveaux en terme de savoir, « Tout terrain est digne d'intérêt pour autant qu'un potentiel passé, présent et futur s'y dessine, que ce soit au coeur du cas étudié ou dans les interstices »…

Bob Pease interroge les liens entre masculinisme et changement climatique et développe « une réponse environnementale proféministe ». L'auteur indique que « la réduction des risques de catastrophe doit s'atteler aux causes sociales et humaines du changement climatique ». Il aborde, entre autres, les impacts du changement climatique sur les populations les plus vulnérables, les conséquences différenciées en raison de la division sexuelle du travail ou des places socio-économiques, les formes hégémoniques de la masculinité (une notion que je trouve plus que discutable, comme celle d'« identité de genre »), la valorisation des approches « surplombantes » sans prise en compte des rapports sociaux…

« … je dialogue avec les recherches actuelles qui considèrent les expressions contemporaines de la masculinité en relation avec le changement climatique et les politiques énergétiques en explorant les concepts de masculinité écomoderne et de pétro-masculinité ». Miriam Tola aborde, entre autres, des aspects importants des imaginaires élitaires, le « verdissement » d'un sujet dominant, la théorisation d'absence de limites, l'exploitation minière, la mise en valeur des déchets, dles enclosures modernes, les acteurs privés financés par des fonds publics, le consumérisme vert et des contre-histoires féministes…

Armel Campagne propose des analyses des racines du « Patriarcat capitalocène », du genre de l'accumulation, du basculement dans l'économie carbonée, de la place des énergies fossiles, de l'offensive patriarcale des hommes des classes aristocratiques et bourgeoises, de l'histoire des mécanismes de dépossession des femmes anglaises.

« Dans la suite de cet article, il s'agira de tester l'hypothèse selon laquelle c'est en vertu d'un héritage structurellement inégalitaire en termes de genre et de classe d'âge qu'une minorité d'hommes des classes aristocratiques et bourgeoises anglaises ont pu être en possession, au moment du basculement fossile du capitalisme anglais, d'un capital suffisant soit pour moderniser les mines de charbon et accélérer leur transport (ferroviaire ou maritime), soit pour acquérir des machines à vapeur et des machines à filer et à tisser automatiques pour leurs industries textiles ». L'auteur analyse donc le système d'héritage, le « malheur » des héritières, les accords contractualisés entre pères, le mécanisme de primo-géniture agnatique, l'aggravation « moderne » de la dépossession des femmes et des veuves, l'accumulation primitive de moyens de production houiller, l'histoire genrée du capitalisme industriel, le rôle de l'inégale transmission, les dépossessions actives…

J'ai notamment apprécié l'article sur les voitures (de collection, de fonction, électriques), les rapports masculins à la mobilité et à l'« écologie », la place de l'automobile dans les imaginaires masculins « de mouvement, de liberté, de vitesse et de puissance », les déplacements dans l'espace public, le « Club », les normes tenues pour acquises, les espaces privilégiés de construction des homosocialités, l'exercice de la « liberté » de déplacement…

Je souligne aussi, sans m'y attarder deux autres articles, le premier sur les expériences et les point de vue de femmes autistes, le second sur Anna Maria Crispino dans un entretien réalisé par Silvia Ricci Lempen
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique, merci pour l'envoi ! Cela faisait un certain moment que je voulais découvrir Nouvelles Questions Féministes, revue scientifique fondée en 1981 par Simone de Beauvoir et Christine Delphy (entre autres) dans la lignée du Mouvement de libération des femmes (MLF). Ce numéro me faisait d'autant plus envie qu'il traite de la question environnementale depuis une perspective féministe, et aborde la notion d'Androcène.

L'édito permet d'avoir une première approche sur ce terme qui est encore largement absent dans les débats sur le réchauffement climatique. Depuis les années 2000, nous entendons parler (un peu...) d'Anthropocène : alors que nous vivons depuis 12.000 ans dans l'époque géologique de l'Holocène, l'influence de l'activité humaine sur l'évolution de la biosphère nous aurait fait basculer dans une nouvelle ère géologique, celle de l'Anthropocène.

