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EAN : 9782914467728
124 pages
Chèvre-feuille étoilée (31/01/2012)
4.25/5   4 notes
Résumé :
"Ta mort pourtant pousse à la vie. Une vie au présent. Ebouriffée, ouverte aux courants d’air. Insaisissable, constante et grave. Une vie amante. Une vie troublante. Si jeune au monde et sage. Une vie qui se suffit d’aimer. Une bouche à mordre quand on le dit. Vie. C’est ton absence qui me l’a appris. Au tableau noir, première du rang, je l’ai bien vu, c’était écrit lorsque tu es parti. "

« Les jours blancs, ce sont les jours sans. Sans la présence d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mélange tristement poétique de nostalgie et de souvenirs de passé et de présent, Les jours blancs c'est l'écriture à un être cher disparu, c'est le rappel des moments passés, c'est le dur retour à la réalité. Cette réalité du présent ineffable et irréversible. Cette réalité qui nous fait prendre conscience que plus rien ne sera jamais pareil. L'odeur de la vie prend un tout autre sens, remplie de tristesse et d'amertume, de manque et de souvenirs inatteignables. Quand l'être perdu a emporté avec lui une partie de nous-mêmes.

Voici le récit d'Hélène Pradas-Billaud, ou plutôt, la lettre que celle-ci écrit à son frère, reporter, disparu dix ans plus tôt en Afghanistan dans une explosion. Elle lui raconte cette vie après «sa» mort, cet «après lui». Tel un pont entre deux mondes, le premier disparu et le suivant en construction, cette lettre est une sorte de transition. Elle s'adresse à son frère disparu, un dernier au revoir mais pas un adieu. Se remémore des souvenirs d'enfance, d'adolescence et de jeune adulte mais des souvenirs souvent guillotinés par cette explosion. Cette explosion qui l'a emporté sur le coup, son frère «presque» jumeau. Cette explosion qui démaquille la vie et la montre telle qu'elle est: spontanée, douloureuse, imprévisible. On réalise que chaque seconde est à vivre à 1000 à l'heure sans en perdre une miette et surtout, qu'il est important de profiter des gens que l'on aime tant que l'on en a encore l'occasion surtout avant l'explosion. La vie peut s'arrêter à tout moment.

Comment survivre à ces «jours blancs», éviter les regrets, ne pas être noyé par les souvenirs, apprendre à vivre sans l'autre? «L'après» est le moment le plus cruel pour celui qui reste. L'écriture, cette lettre, voici le baume apaisant d'Hélène Pradas-Billaud. Ce baume qui va lui permettre de panser cette blessure ouverte depuis maintenant dix ans, à cause de l'explosion. Peut-être le temps aide-t-il lui aussi à apaiser le manque. Mais rien ne peut effacer la cicatrice, remplacer cette partie de nous-mêmes devenue un membre fantôme. On le sent encore mais il n'est plus là.

Par cette lettre, Hélène Pradas-Billaud nous fait pénétrer l'intimité de ses sentiments, le secret de ses souvenirs. Une écriture mélancolique et poétique accompagne son récit au cours duquel on peut parfois se sentir gêné comme si on lisait la lettre d'un autre. A la fois étranger et proche de ses mots, car qui n'a jamais connu la perte d'un être cher ou qui ne la connaîtra pas? le lecteur écoute les paroles de l'auteure qui glissent dans son esprit à la façon délicate et fragile d'un petit bateau en papier sur une rivière calme et limpide. Image enfantine d'une lettre dont les mots ne demandent qu'à grandir, passer à autre chose. Mais sans oublier.

