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Freddy Michalski (Traducteur)
EAN : 9782264049872
532 pages
10-18 (04/06/2009)
3.68/5   88 notes
Résumé :
Au Tibet, dans un camp de travaux forcés, la découverte d'un corps décapité fait planer l'ombre d'un démon. Quand les prisonniers terrifiés s'insurgent, c'est l'un des leurs, Shan Tao Yung, qu'on charge de l'affaire. Pour les sauver de l'exécution, il n'a d'autre choix que de pénétrer au cœur barbarie chinoise, jusque dans l'antre du dragon…
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Parce qu'il a mis en cause un haut dignitaire du Parti dans une affaire de corruption, l'inspecteur Shan Tao Yun a été envoyé dans un camp de travaux forcés au Tibet. Depuis trois longues années, il combat le froid, le faim, les humiliations, les coups en compagnie des moines tibétains qui constituent le gros des prisonniers. En construisant ponts et routes, la 404è brigade participe malgré elle à la conquête du Tibet par les chinois.
Un jour, le corps d'un homme décapité est retrouvé sur une corniche dans les contreforts de la gorge du dragon. Tan, le colonel chinois en charge du comté de Lhadrung, soucieux de ne pas impliquer Pékin, décide de confier l'enquête à Shan. Il veut un travail rapide et discret et Shan de son côté souhaite sauver la vie de ses codétenus qui se sont mis en grève depuis la découverte du corps et le refus des autorités de les laisser célébrer les rites bouddhistes permettant à l'âme du défunt d'être libérée. Surveillé par un gardien, Shan retrouve le goût de la liberté et sillonne les montagnes tibétaines à la recherche d'un tueur qui, selon certains, serait un démon.

Bien sûr il y a une enquête, d'ailleurs bien menée, mais ce livre se situe au delà du polar. C'est une plongée dans la culture et le bouddhisme tibétains, malheureusement mis à mal par la Chine. Les autorités ont envoyé par milliers des Han pour occuper les principales villes du Tibet, chercher à faire des locaux une minorité bientôt acculturée. Les rites sont interdits, les monastères en grande partie détruits, les lieux sacrés pillés, les moines emprisonnés et torturés. Pékin ne manque pas d'imagination pour asservir une population qui a longtemps lutté pour sa survie, qui ne s'est jamais résignée et qui continue la résistance passive, en préservant secrètement ses traditions et sa religion.
Dans les pas de Shan, ex-inspecteur et prisonnier politique converti à la méditation par ses codétenus, Elliot Pattison nous emmène au coeur du Tibet, de ses majestueuses montagnes jusque dans ses monastères cachés, de ses marchés bigarrés à ses mines riches en matières premières, de ses petits villages jusqu'à Lhassa capitale pillée et défigurée. Mais il ne fait pas dans le manichéisme. On sent bien que le régime chinois n'est pas tendre non plus pour les siens qui ne peuvent se démarquer de la ligne du Parti sans risquer le pire.
Une belle découverte et un gros coup de coeur pour le Tibet et pour Shan et ses compagnons.
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Shan Tao Yun, ancien inspecteur chinois, est détenu depuis 3 ans au sein de la 404è brigade de construction du peuple, un camp de travaux forcés dans le comté de Lhadrung au Tibet. Entouré de moines bouddhistes prisonniers tout comme lui, il apprend à méditer et tente de survivre aux rudes conditions du camp. Un jour, le corps d'un homme décapité est retrouvé sur leur lieu de travail et le colonel Tan confie l'enquête à Shan, lui demandant de classer bien vite l'affaire... Mais Shan n'est pas homme à bâcler son travail et, soudain libre de ses mouvements, il se livre à une véritable enquête malgré la menace qui plane sur le camp à cause de la grève que mènent les moines tibétains prisonniers pour apaiser la colère des dieux ! En effet, l'homme retrouvé mort n'a pas été tué dans les conditions permettant à son âme de trouver le repos...

C'est un roman époustouflant, dense, très bien écrit qui nous livre un poignant témoignage sur le Tibet d'aujourd'hui. A la lecture de ce roman, et même si nous savons tous que la condition des tibétains est loin d'être enviable, particulièrement pour les moines bouddhistes exilés, nous nous rendons véritablement compte de la détresse de ce peuple brimé, colonisé par des Chinois qui non seulement ne respectent pas la culture des tibétains mais qui les méprisent !! Alors, certes, c'est avant tout un roman dont le point de vue est tranché et qui manque très certainement de nuance mais personne ne peut nier que le Tibet a bel et bien été envahi en 1950 par la Chine et que la sinisation démographique du pays avec, notamment, l'installation massive de Chinois dans les villes d'importance, a toute les chances de faire disparaître la culture tibétaine!
Et Eliot Pattison ne s'y trompe pas : il dénonce avec force cet état colonial avec son lot de démolitions de monastères, sa politique de constructions massives (de routes notamment) qui dénaturent de nombreux sites naturels, ses prisons où les détenus tibétains sont maltraités, ses administrations presque exclusivement dirigés par des Chinois, ses émigrations massives de "Han" qui visent à rendre minoritaire la population tibétaine... de quoi nous rappeler que ce n'est pas parce que personne n'en parle que cela n'existe pas !

