Delendo est Carthago est un de mes souvenirs les plus forts de mes cours de latin. « Il faut détruire Carthage » reprennent en choeur tous les membres des services plus ou moins secrets au service de la République. Mais qui est Carthage, ce tueur à gages infaillible qui, pourtant, a raté sa cible une première fois ? Que veut-il réellement ?
J'ai adoré lire ce livre. J'ai beaucoup aimé la manière de construire, de caractériser les personnages, non de manière traditionnelle (taille, poids, couleur de cheveux, caractère) mais de manière expressive. le visage trahit les sentiments de chacun, quand il ne porte pas les traces d'erreurs passées (la cicatrice du sergent, qui blanchit à mesure de sa fureur) ou les stigmates de la maladie (le bien nommé Sphinx). Les yeux ne peuvent mentir, et c'est dans un regard que tout peut se jouer. Dis-moi qui et comment tu le regardes, je te dirai ce que tu complotes.
Nous sommes en 1994, et nous assistons à ce que l'on nomma une « fin de règne ». le président (« Papa » pour les services secrets) est malade, les scandales l'environnent, des révélations ont lieu, sur son passé, sur sa vie privée. La grande force de ce roman est de ne nommer personne, mais de caractériser de façon suffisamment forte, de rappeler avec tant de détails précis les événements marquants de ces années pour reconnaître immédiatement chaque protagoniste.
Et l'intrigue, me direz-vous ? Elle joue avec les codes du roman d'espionnage, la nécessité de tout savoir avant tout le monde, d'anticiper aussi. de rappeler jusqu'où peut aller la folie des hommes.
Brillant, prenant, réussi, lisez Carthago, vous ne le regretterez pas.
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