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EAN : 9782073014108
88 pages
Gallimard (09/02/2023)
3.5/5   12 notes
Résumé :
« Partout le chaos règne, mais ne vous en souciez pas, continuez d’écrire. Ce sont les paroles de mon éditeur. Je lui réponds que j’essaie, que je viens même de terminer un court texte, un récit plus ou moins tragique, une histoire saisissante, je crois. »
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Que restera-t-il de ce tout petit livre ? Même pas un souvenir. le pire c'est que je m'en souviendrai comme le livre qui n'a rien à dire - c'est fou ! C'est gagné du coup. Parce que l'histoire est presque ridicule de prime abord : sur conseil de son éditeur, notre narrateur-auteur ne peut pas écrire sur ce qui le chagrine sans risquer un procès. Alors, il n'écrit pas dessus, mais autour (on croit comprendre quand même !). La plume est belle, et l'embarras sincère. le nôtre aussi parce qu'il écrit sur ce qui reste, autour de ce qui manque, de ce qu'il ne peut pas nommer. Il reste sur l'essentiel, le souvenir, le vide autour. C'est pas simple hein ! de défendre tant bien que mal le manque... d'intérêt.
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Une écriture fluide, limpide, chichement imagée, donc très narrative, n'en livre pas moins un roman énigmatique.
Le récit tourne autour de ce qui ne peut être écrit, à proximité d'un secret impubliable. Dès lors, l'auteur parle de ce qu'il a connu de beau avec des êtres et des lieux perdus, abandonnés ou qu'il n'a pas su protéger.
Il aimerait parler de ce qui lui est arrivé de triste, mais son éditeur le lui interdit. Pourtant le manuscrit confié est excellent, lu et détruit dans la foulée parce que des tiers sont mis en cause.
Marc Pautrel en est réduit à décrire ses manques, il écrit encore et toujours, car la vie continue, envers et contre son éditeur, parce qu'un écrivain est bien tenu d'exposer la réalité qui est la sienne et dont il est comptable.
La démarche me laisse mitigé. Seul subsistera un souvenir flou de ce qui a croisé ma vie de lecteur, lors d'une fin de matinée, veille de Pâques. Un vague souvenir, rien de merveilleux.



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Une écriture poétique, épurée. Un livre succinct, marque de fabrique de l'auteur, d'où sortent, là, seulement quelques fils qui, s'ils ne sont pas le silence, ne reflètent peut-être pas exactement la brute réalité ?...
Doit-on deviner que les grands-parents, trop proches en âge du narrateur, sont les parents ? Ou que les parents, le cas échéant extrêmement jeunes, invisibilisés, sont la cause du mal ? Ou d'autres choses encore ?... le mystère est insondable. Non publiable, a dit l'éditeur. Mais des choses sont dites, comme une infime poignée de pièces d'un puzzle de mille pièces jetées là. L'on y distingue seulement de l'ombre, l'ombre du mal.
Ce livre m'a touchée, pour sa description du vide, du manque, de la rupture familiale totale, du chaos, de l'impossibilité de résoudre ce chaos, de l'obligation de fuir, de s'exiler, se protéger, survivre, réussir à trouver de la beauté dans la vie, la solitude... Tout en subtilité. Tel un effleurement. Il pourrait être dit mille fois plus, en mille fois plus de mots, tout aussi jolis et sensibles, et tout aussi essentiels, que je ne saurais m'en lasser. Mais le monde, aujourd'hui, aime le peu. Pas trop de détails, ne pas s'attarder sur un coucher de soleil, aller à l'essentiel ; les maisons l'intiment, les écrivains se l'approprient, et les lecteurs s'habituent à aimer, à se contenter de ce peu de mots, épurés (mais toujours profonds et justes), pour ce qui est de la littérature contemporaine (la vraie comme celle de Marc Pautrel ; pas la littérature de boulevard, 90% des publications de ce siècle).
La raison du mal est effacée, suggérée, mais pouvant mener à mille fausses pistes. Ne demeure que l'après-chaos. L'on ne garde que le souvenir du vide abyssal de la perte – voulue, subie ou forcée –, une nostalgie de l'enfance, un chagrin, un désespoir, l'impuissance perpétuelle à réparer le mal.
D'une rare sensibilité.
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C'est un texte très court, très triste, très beau, dominé par une ombre qui n'est jamais nommée, qui a semé le chaos dans la famille du narrateur, le chaos et la désolation - comment reconstruire les corps avec des mots ? Comment nommer le mal ? Est-ce possible ? Souhaitable ? L'écrivain est dans un entre-deux intenable : se libérer ou s'enfermer. Révéler ou ravaler. Il fait comme il peut, et ce peu est très réussi.