Le problème avec ce terme, c'est que l'humanité, prise dans son entièreté, est considérée comme responsable de la crise climatique. Tout comme l'approche individualiste « colibriesque » chère à Pierre Rahbi, ce concept met l'accent sur la responsabilité individuelle de chacun·e, sans questionner le rôle des États et des entreprises. Car il faut bien admettre une chose : le paysan andin n'a pas la même part de responsabilité dans le réchauffement climatique que le patron d'une multinationale polluante. Ainsi, plusieurs auteur·trices vont proposer des réflexions à partir de grilles d'analyse incluant les rapports de classe, ou de race, pour «cerner plus précisément des acteurs (individuels et collectifs) et leurs responsabilités historiques dans la dégradation généralisée des milieux de vie», en créant de nouveaux concepts, comme le Capitalocène par exemple, pour parler du rôle du capitalisme dans la crise climatique.

Les rapports de genre, eux, sont quasiment absents des analyses sur le réchauffement climatique, et il aura fallu attendre les apports théoriques des écoféministes (ou féminisme environnemental) pour permettre de comprendre comment se conjugue l'exploitation de la nature et l'exploitation du corps des femmes, d'autant plus que ce sont ces dernières, et d'autres catégories sociales dominées, qu subissent de manière disproportionné les impacts des désastres et changements climatiques.

L'article de Jean-Baptiste Vuillerod, «L'Anthropocène est un Androcène : trois perspectives écoféministes» tente de retracer l'origine de cette double domination des femmes et de la nature en présentant trois grandes orientations de la pensée écoféministe.
Premièrement, il résume les travaux de Maria Mies pour qui les dominations femmes/nature remontent à l'époque Néolitihique, avec la naissance du pastoralisme nomade (début de la domination sur les animaux) et de l'agriculture (contrôle des plantes), dont le développement a favorisé des formes d'esclavages dont les femmes auraient particulièrement souffert.
Autre point de vue : les écoféministes Carolyne Merchant et Silvia Federici, situent, elles, la transformation du rapport social à la nature et aux femmes à la naissance du capitalisme moderne (XVI et XVIIe siècle). Dans le Caliban et la Sorcière, Federici analyse l'épisode européen de la chasse aux sorcières, comme étant une disciplinarisation du corps des femmes par le capitalisme. Suite à la catastrophe démographique engendrée par la peste noire, l'État et l'Église vont mettre en place une biopolitique qui favorise les naissances pour répondre aux besoins grandissant en main d'oeuvre du capitalisme moderne. La soumission des femmes se réalise ainsi dans un processus généralisé de maîtrise de la nature (naissance des enclosures).
Enfin, l'auteur présente les travaux de Rosemary Ruether et Val Plumwood, qui se penchent sur les fondements religieux (la Genèse) et philosophiques (Platon) de notre culture qui sont incriminés comme justifications idéologiques du patriarcat et de l'appropriation du monde naturel, et pointent l'importance des systèmes conceptuels dans le fonctionnement de la domination.
Si ces autrices écoféministes établissent des analyses chronologiques et attribuent des causes différentes à la double domination femme/nature (qui selon moi se complètent), elles sont d'accord sur un point : c'est le même monde qui a produit la domination des femmes et la domination de la nature, et c'est avec ce monde qu'il s'agit de rompre.

Cela passe-t-il notamment par une transformation de la masculinité ? Oui, affirme le chercheur américain Bob Please : du fait de leur position sociale, les hommes sont plus soucieux de protéger une société industrielle et patriarcale qui affirme leur masculinité et leur privilège de classe plutôt que de protéger l'environnement. Pour trouver une solution au désastre écologique, il faut « viser à la fois le pouvoir institutionnel des hommes culturellement puissants et l'intériorisation par les hommes du modèle dominant de la conscience humaine». Selon lui, même l'activisme environnemental est largement dominé par des hommes blancs de classe moyenne, dont les préoccupations ont façonné les réponses collectives à la crise écologique. Les préoccupations des femmes, des personnes de la classe ouvrière et des personnes racisées sont ainsi absentes de l'agenda écologiste, et il est important pour Bob Please d'entreprendre une démarche intersectionnelle (analyse mêlant rapports de genre, de classe et de race) pour comprendre la relation des individus à l'environnement.
Ainsi, il est urgent que des hommes proféministes s'attaquent à la masculinité hégémonique, et trouvent des nouvelles manières d'entrer en relation avec la nature, les femmes et les autres hommes. Lutter contre les violences de genre, renoncer à des positions privilégiés, et s'engager dans les luttes écologistes vont de pair pour le chercheur américain.

