Pour être honnête j'ai failli abandonner cette lecture... puis bien entendu j'aimerai connaitre le dénouement, et donc on continue une page après l'autre... et puis à vrai dire quand on arrive à la fin on se rends compte qu'on n'a pas vraiment compris ou l'auteur aurait sans doute aimer nous emmener... dommage !
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Reconnaissant Brutus parmi ses assassins, Jules César aurait demandé: «Toi aussi, mon fils?» Le premier roman de Jonathan Pedneault fait de cette question une affirmation.
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Mais il est vrai que l’amour filial peut parfois être une chose aveugle. J’aime ce que je n’ai pas, c’est toi, si distant, écrivait Neruda. Et il avait bien raison, le Chilien. Sans doute me faudra-t-il d’abord avoir ce que je n’ai pas et savoir ce que je ne sais pas avant de me libérer de mes a priori filiaux. L’objectivité se doit d’être cultivée et appréciée, et je serais idiot de me limiter au seul récit personnel de mon père si je persévère dans l’espoir de reconstituer et d’honorer sa mémoire. Et il me faut persévérer.
Cette femme que j’aime et qui te porte fait partie de ces êtres aériens, à jamais emportés par le vent des choses et incapables d’un retour posé vers les lieux de départ qui les ont vus s’envoler. En apprenant son histoire, tu le lui pardonneras sans doute. Les obsessions pour le passé sont souvent indigestes aux yeux de ceux qui regardent vers un futur souriant où les fantômes ne sont bien que morts et enterrés.
À la télé, hier, y avait ce documentaire d’archives du siècle dernier. En 2D, c’est tout dire… On y voyait de belles forêts, toujours vertes, toujours pleines de vie. Avant les cyclones et les destructions et les eaux salines qui pourrissent tout. Bref, avant, quoi. Y avait une Blanche aux longs cheveux blancs, entourée d’Africains, qui parlait de ceci et cela. Puis soudainement, crevant l’écran, y a cette vulve tumescente. À quatre pattes au milieu des feuilles mortes, la femelle arque son dos et l’expose aux yeux de tous. Les mâles se disputent son attention. L’objectif de la caméra se tourne vers le dominant qui s’approche. Violemment, il insère son sexe en elle. Il la maltraite quelques minutes, puis se retire. Une fois qu’il s’est détourné, d’autres le suivent. C’est immanquable. Ainsi va l’ordre des choses.
Quand il ne reste plus qu’à boire seul, il ne reste plus qu’à boire seul. C’est comme ça. Parce qu’on ne mérite plus que ça.
Ah, le mérite… Parlons-en! Comme si quiconque méritait quoi que ce soit. Comme si on avait droit à quelque chose. Au bonheur, peut-être? Faites-moi rire! La seule chose qu’on ait, c’est la merde. Voilà la base de toute vie! Le foutre, le placenta, le sang, la merde. Après, on fait bien ce qu’on veut avec. Ou ce qu’on peut. Et j’emmerde le bonheur. Et tous ces heureux de mes deux qui ne mériteraient (ah, le mérite!) qu’une balle entre les deux yeux.
Nous aurions pu faire bien mieux. Mais vois-tu, il est des moments où on ne peut faire qu’avec ce qu’on a. Et ce qui nous manque, soit on cherche à le combler, soit on prétend pouvoir s’en passer. J’ai cherché à le combler. Ça m’aura perdu. Ta mère aura préféré prétendre. Ça l’aura rongée. Et puis voilà, voilà, on sera partis tous les deux.
On sera partis tous les deux parce qu’au bout du compte, ils ont raison, ces idiots du village. Nous ne te méritions pas. Ou peut-être est-ce plutôt toi qui ne nous méritais pas. Qui ne méritait pas ça. Je ne sais pas.