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EAN : 9782742758920
199 pages
Actes Sud (30/12/2005)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Si l'œuvre et le nom de Pak Wansô sont si célèbres en Corée-du-Sud, cela tient en bonne partie au succès des Piquets de ma mère, roman "populaire", au meilleur sens du terme et du genre. En trois épisodes qui, d'une génération à l'autre, lui suffisent à mesurer tout un siècle, Pak Wansô met en scène des moments clefs de l'histoire de son pays. Son héroïne n'est encore qu'une enfant lorsque sa mère, cédant à l'exode rural, fait le pari de planter les piquets d'une no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ouvrage emprunté à la médiathèque- Lecture 27 janvier 2022

Une forte et belle émotion en découvrant cette auteure coréenne pour la toute première fois. Une des joies supplémentaires lorsqu'on fouine abondamment en bibliothèque ; on fait des découvertes étonnantes… !

Une seule histoire narrée en trois récits distincts ; mon préféré reste le tout premier, mettant en scène une petite fille, qui raconte à sa hauteur d'enfant, ses premiers contacts avec le monde ; et le sien c'est un village, à la campagne, en Corée du sud. Ses grands-parents l'élèvent seuls, la maman étant partie à la ville, à Séoul, avec son fils aîné, élève brillant, afin qu'il y poursuive ses études , réussisse pour lui mais aussi pour toute sa famille ; lourd fardeau pour un jeune garçon. Après quelques années, La mère revient chercher sa petite fille, car elle souhaite aussi qu'elle étudie, qu'elle devienne une « Femme moderne », indépendante et libre. L'enfant n'est guère enthousiaste de quitter ses grands-parents, mais elle est heureuse de pouvoir retrouver son grand –frère.

« Mais ce qu'ils attendaient de leur petit-fils, qu'en allant à la ville il réussisse quelles que soient les difficultés était un lourd fardeau pour un adolescent fraîchement sorti de l'école primaire. Parce que j'étais proche de mon grand frère et que je l'aimais profondément, je pouvais sentir avec lui, même obscurément, le poids qu'on lui faisait porter, j'en étais malheureuse et il me faisait pitié. Contrairement aux autres filles de mon âge, je n'éprouvais aucune curiosité pour cet endroit que les gens du village appelaient la grande ville,que ce soit Songdo ou Séoul, qui me faisait peur, peut-être parce qu'on disait que, si on allait à la ville, il fallait absolument réussir. » (p.23)

Mais qu'elle n'est pas la surprise fort décevante de cette petite fille. La fameuse ville n'est pas l'Eldorado attendu; cette mère Courage trime avec des travaux de couture pour une maison de geishas...accepte des petits boulots... de même , le grand frère se démène, étudie avec acharnement pour soulager au plus vite sa mère !

Car ils sont loin des rêves espérés, imaginés, ils sont encore après des années de bagarres et de ténacité, toujours des "Hors-les-murs", c'est-à-dire à la périphérie de Séoul, dans des quartiers insalubres, tenant plus de "bidonvilles"...que d'autre chose !!

A force de courage et de détermination, la situation de cette Mère et de ses deux enfants s'améliorera doucement... Un portrait féminin et maternel, saisissant, forçant l'admiration...Elle veut tant une vie meilleure pour son fils comme pour sa fille !

Dans le second texte, on retrouve la petite fille, adulte, épouse et mère de famille, dans une situation aisée. Celle-ci, un soir faisant la fête chez des amis, veut oublier quelques heures ses obligations familiales. Lorsqu'elle rentre chez elle, éméchée et raccompagnée par ses amis, elle retrouve les siens: mari, enfants , décomposés par l'angoisse, car la grand-mère [Notre Mère Courage du début de l'histoire] a fait une mauvaise chute dans la neige, et se retrouve hospitalisée; s'ensuivent les préoccupations médicales pour cette vieille femme de 86 ans, devant subir une opération délicate...Au fil de cet incident fâcheux, la fille évoque l'engagement militaire du frère aîné, le fils adoré, qui mourra tragiquement et injustement à cause de la folie du pays et du fanatisme des "rouges", des communistes, et d'autres souvenirs pénibles, éprouvants lorsque la Mère et la fille se sont retrouvées seules, avec un nouveau régime politique aussi terrible et suspicieux, que le précédent, communiste...

Le troisième texte se poursuit chronologiquement: la convalescence et le courage toujours immense de cette Mère âgée, qui ne se plaint pas, ne veut pas peser sur sa fille et son gendre... ce troisième texte met aussi en lumière les traditions, les usages touchant à l'appréhension de la vie des Vieilles personnes, dont les enfants ont le devoir sacré de s'occuper...

Un récit en trois grandes parties, suivant toute l'existence de cette Mère Courage, de sa fille et de ses petits-enfants...dans un contexte économique et politique complexes et pétris d'injustices et de persécutions successives. Ce livre est d'autant plus bouleversant que le style de l'auteure se refuse à toute complaisance et toute surenchère. Il y a une sobriété et une pudeur qui marquent d'autant plus.

Une découverte intense... Je vais m'empresser d'emprunter à ma médiathèque un autre de ses écrits :" Trois jours en automne"....

