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Rose-Marie Pagnard (Autre)
EAN : 9782889278343
208 pages
Editions Zoé (04/02/2021)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Porter en soi une amnésie comme une petite bombe meurtrière, avoir cinq frères dont un disparu, vivre chez une tante folle de romans : telle est la situation de Gloria, jeune photographe, quand elle tombe amoureuse d'Arthur, peintre hyperréaliste, et d'un museum d'histoire naturelle abandonné. Dans une course contre le temps, Gloria et Arthur cherchent alors, chacun au moyen de son art, à capter ce qui peut l'être encore de ce monument avant sa démolition. Un défi à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les secrets de Gloria Vynil

Dans son nouveau roman, Rose-Marie Pagnard retrouve l'un de ses personnages, photographe et vidéaste, qu'elle va suivre dans un nouveau projet, alors que les ombres du passé se lèvent sur elle. Tragique et beau.

C'est sur la mort du père Vynil que s'ouvre ce beau roman. Une mort tragique et un épisode traumatique pour la fille qui voit douze chiens se jeter sur la victime d'un dépeçage en règle. «À travers l'éblouissant soleil elle voit une fourche avec un chien pendu au manche, elle voit des couleurs laides et papa couvert d'un manteau de chiens et de petits cochons. Ça ruisselle entre ses jambes et sur son visage, la voix de maman lui ferme les yeux, on préfère que, dit quelqu'un, oui, il vaudrait mieux que cette enfant oublie un tel massacre.»
Les années ont passé depuis le drame. Les enfants de la famille Vynil ont désormais quitté la ferme, à l'exception du plus jeune. «Till, le numéro un, avait été cuisinier sur un yacht et raconteur d'histoires (à l'exemple d'un personnage de Karen Blixen ou de Peter Hoeg), officiellement il s'était noyé (mais Gloria était persuadée qu'il vivait); Auguste, le numéro deux, s'était construit un studio dans l'ancienne grange de la ferme familiale et il écrivait des romans; Geoffrey, le numéro trois, avait été le chouchou fragile de sa maman avant de devenir tatoueur ambulant; Brunot, le numéro quatre, un dyslexique incurable, dirigeait une petite équipe d'employés de l'accueil à la Bibliothèque nationale de France et le bruit courait que les visiteurs sans expérience d'aucune bibliothèque se seraient perdus sans les explications vraiment merveilleuses de clarté de Brunot Vynil; enfin Rouque, le numéro cinq, s'occupait de la ferme et venait de faire un emprunt bancaire risqué pour l'installation d'un système de traite automatique.»
Quant à Gloria, elle vivait à Berne chez sa tante Ghenya qui «suivait les activités de sa nièce et fille adoptive, photographe et vidéaste, qu'elle voyait comme un être d'un modèle nouveau et inévitable issu non pas de sa bibliothèque mais du présent.»
Ceux qui suivent l'oeuvre de Rose-Marie Pagnard retrouveront ici l'un des personnages de J'aime ce qui vacille, roman paru en 2013 et qui, à la manière du Georges Perec de la vie mode d'emploi, détaillait les habitants d'un immeuble confrontés à la mort et au deuil. Gloria Vynil était alors une proche de Sofia, la défunte toxico.
On la retrouve donc au moment où, quittant le Kunstlabor, un atelier d'artistes, elle s'attaque à un nouveau projet: photographier le Museum d'histoire naturelle avant sa démolition. Elle ne peut alors se douter qu'elle va rencontrer là l'amour sous les traits d'un peintre, Arthur Ambühl-Sittenhoffen, qui poursuit un projet similaire. Avant le déménagement des collections et la destruction des bâtiments, il veut conserver sur ses toiles la mémoire du musée et s'est lancé le pari fou de poser sur ses toiles toute l'histoire du lieu. Rafi, le gardien du musée, le soutient dans sa folle démarche, tout comme il protège Vynil. En éloignant un homme qui s'approchait de sa demeure muni d'un couteau, il ignore toutefois qu'il s'agit de Geoffrey, mandaté par ses frères. Ces derniers avaient conclu un pacte pour venger leur père, persuadés que Vynil avait provoqué le grave accident dont il avait été victime. Mais où est la vérité? Quelle est la vraie version des faits?
De sa plume fine et sensible Rose-Marie Pagnard joue avec ce traumatisme fondateur et entraine le lecteur dans une quête aux multiples facettes. Alors que Gloria se rapproche d'Arthur, prépare la fête qui marquera la fin du Museum durant laquelle seront exposées leurs oeuvres, de nouvelles versions apparaissent, de nouvelles questions surgissent. À l'image de ce musée qui disparait, mais que l'on espère voir renaître, Gloria va tenter de se construire un avenir.