Vous l'aurez donc compris, ce livre n'est pas un simple polar et l'enquête policière n'est pas, pour moi, le principal intérêt de ce roman. Ceci étant dit, l'intrigue est très bien menée et on suit avec plaisir l'ex-inspecteur Shan dans les montagnes lors de ses visites dans les monastères autorisés (les gompas), au village ragyapa (communauté tibétaine bouddhiste qui découpe les cadavres sur une colline sacrée et les donne en pâture aux vautours), dans le fouillis du marché de Lhadrung ou encore dans la mine américaine... autant de lieux très bien décrits où les croyances et les traditions sont respectées, même si pour cela, les rites doivent être pratiqués en secret... L'inspecteur Shan se révèle être un fin psychologue et nous rappelle que les méchants ne sont pas toujours dans un seul camp!

Bref, une lecture instructive et captivante pour un roman presque parfait! ;-)
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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Un petit roman policier historique de chez 10-18 : c'était un peu l'a priori que j'avais en ouvrant ce livre, un peu par hasard. Préjugé démenti dès les premières lignes : un moine bouddhiste se tient en équilibre sur le bord d'un précipice, le narrateur court vers lui, convaincu qu'il va se suicider, au mépris de tous ses principes religieux, pour échapper à la vie dans un camp de travail chinois...De fait, la brigade de travaux forcés, comprenant essentiellement des moines tibétains, vient de découvrir un cadavre décapité. le narrateur, Shan, policier chinois condamné pour avoir découvert une vérité dérangeante sur un ministre, est appelé par les autorités chinoises pour enquêter sur l'affaire... de préférence en prouvant qu'il s'agit d'un accident (l'élaboration de scénario expliquant comment un cadavre peut se décapiter tout seul est un des rares moments hilarants du roman). Une impossibilité pour Shan, car les moines refusent de reprendre le travail tant que le chantier de la brigade n'a pas été purifié, par la vérité ou par des rites interdits que les prisonniers paieront de leur vie. Dans ce très bref résumé tient à mon avis toute l'ambiguïté du roman. Certes, c'est un roman policier, avec une vraie enquête et une vraie plongée dans un milieux. Mais voilà, impossible de rester centré sur une énigme dans le contexte décrit. A toutes les pages, un détail donne envie de hurler d'indignation ou de pleurer : des moines dont on a coupé le pouce pour les empêcher de dire leur chapelet aux enfants nés de moines et de religieuses forcés de rompre leurs voeux de chasteté sous la menace des soldats chinois, des prisonniers que l'on condamne à mourir de froid aux lieux sacrés profanés... Une longue énumération des persécutions perpétrées au Tibet, avec une question qui ne vous lâche pas : réalité ou fiction ? Car le livre n'est pas une charge contre la Chine : les chinois eux-mêmes sont persécutés, victimes d'un système qui les écrase. Difficile du coup de juger ce livre comme un roman. L'intrigue est intéressante, mais ralentie par le contexte trop lourd.
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Difficile de noter un roman dans lequel on s'est perdu mais avec le sentiment d'avoir affaire un polar réussi.
Tout commence par la grève de prisonniers tibétains qui refusent d'obéir à leurs geôliers chinois qui les emploient à construire une route de montagne, grève au motif que le dragon de la montagne a été réveillé par un meurtre. Voilà une idée qui n'est pas encore venue à la CGT qui manque, sans doute, de connaissance en bouddhisme tibétain. Car c'est là le noeud du roman la confrontation entre les moines tibétains et leurs oppresseurs chinois, le matérialisme des occupants se heurte à la religiosité de la société imprégnée d'un bouddhisme rigoureux.
Donc à proximité d'un camp de moines prisonniers un cadavre décapité est retrouvé ce qui va entrainer une suite de réactions en chaine dont la remise au service d'un enquêteur chinois lui-même prisonnier pour avoir été trop curieux à Pékin. le dénommé Shan bon connaisseur du bouddhisme tibétain et accepté par les moines va naviguer au milieu d'une intrigué sacrément compliquée qui a vite fait de perdre le lecteur insuffisamment attentif comme je l'ai été.
Pour celui qui s'impliquerait mieux il faut en passer par un apprentissage de l'organisation du clergé au Tibet, des rites et traditions ainsi que des rapports entre les sortes de « castes » qui forment la société, à cela s'ajoute les structures du pouvoir chinois qui bien sûr luttent entre elles.

Comme l'auteur est américain il fallait que ses compatriotes participent, ils sont présents au travers d'une compagnie minière ayant une concession dans ces montagnes perdues.