Je remercie grandement Babélio et les éditions Chèvre-feuille étoilée qui m'ont fait découvrir cette auteure. Véritable bijoux d'écriture, Les jours blancs est un bel exemple de sagesse face à la perte douloureuse d'un être cher...
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« J'aurais pu t'écrire une nuit d'orage, déchirée de pluie, d'odeur de terre trempée. Et c'est ce jour que j'ai choisi. Un jour blanc d'avant l'été.
J'ouvre les volets en refermant les yeux. Je pense à tout. A rien .Alors je pense à toi. »
Son frère était grand reporter à RTL ; il est mort il y a 10 ans en Afghanistan. Son frère lui manque. Elle lui écrit cette lettre courte et émouvante.
Pierre est l'absent. Et plutôt que de laisser paraitre sa tristesse, légitime, le chagrin, le désespoir, ou tout autre sentiment négatif, Hélène Pradas-Billaud, choisi de faire renaître l'enfance heureuse qu'elle a passée avec son frère. Nous y découvrons une fratrie soudée (ils étaient 3 : Hélène, Pierre, et Marie-Noëlle), une enfance insouciante faite de joie simples et intenses. Telle une peinture, Hélène Pradas-Billaud pose ici, et là par petites touches tout ce qui fait ses souvenirs, et nourrit son chemin après la mort de son frère.
« Je n'écris pas pour raconter l'histoire. J'écris sans histoire. J'écris comme on respire. Comme on vit la vie. J'écris le recueil de l'enfance. de l'amour tendre. de ce qui vit dans ton absence. »
« J'écris sur ta présence. J'écris sur ton absence. J'écris sur ta présence absente. C'est ainsi lorsqu'on est disparu. »
Sans rage, tristesse, ni larmoiement, elle parle de l'absence, et dit le manque de l'autre. Avec peu de mots, des phrases tantôt empreintes d'un certain lyrisme, tantôt taillées au cordeau, elle plonge le lecteur dans une grande sérénité, et l'évocation du blanc, couleur sereine, n'y est pas étrangère. Elle donne aussi au lecteur l'occasion de revenir sur son propre ressenti qu'il a de l'absence des siens. Cette lettre est une forme de passage à autre chose .Il s'y dégage une grande sensibilité, une impression de force et de fragilité intimement mêlées.
Un grand merci aux éditions Chèvre-feuille étoilée de Montpellier pour cet ouvrage plein de qualité, et à Babélio pour son opération Masse critique.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Hélène Pradas-Billaud a perdu son frère, journaliste en Afghanistan, une mort violente, soudaine, sèche. D'autres perdent un compagnon, un enfant, une mère. Les jours blancs, ce sont ces jours de l'absence où la vie lentement se re-tisse autour du vide. Ces jours pas forcements malheureux, pas forcement inutiles, pas forcément révoltés mais pâles, décolorés, ces jours où l'on évite de trop bouger, de trop vivre, pour éviter de souffrir. Ce texte n'est ni une autobiographie, ni un roman - c'est un long poème en prose qui nous offre les mots d'une langue magnifique et délicate pour dire l'indicible de cet entre-deux de la vie que nous avons tous traversé ou que nous traverserons un jour où l'autre - "...sois sage, ô ma douleur..."
"Bientôt, il sera l'heure de rentrer. Bientôt, il sera l'heure de s'en aller. Nous reprendrons le flux, le flot du cours des choses. le mouvement de nos corps, les bruissements de la ville....
...Route de l'absence modifiant la conscience du monde.
Traversée des jours blancs. Voyage du vivant"
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"La mort est une morsure. Elle murmure: rien ne dure, rien ne dure. Elle nous dit l'essentiel survivant. Aucun mot ne l'enferme. Aucun sens ne la tient. La mort réinvente le lointain de nous."
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« J’aurais pu t’écrire une nuit d’orage, déchirée de pluie, d’odeur de terre trempée. Et c’est ce jour que j’ai choisi. Un jour blanc d’avant l’été.
J’ouvre les volets en refermant les yeux. Je pense à tout. A rien .Alors je pense à toi.
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J’écris sur ta présence. J’écris sur ton absence. J’écris sur ta présence absente. C’est ainsi lorsqu’on est disparu.
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"Ta mort décompose ton vivant. Elle recompose mon présent. Dans la blancheur de l'ombre, des reflets éphémères, je t'écris comme on va dans le noir rencontrer la lumière."
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Je n’écris pas pour raconter l’histoire. J’écris sans histoire. J’écris comme on respire. Comme on vit la vie. J’écris le recueil de l’enfance. De l’amour tendre. De ce qui vit dans ton absence.
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Vidéo de Hélène Pradas-Billaud
Extrait des jours blancs lus par Marie-Noël Arras
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