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Gloria Vynil est une photographe et vidéaste qui tombe amoureuse d'un musée d'histoire naturelle sur le point d'être détruit et d'un artiste qui y peint des oeuvres pour que le passé ne disparaisse pas. Elle a grandi entourée de cinq frères et d'une tante qui ne savent comment lui avouer un événement tragique de son enfance que Gloria peine à se remémorer.

L'autrice use d'une écriture empreinte d'une douceur lyrique et prenante pour nous permettre d'accompagner Gloria dans sa recherche de l'amour, de la reconnaissance et de ses souvenirs. Elle nous montre le chemin d'un univers situé entre rêve et réalité aux côtés de cette femme fragile mais décidée et de tous ceux qui l'entourent.

Une belle découverte d'un monde dont chaque personnage révèle un peu de son mystère sans toutefois se livrer entièrement.
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Gloria Vynil, la passionnée, vidéaste et photographe, se lance sans concession dans le projet de documenter la fin d'un muséum d'histoire naturelle voué à la démolition, aux côtés d'Arthur, que le hasard a mis sur son chemin – et dont elle tombe amoureuse - qui poursuit le même but envers ce lieu. Leur amour m'est apparu comme étrange et égoïste, car surtout porté par leur projet commun.

Evoluant dans un monde d'artistes, Gloria Vynil est une jeune femme originale. Sa famille lui cache un lourd secret : la mort de son père dans des circonstances dramatiques (attaqué par une meute de chiens). La petite Gloria, alors âgée de 6 ans au moment des faits, a totalement perdu la mémoire de cet épisode tragique mais ses 5 frères la tiennent pour responsable de ce décès et certains aimeraient lui rafraichir la mémoire. La vérité finira par éclater, douloureuse mais nécessaire.

Très loin de ma zone de confort, je dois avouer que dans les premiers chapitres, j'ai eu peur de devoir laisser ce livre de côté et pourtant je n'ai jamais abandonné une lecture. Je mets un point d'honneur, par respect pour les auteurs, à finir tous les livres que je lis. Je vais toujours jusqu'au bout aussi pour savoir si les choses s'améliorent et pour connaître la fin. Quelque chose dans le style de l'auteure m'a perturbée au départ et je n'arrive toujours pas à mettre le doigt dessus précisément : peut-être le ton un peu trop lyrique à mon goût ou la manière de parler des personnages ou encore l'univers spécial peuplé de bêtes empaillées dans lequel évoluent les héros ?

Au fil des pages, Gloria, notre héroïne fantasque, se laisse apprivoiser. le récit aussi, à mon grand soulagement mais pas au point de me faire apprécier pleinement l'histoire.

En résumé, un récit sur la culpabilité, l'amour, l'art et le poids du passé qui n'a malheureusement pas su me convaincre…