D'autres articles scientifiques de la revue abordent les racines historiques du Patriarcapitalocène, ou encore les rapports masculins à la mobilité. Les articles permettent de stimuler notre réflexion sur la question du réchauffement climatique sous le prisme du genre, mais il faut admettre que ce n'est pas une lecture aisée, accessible au grand public. Un grand travail d'éducation populaire doit être entrepris pour que ces concepts soient accessibles au plus grand nombre, et pour que nous prenions conscience que les luttes environnementales, féministes, classistes et antiracistes sont étroitement liées et ne pourront être victorieuses que si elles sont menées conjointement.
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Livre reçu par la Masse critique Babelio, merci!
Androcène : fait de déterminer les caractéristiques du concept, mot, objet, l'ensemble des propriétés essentielles de l'homme, du mâle.
Ici ce néologisme semble indispensable pour parler de patriarcat blanc, capitalisme et appropriation de la nature : plutôt Androcène que Anthropocène, tant il apparaît que l'homme blanc dirige et que les principales victimes du dérèglement climatique sont les femmes et autres dominés. L'écoféminisme met en avant la soumission de la femme au même titre que celle de la nature, par l'homme, au titre de la supériorité conférée par son autorité scientifique. Cette masculinité de toute puissance, de contrôle de la nature, du pouvoir, de la destruction, de la compétition … - normes difficilement atteignables - engendrant des violences contre eux et contre les autres, fait pourtant débat et amène à réfléchir sur les stéréotypes transmis dès l'enfance : jouer à la guerre, tuer les petits animaux, détruire…

Il faut donc remettre en question le fonctionnement managérial et technocratique ainsi que le caractère patriarcal de faire des sciences : cesser de vouloir tout contrôler (les autres, les animaux, la nature et même l'espace) et accepter la vulnérabilité humaine.

Particulièrement représentatif, l'article de Bénédicte Fontaine sur les rapports masculins à la mobilité et à l'écologie dans un cercle d'affaires bruxellois. Les hommes de ce club (très majoritaires, blancs entre 35 et 70 ans, dirigeants d'entreprises) se réunissent entre eux (cooptation) pour des activités onéreuses, dans des endroits préservés de toute pollution sonore, visuelle… Ils profitent de l'espace public à leur guise (même des endroits piétons pour leurs défilés de voitures de collection : un placement idéal : vous ne perdez jamais d'argent!). Ils se plaignent des embouteillages et souffriraient que les infrastructures (décidées par leurs amis politiques) leur soient réservées ; le reste de la population pouvant aisément utiliser les transports en commun en vélo. Leurs voitures (ils en ont plein, adaptées à leurs différents usages) sont indispensables à leur liberté d'agir tant dans leur vie professionnelle que privée.

Rendons FEMMAGE à ces recherches sérieuses et documentées, qui permettent d'étudier ces phénomènes sous le prisme patriarcal ; non dans la seule idée de chercher des responsables, mais bien d'identifier les concepts à l'oeuvre pour les modifier et arrêter le saccage !
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Ce numéro de la revue scientifique Nouvelles questions féministes fait la part belle à l'écoféminisme. La frontière entre les combats écologistes et féministes est définie comme mince, à travers plusieurs articles qui posent les contours de l'Androcène. La notion d'Anthropocène est remise en question, nous ne serions pas dans une ère industrielle sans être dans une société patriarcale. "Revenir aux racines du problème et s'intéresser à ses causes est indispensable pour savoir quoi et qui cibler, comment caractériser le système à l'origine de l'Anthropocène , quelles attitudes et quelles politiques modifier pour arrêter le saccage".
Merci à Babelio et aux éditions Antipodes pour cette belle découverte.
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Sous-titre, de l'Anthropocène à l'Androcène, le genre de l'Anthropocène : qui sont les responsables de la dégradation du vivant, ceux qui en ont le plus bénéficié et qui continuent d'innover en la matière.