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Première remarque, j'ai lu ce très joli roman, assez autobiographique, dans une édition Actes Sud, datant de 1993 (je l'ai acheté d'occasion). Et dans cette édition le titre est "LE PIQUET DE MA MERE".
Bon, ce qui veut dire qu'au fur et à mesure des éditions, la mère a rajouté des piquets (je plaisante !).
Un très joli roman ou récit car la part autobiographique est extrêmement importante.
Le récit est du point de vue d'une "gamine", et cela fait partie du charme de l'ouvrage.
Gamine entourée d'affection de la part d'une grand-mère, inconsciente des difficultés de la vie quotidienne, puis investie d'une mission impossible de la part de sa mère : devenir une femme moderne, sans que ni la gamine ni la mère elle-même ne sache très bien de quoi il retourne.
La mère, prisonnière de ses piquets, de ses rêves, de ses fantasmes, de ses espoirs, dans une Corée en pleine transformation, a compris que l'avenir n'était pas dans la campagne mais dans LA VILLE. Mais cette ville n'accueille pas les paysans, elle les laisse en dehors. Elle les prend en fonction de ses besoins, puis elle les rejette. La petite fille ressent très vite, trop tôt, ce rejet.
Le récit est sobre, sans jugement. Chacun des personnages est vivant, ou essaye de l'être, avec ses espoirs, les pesanteurs, morales, sociales, ses contradictions entre les traditions et les appels du progrès.
Un récit sobre qui se marie à une écriture simple, épurée, non dénuée d'émotions, qui met en lumière l'histoire de la Corée.

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Une très belle histoire, racontée à travers les yeux d'une petite fille mais avec le regard d'une femme, sur fond d'exode rural et de colonisation japonaise. Certes, ce n'est pas une histoire très heureuse, mais il s'en dégage une candeur et une mélancolie très touchantes qui l'empêchent de tomber dans la registre du pathétique ou du misérable. Un roman qui en dit beaucoup sur la culture coréenne, à une époque où tout était si radicalement différent.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Qu'est-ce qu'elle fait,la femme
moderne ?
(...)Maman ne m'a pas répondu tout de suite.Elle avait l'air très gênée.Les adultes ont souvent ce visage-là.Je savais que c'était l'air qu'ils prenaient quand ils avaient mal et faisaient semblant d'aller bien ou qu'ils étaient tristes et faisaient semblant de ne pas l'être. Je supposais que maman,tout en ne sachant pas,voulait faire semblant de savoir et je la regardais avec un grand sourire. Elle m'a répondu en balbutiant.
"La femme moderne,comme elle a beaucoup étudié, n'ignore rien du cours des choses,et c'est une femme qui peut faire tout ce qu'elle veut,comme elle veut" (p.37)
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Mais ce qu'ils attendaient de leur petit-fils, qu'en allant à la ville il réussisse quelles que soient les difficultés était un lourd fardeau pour un adolescent fraîchement sorti de l'école primaire. Parce que j'étais proche de mon grand frère et que je l'aimais profondément, je pouvais sentir avec lui,même obscurément, le poids qu'on lui faisait porter, j'en étais malheureuse et il me faisait pitié. Contrairement aux autres filles de mon âge, je n'éprouvais aucune curiosité pour cet endroit que les gens du village appelaient la grande ville,que ce soit Songdo ou Séoul, qui me faisait peur, peut-être parce qu'on disait que, si on allait à la ville, il fallait absolument réussir. (p.23)
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Comme c'était l'eau qu'il nous fallait acheter, nous ne l'utilisions que pour les repas. Dès qu'il pleuvait, maman, dans son souci de ne pas perdre une goutte, sortait les jarres et les casseroles pour recueillir l'eau. Elle faisait la lessive et nous disait de nous en servir pour nous laver. Quand nous étions terrifiés parce qu'il y avait des larves de moustique dans cette eau avec laquelle il nous fallait nous laver, elle la passait au tamis et nous obligeait à nous laver, en veillant à ce que nous n'en gaspillions pas une goutte. Avec l'eau avec laquelle nous nous étions débarbouillés, nous nous lavions les pieds, avec l'eau où nous nous étions lavé les pieds, elle lavait la serpillère, puis elle versait l'eau où elle avait lavé la serpillère dans le coin de la bourse-cour où j'avais planté les fleurs. Et tous les matins, Maman surveillait sévèrement ce processus de l'utilisation complète de l'eau.
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En voulant me fabriquer une situation différente de celle des enfants de mon quartier, maman avait construit de force en moi un sentiment de supériorité, mais avait-elle pensé une seule fois qu'il suffirait que je franchisse la crête pour que ce sentiment de supériorité, devienne un complexe d'infériorité ? Le complexe de supériorité et le complexe d'infériorité, provenant du sentiment d'être différents,font partie du même clan.(p.76)
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En me réprimant d'une voix étouffée, mon grand-frère a cinglé sans pitié mes maigres mollets de sa baguette. J'ai supporté très longtemps la douleur d'être fouettée. Mais capituler était plus difficile que supporter la douleur. (p.51)
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Videos de Wan-seo Pak (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Wan-seo Pak
Présentation de la novella "Trois jours en automne", de la romancière Pak Wan-seo, traduite en français par Benjamin Joinau et Lee Jeong-soon.
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