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Gloria est photographe, vidéaste et amnésique. Elle sent qu'il y a un événement dont elle devrait se souvenir, mais ça ne vient. Elle tombe amoureuse d'Arthur, un peintre qui essaye d'immortaliser les objets d'un musée d'histoire naturelle avant qu'il ne soit détruit. Gloria, au travers de ses photos en fera de même. Son passé va remonter avec l'aide de ces quatre frères et sous l'impulsion du cinquième qui a disparu. Elle va devoir gérer en parallèle ses souvenirs, sa culpabilité et son amour. L'histoire flotte entre rêve et réalité et l'écriture est belle et douce.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce même soir en regagnant sa chambre, Gloria avait découvert, collée sur la porte, une affiche du Museum d'histoire naturelle. Cette affiche reproduisait une peinture hyperréaliste de la Grande Galerie de zoologie plongée dans une atmosphère d’un bleu livide comme si son auteur annonçait théâtralement la mort de cette partie du Museum. Tout le monde savait que le Museum entier (construit cent cinquante ans auparavant sur le modèle du Museum d'Histoire naturelle de Paris) était condamné à sombrer corps et biens dans le néant pour être remplacé par un Musée de l’Évolution quelque part au bord d'une autoroute.
Mais sur l'affiche, la Grande Galerie à elle seule exprimait le plus pittoresque et irrésistible appel au secours, avec sa pyramide d’estrades chargées d'animaux exotiques, sa coupole d’où glissaient par les vitraux des flots de peinture céleste. Gloria s'était vue tomber de ce ciel avec son appareil photo et toute la vie devant elle, à faire la connaissance des bêtes empaillées, à les capturer à sa façon.
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Gloria survolait les débris de verre, les trous, les pavés arrachés, Gloria débordante de vie, avec son projet pétillant comme du champagne dans la fraîcheur du matin.
La rue aux arcades se réveillait au soleil, après une bataille nocturne, la casse vous sautait aux yeux, mais vous n’étiez pas obligé pour autant de vous gâcher la joie, après tout on était maintenant au matin, la journée promettait d’être sans limites, juin avait commencé.
Gloria était très belle, pour autant qu’on aime un nez franchement là, avec une très légère courbure à la racine et des yeux, une bouche, une silhouette qui demandaient que la vie soit une aventure. Ses jambes nues frissonnaient comme quand elle se glissait dans son lit et que l’envahissait la sensation d’une déclaration d’amour à son propre corps. Son lit, dans l’appartement qu’elle partageait depuis vingt ans avec sa tante Ghenya, au centre de la capitale. Une ville de cinq cent mille habitants, avec des arcades et des fontaines un million de fois photographiées, avec un fleuve, des ponts, des kilomètres de bâtiments administratifs, deux fours crématoires, des salles de fitness sur-occupées, des centaines de milliers de chiens bien nourris, des musées, un camp d’immigrés logés dans des conteneurs, des parcs toujours verts.
Gloria ne sait pas que sa tante Ghenya reste nuit et jour penchée sur elle pour la protéger avec ses armes de vieil ange, qui feraient un peu rire s’il ne s’agissait pas de moyens nobles, ayant fait leurs preuves : amour, intelligence, parole, ruse féminine inspirée. Donc vieil ange des plus respectables.
Gloria ignore aussi les intentions criminelles de ses frères, quatre vivants, un disparu. Gloria va et vient, mène sa vie, tandis qu’au loin et quelquefois tout près, Geoffrey ou un autre frère la guette pour lui rafraîchir la mémoire.
Ce matin Gloria marchait en réfléchissant à son projet. La rue était déjà bondée de piétons lancés vers leur travail.
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INCIPIT
Dans leur cage plantée à la lisière de la forêt, les grands chiens noirs menaient leur tapage matinal. Sur le seuil de la cuisine apparut, bien avant l’heure habituelle, une petite fille flottant dans une chemise de nuit bleue à motifs de voiliers blancs. C’était par pur désir de promener ces voiliers dans la cour de la ferme, comme sur la mer, que l’enfant était sortie seule de la maison. Il faut dire que la chemise venait de son frère Till, le navigateur, et que tout ce qu’elle se figurait qu’il faisait, elle devait le faire aussi. Elle avait l’air de boire la lumière, la clarté, les sons délicats de l’étable, ces choses exquises du réveil.