Comment le patriarcat et le capitalisme se sont approprié la nature, thème hautement écoféministe, sous l'ère de l'anthropos (humain) qui a modifié au cours des millénaires son environnement. Et pas que l'humain moderne, on sait que d'autres sociétés prémodernes ont modifié au point de le ruiner, leur environnement. Mais le phénomène s'est considérablement emballé à partir du XVIIIe et du XIXe siècle, avec l'avènement de notre société thermique dont le développement est basé sur les énergies fossiles. Mais au fait, qui détient le capital économique dans nos sociétés, depuis les siècles passés ? Les femmes, les hommes ? " Dès 1962, Rachel Carson dans Printemps silencieux, souligne le rôle de l'industrie, des guerres, des sciences et des techniques dans l'effondrement environnemental en cours." Ont été proposées les dénominations Chthulucène, Plantationocène, Thermocène, Capitalocène, Thanatocène..., mais les féministes et les écoféministes ont montré que les femmes (et d'autres catégories sociales dominées) non seulement ne profitaient pas dans la même mesure des profits et progrès de l'ère du pétrole, mais qu'en plus, elles supportaient de façon disproportionnée l'impact des désastres du changement climatique. Aussi ce numéro de la revue des Nouvelles Questions Féministes (NQF) se propose de le nommer Androcène (d'andros en grec, homme mâle, je précise parce qu'en français, l'homme -anthropos en grec- porte l'universel). Et elle argumente, via une succession d'articles proposés par différentes autrices et auteurs féministes, chercheuses en sciences sociales, sociologues, ethnologues, anthropologues, philosophes... français, belges, québécois ou étasuniens.

Il est impossible de résumer cet ouvrage foisonnant d'articles, cependant deux explorent comment on en est arrivé-es là : comment est advenue la "pétro-masculinité" et comme elle mute en "écomodernité", les hommes et leur mantra, la croissance illimitée dans un monde limité et la croyance au progrès technique qui va résoudre tous nos problèmes, il suffit, selon eux, de s'y atteler avec volontarisme.

Androcène, la masculinité du désastre :

Lien : https://hypathie.blogspot.co..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans la suite de cet article, il s’agira de tester l’hypothèse selon laquelle c’est en vertu d’un héritage structurellement inégalitaire en termes de genre et de classe d’âge qu’une minorité d’hommes des classes aristocratiques et bourgeoises anglaises ont pu être en possession, au moment du basculement fossile du capitalisme anglais, d’un capital suffisant soit pour moderniser les mines de charbon et accélérer leur transport (ferroviaire ou maritime), soit pour acquérir des machines à vapeur et des machines à filer et à tisser automatiques pour leurs industries textiles
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Décalant le regard de celles et ceux qui subissent l’altération des conditions environnementales, ce dossier thématique porte la focale sur les acteurs qui sont responsables de cette dégradation, sur ceux qui en ont le plus bénéficié – et qui continuent d’innover en la matière. Il s’agit d’explorer la centralité du patriarcat, ses modalités d’action et de pensée à l’œuvre dans ce changement global
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Il s’agira d’analyser comment ces trois auteures, qui se disent héritières de la Révolution scientifique, ont affronté la figure de l’autorité scientifique désengagée. L’analyse portera sur la façon dont elles s’en sont prises au caractère neutre, transparent et innocent du gentleman savant en créant des contre-figures du savoir
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… je dialogue avec les recherches actuelles qui considèrent les expressions contemporaines de la masculinité en relation avec le changement climatique et les politiques énergétiques en explorant les concepts de masculinité écomoderne et de pétro-masculinité
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L’événement est là : la science moderne consiste en cette capacité à sélectionner les énoncés scientifiques vrais et ainsi à faire exister des entités dont la présence ne peut plus être niée. Elle est à la fois autoritaire et émancipatrice
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