Tombé dessus un peu par hasard au détour d'un dédale de Babelio, je l'ai lu car j'aime la littérature érotique.
En accord avec une critique précédente, la première impression est celle d'un premier jet, sans aucun travail dessus (ou alors limité).
Ce sont les aventures sexuelles d'une jeune fille du nouveau millénaire sauf que...
Les passages "érotiques" manquent d'intensité, de durée, de puissance (comme un coup rapide sans préliminaires et sans plaisir également) alors que les situations, vécues ou non, contiennent une charge fantasmatique pour en dégager un potentiel sensuel bien plus important. le nombre d'anecdotes, de situations, sauve ce roman, suscitant ponctuellement un vague début d'excitation (physique et intellectuel).
Néanmoins, le style très distancié, aussi neutre qu'un guide de montage pour meubles suédois, me paraît inadapté. Il s'en dégage que peu d'émotions. Plus de psychologie, plus de sentiments aurait donné un peu plus de profondeur.
Enfin, le plus important : le sens!
Quel est le sens et le but de ce roman ? Raconter une histoire pour une histoire est vain et inutile. Il faut un but... que je n'ai pas trouvé.
Anaïs Nin parle de la condition féminine,
Henry Miller du puritanisme américain,
Francoise Rey, de l'esprit soixantehuitard,
Sade de la révolution Française. Les plus grandes oeuvres érotiques, transcendent le sexe pour parler du monde.
Ce roman aurait pu aboutir sur une critique de la sexualité de masse, dernière invention de la société de consommation, de la représentation de la sexualité, avec des militants syndicaux engagés mais parfaitement individualiste dans leur sexualité, (je consomme et je jette à l'image de Thibault), un globe-trotter amateur d'exotisme ( Hugo est l'archétype du futur touriste pédophile), un conjoint infidèle et sans états d'âmes (Bertrand se connectera plus tard à Gleeden ?), un Vrp perdu dans un club échangiste ( le séducteur par excellence, hypocrite et menteur).
Bref que des exemples de sexualité égoïste où l'autre est un moyen avant une fin, un objet avant une personne.
Il y a donc de la matière mais encore brute, inexploitée. En creusant, un filon aurait pu apparaître, dommage...