La parole au peuple

Autrefois, Michel Onfray proposait de temps à autre un ouvrage philosophique ou littéraire auquel on ne pouvait nier un certain intérêt.

Toutefois, depuis de nombreuses années, Onfray, devenu autoentrepreneur de la philosophie, ou plus précisément chroniqueur politique, propose des commentaires non mesurés et des interprétations beaucoup trop partiales et critiquables. En dépit d'une culture philosophique importante, il perd toute crédibilité car il n'utilise pas celle-ci au profit de l'approfondissement de sa pensée qui, dominée par la colère, est privée de toute analyse objective. Ses chantiers sont très diversifiés, trop sans doute, car on ne peut être égal de façon constante, sauf dans la médiocrité, ce qui n'est cependant pas le cas chez Onfray.

« La parole au peuple » est une compilation de 16 textes publiés de 2014 à 2017 dans l'hebdomadaire « le 1 ». Une nouvelle fois, les textes sont écrits sans recul et avec une aigreur déplaisante pour le lecteur. L'accumulation de jugements péremptoires et dogmatiques devient rapidement pénible et est fort éloignée de la philosophie. Onfray commente, critique, parfois avec talent, mais le manque de lucidité et la mauvaise foi sont beaucoup trop présents pour que ses récits soient pertinents et laissent un souvenir marquant.

Publiés dans différents numéros du magazine « le Un » et réunis dans cet essai, l'auteur nous confie ses états d'âmes et ses réflexions philosophiques sur un certain nombre de sujets. Après avoir glissé quelques éléments autobiographiques, il aborde différents thèmes qui lui tiennent à coeur, tels que l'éducation des enfants, l'hypocrisie des politiciens et le mensonge d'Etat, les querelles et les manoeuvres sournoises politicardes qui écoeurent et détournent le peuple des urnes, les injustices salariales, les principes de notre sacro-sainte devise républicaine, en permanence bafoués, ainsi que la propagande médiatique, parfois trompeuse car manipulée, qui a cependant encore de beaux jours devant elle…

La lecture de cet ouvrage nous apprend que Michel Onfray ne pratique guère la langue de bois et qu'il a des positions bien arrêtées dans tous les domaines passés en revue, se montrant globalement persuasif dans les idées mais un peu trop caricatural dans les faits. Issue d'un milieu social similaire et appartenant à la même génération, je partage tout à fait son avis pour certaines thématiques, notamment en ce qui concerne les établissements scolaires dans lesquels, hélas, nos jeunes n'apprennent plus le goût de l'effort et se retrouveront à l'âge adulte, lâchés dans le monde de l'assistanat, bien plus séduisant que celui du travail.