Les chiens s’étaient mis à pleurer, des larmes giclaient autour de leur cage coiffée d’éclairs bondissants, aide-nous, console-nous, criaient-ils. Et le soleil jouait sans se soucier de rien. Je pourrais leur apporter un morceau de rôti ou une assiette de lait, pensa l’enfant, ou les laisser filer dans la forêt.
Ses pieds nus l’emportent jusqu’aux odeurs puissantes, qui demandent en lettres rouges de ne pas ouvrir, de ne pas ouvrir ! Mais voilà la porte disloquée comme par magie. L’enfant la tire contre elle en reculant et les chiens – les douze molosses à revendre, dit maman –, les chiens volent droit sur l’étable où papa nettoie en sifflotant l’enclos des truies et des porcelets. L’enfant crie non, non ! allez dans la forêt, les chiens ! allez chasser et manger dans la forêt ! À travers l’éblouissant soleil elle voit une fourche avec un chien pendu au manche, elle voit des couleurs laides et papa couvert d’un manteau de chiens et de petits cochons. Ça ruisselle entre ses jambes et sur son visage, la voix de maman lui ferme les yeux, on préfère que, dit quelqu’un, oui, il vaudrait mieux que cette enfant oublie un tel massacre.
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Mais tu es amnésique, tes parents sont morts, tes cinq frères sont aussi éloignés de toi que des exoplanètes, oui ? Oui.
Till, le numéro un, avait été cuisinier sur un yacht et raconteur d’histoires (à l’exemple d’un personnage de Karen Blixen ou de Peter Hoeg), officiellement il s’était noyé (mais Gloria était persuadée qu’il vivait) ;
Auguste, le numéro deux, s’était construit un studio dans l’ancienne grange de la ferme familiale et il écrivait des romans ;
Geoffrey, le numéro trois, avait été le chouchou fragile de sa maman avant de devenir tatoueur ambulant ;
Brunot, le numéro quatre, un dyslexique incurable, dirigeait une petite équipe d’employés de l’accueil à la Bibliothèque nationale de France et le bruit courait que les visiteurs sans expérience d’aucune bibliothèque se seraient perdus sans les explications vraiment merveilleuses de clarté de Brunot Vynil ;
enfin Rouque, le numéro cinq, s’occupait de la ferme et venait de faire un emprunt bancaire risqué pour l’installation d’un système de traite automatique.
Ces hommes partageaient l’art d’éviter Gloria, ils lisaient son nom dans un journal, sur un flyer, ça leur suffisait.
De son côté Gloria, à la pensée d’une rencontre avec un de ses frères, tombait dans une paresse insurmontable, de sorte que la séparation allait pour s’éterniser. Gloria pouvait bien trouver amusant de dire mes frères sont de sacrés fumeurs ou mes frères sont des individualistes, la lumière de sa vie, si chaque vie est censée avoir besoin d’une lumière, venait du souvenir de Till, venait de tante Ghenya, venait un peu de sa mère.
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Les nageurs sortent de l’eau et Till dispose sur la table les boissons, les sandwichs, les fruits, un sac isolant avec les glaces. Il aimerait ajouter à ce pique-nique la mer illimitée, des maisons petites et colorées de ports nordiques, des villes et des langues inconnues, des odeurs de pétrole et des cris d’oiseaux inconnus. Il aimerait leur raconter des histoires, ne l’a-t-il pas toujours fait ? Mais peut-être que ces hommes – ils sont trois autour de la table – ont trop de singulière fantaisie et qu’ils s’enflammeraient au moindre conte. Il espère qu’un jour ils seront libres, mais ne sont-ils pas heureux, plus heureux, plus insouciants que lui ?
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Vidéo de Rose-Marie Pagnard
Présentation de "Gloria Vynil" par son auteure, Rose-Marie Pagnard. En librairie dès le 4 février 2021. Film réalisé par Claude Stadelmann.
https://editionszoe.ch/livre/gloria-vynil
Porter en soi une amnésie comme une petite bombe meurtrière, avoir cinq frères dont un disparu, vivre chez une tante folle de romans : telle est la situation de Gloria, jeune photographe, quand elle tombe amoureuse d'Arthur, peintre hyperréaliste, et d'un Museum d'histoire naturelle abandonné. Dans une course contre le temps, Gloria et Arthur cherchent alors, chacun au moyen de son art, à capter ce qui peut l'être encore de ce monument avant sa démolition. Un défi à l'oubli, que partagent des personnages lumineux, tel le vieux taxidermiste qui confond les cheveux de Gloria et les queues de ses petits singes. Avec le sens du merveilleux et le vertige du premier amour, Gloria traverse comme en marchant sur l'eau cet été particulier.
Rose-Marie Pagnard jongle avec une profonde intelligence entre tragique et drôlerie pour nous parler de notre besoin d'amour.
+ Lire la suite
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