Si l'on retirait toute la dimension religieuse du roman il resterait une intrigue somme toute assez classique avec les personnages antagonistes habituels, le mérite du roman est de la noyer dans une sorte d'ésotérie qui embrouille ou fascine selon le ressenti du lecteur, faisant partie des embrouillés je ne découragerai pas ceux qui sont prêts à suivre un roman totalement dépaysant et sûrement épatant si l'on fait l'effort requis.
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Shan est un ancien inspecteur des finances de Pékin qui s'est retrouvé dans un camp de rééducation par le travail au Tibet pour avoir mis le nez dans une affaire de corruption impliquant un ministre.
Un jour pendant qu'il effectuait des travaux forcés, un corps sans tête est retrouvé dans « la gorge du dragon ». Pour les prisonniers tibétains de nature très superstitieuse, un démon rode dans les parages et ils décident donc de faire grève tant qu'un rituel ne soit pas effectué. L'ancien inspecteur est prié d'enquêter pour résoudre le meurtre et éviter une confrontation sanglante entre détenus et autorités.
Une enquête qui s'avère difficile pour Shan de par son statut de prisonnier tout d'abord, par les autorités peu enclines à coopérer et par les langues qui ne se délient pas facilement autour de cet assassinat. L'enquête piétine, avance lentement, très lentement même ! D'ailleurs l'auteur je trouve a misé davantage sur l'histoire du Tibet, son invasion par la Chine et sur ce qui en a résulté.
Et c'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant à découvrir dans ce roman, l'immersion dans la culture et les croyances tibétaines où le bouddhisme est très présent. L'auteur prend parti pour ce peuple et relate l'invasion du Tibet par la Chine communiste de Mao dans les années 1950 où les temples et les monastères ont été détruits et pillés et les moines bouddhistes persécutés et emprisonnés dans de camps de travail aux conditions de vie difficiles. Un roman très documenté donc mais aussi très enrichissant.
Par contre, je ne l'ai pas toujours trouvé facile à lire à cause de tout un vocabulaire propre à la religion bouddhiste qui m'était inconnue et tous ces personnages à retenir. Mais il reste un livre très dépaysant à découvrir.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le marché était un fouillis d’étals enchevêtrés et de vendeurs à la sauvette devant leur couverture disposée à même la terre battue. Shan ouvrit grands les yeux pour mieux absorber tout ce qui se présentait dans son champ de vision. devant lui, il y avait plus de vie qu’il n’en avait vu en trois ans. Une femme proposait du fil en poil de yack, une autre déclamait les prix de pots de beurre de chèvre. Il tendit la main et toucha le dessus d’un panier plein d’œufs. Il n’avait pas mangé d’œufs depuis son départ de Pékin. Il aurait pu rester là des heures, simplement à les contempler. Le miracle des œufs. Un vieil homme s’affairait à disposer avec raffinement un ensemble de torma, les effigies à base de pâte et de beurre utilisées comme offrande. Des enfants. Le regard de Shan s’arrêta sur un groupe d’enfants en train de jouer avec un agneau. Il lutta contre l’envie violente d’avancer et d’en toucher un, pour se prouver qu’il existait encore une telle jeunesse, une telle innocence.
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- Ce qui est drôle, c'est que deux jours après mon retour à la maison, l'heure de ma femme est arrivé.
Shan le fixa d'un oeil incrédule.
- Je suis...
Je suis quoi ? pensa-t-il. Désespéré ? Furieux ? Paralysé par l'impuissance face à ce qui était arrivé ?
- Je suis désolé, dit-il.
Lokesh haussa les épaules.
- Un prêtre m'a dit que quand une âme est mûre, elle se contente de tomber de l'arbre, comme une pomme. J'ai pu être à ses cotés quand son heure est venue. Grâce à toi.
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"Il se surprit à contempler dans le bureau extérieur un employé qui taillait des crayons. Il avait oublié qu'on taillait les crayons. Tout comme il avait oublié les innombrables gestes minuscules qui rythmaient les heures de la journée dans le monde extérieur. Il serra la mâchoire, luttant contre la question qu'aucun prisonnier du camp n'osait jamais se poser : serait-il capable de vivre à nouveau hors des murs ?" (10/18 - p.92)
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"C'est toujours ainsi que les choses se passaient, de cette même manière, abrupte et inattendue, comme s'ils se trouvaient poussés soudain par une voix que nul autre qu'eux ne pouvait entendre. Le suicide était un grand péché, et sa conséquence certaine, une réincarnation sous une forme de vie inférieure. Mais choisir de revivre à quatre pattes pouvait être une solution tentante face à la seule autre possibilité : une vie sur ses deux jambes dans une brigade de travaux forcés chinoise." (10/18 - p.12)
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L'Américaine lança les bras en l'air en signe d'exaspération.
- C'est comme pour obtenir mon permis d'exploitation. Je les ai demandés alors que j'étais en Californie. Ils m'ont répondu qu'aucun permis ne pouvait être délivré parce que je n'étais pas sur place en train de travailler. J'ai dit que j'allais venir ici pour faire une nouvelle demande. Ils m'ont répondu que je ne pouvais pas faire le voyage jusqu'ici sans permis de travail.
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