Marc Pautrel, écrivain aux récits brefs, choisit de celer le mal mais de ne pas tenir la douleur à distance - il ne lui ouvre toutefois pas totalement la porte. Il la laisse advenir, s'installer, dire ce qu'elle a à dire - mais il la contient dans une langue maîtrisée, grave, belle.

Au bout du livre, il y a tout de même un peu de lumière, celle que l'écrivain va chercher, loin derrière lui et peut-être (un peu) devant.

Un merveilleux souvenir. Un avenir qui hésite.
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critiques presse (2)
LeMonde
22 mai 2023
Au-delà de l’histoire d’un roman impossible, Un merveilleux souvenir est aussi un livre qui explore l’acte même d’écrire, et le prix qu’on est prêt à payer : se fâcher avec ses proches, aller au procès, renoncer à un texte auquel on ­tenait.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
16 mai 2023
Au-delà de l’histoire d’un roman impossible, Un merveilleux souvenir est aussi un livre qui explore l’acte même d’écrire, et le prix qu’on est prêt à payer : se fâcher avec ses proches, aller au procès, renoncer à un texte auquel on ­tenait.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une maison c’est important, c’est comme un second corps entourant son propre corps. Avant qu’il y ait une maison quelque part, il n’y a rien, seulement un champ abandonné ou un terrain vague. J’ai vu le terrain nu où la maison de mes grands-parents fut construite, ils étaient là, ils ont pris une photo : un espace vide qui attendait des corps, qui nous attendait. Puis la maison est apparue, elle a été construite en quelques mois, parpaing après parpaing, fenêtres, charpente et tuiles, carrelage et moquette, portes et prises électriques, un espace protégé pour accueillir des corps, pour accueillir mes grands-parents, ma sœur et moi.

*

À présent, il n’y a plus rien. Cette maison m’a été retirée, en quelques heures et pour toujours.

*

Bien entendu, je connais l’origine de tout. Mais je n’ai pas le droit de le dire ici, je peux seulement décrire les vestiges, montrer le champ de ruines.
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Je regarde ensuite les voiliers miniatures que les enfants empruntent au loueur puis laissent dériver au gré du vent sur ce bassin devenu leur océan de poche. Je vois les petits courir au tour de la pièce d'eau pour suivre la progression de leur vaillante embarcation. Je ressemble à ces voiliers, je ne coule jamais mais je reste à la merci des vents opposés.
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Ma grand-mère est l’être le plus intelligent et le plus inflexible, le plus drôle aussi, que j’aie jamais connu. Elle a perdu son père quand elle avait douze ans, elle en est restée à jamais esseulée, et même abandonnée. C’est comme si, soixante-dix années plus tard, elle était toujours une enfant, attendant, debout au bord de la route, que son père adoré vienne la chercher à la sortie de l’école.
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Il fait bientôt très beau et très chaud, mais la plus belle ville d’Europe est comme abandonnée, tous ses habitants semblent morts, ou disparus, envolés, enlevés, en vérité ils sont emprisonnés chez eux, ils sont confinés.
Ce qui s’est passé pour moi, au cœur de ma famille, et ce que je vis maintenant, à l’instant où j’écris ces mots, c’est exactement comme un confinement : la solitude à l’intérieur du bonheur, un immense manque, quelque chose qu’on aurait oublié, qu’on saurait avoir oublié, mais sans plus savoir de quoi il s’agit. Voilà comment je suis aujourd’hui : comme un confiné, perdu dans une ville que la folie des gouvernants a vidée de ses corps. J’appelle et personne ne répond, parce que là où je me trouve il n’y a plus que moi.
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On ne me reproche rien, on ne me censure pas, mais on donne la possibilité au monde, en l’occurrence aux personnes qui ont croisé ma route, de nier le fait que je les ai croisées et que j’ai ressenti à leur contact un sentiment de désespoir ou de peur. Mon éditeur lui-même n’y peut rien, il navigue au milieu d’un monde éditorial bouleversé où l’Art est lentement remplacé par le pur commerce.
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