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EAN : 9782330151669
464 pages
Actes Sud (07/07/2021)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Le 8 juillet prochain, Edgar Morin, héros de la Résistance et penseur célébré dans le monde entier, fêtera ses cent ans.

Afin de prendre à contrepied l’effet “monument” et “statue dévitalisée”, le sociologue Alfredo Pena-Vega a coordonné un aéropage de penseurs du monde entier, parmi lesquels Audrey Azoulay, Antonio Guterres, Gilles Boeuf, Patrick Chamoiseau, Mireille Delmas-Marty, Michel Cassé?... pour la rédaction de cet ouvrage qui revient sur un d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'avenir de terre-Patrie, Cheminer avec Edgar Morin, aux éditions Actes sud, dans la collection Domaine du possible, est un ouvrage particulier par la grande richesse des contributions. Près d'une cinquantaine d'auteur(e)s de tout horizon géographique et professionnel, sous la direction Alfredo Pena-Vega, un enseignant chercheur en socio-écologie du CNRS, ont été invité, en l'honneur du centenaire d'Edgar Morin (2021), à partager leur rapport aux travaux de l'auteur et en particulier à son livre Terre-Patrie publié en 1993.
Edgard Morin est un penseur universel largement reconnu et célébré par ces nombreux contributeur(rice)s, qui nous permettent de découvrir toute la richesse de ses écrits et réflexions philosophiques, sociales, environnementales.
Nous abordons en ce nouveau siècle une ère planétaire, largement décrite sur le plan scientifique au travers de la notion d'anthropocène, mais qui doit aussi être coconstruite sur le plan sociale, culturelle, environnementale et économique : « L'humanité doit élaborer la co-régulation de la biosphère terrestre. Elle a certes des pouvoirs considérables qui vont croître : mais il s'agit de devenir non pas le pilote, mais le co-pilote de la Terre. Un double pilotage est nécessaire : homme/nature ; technologie/écologie ; intelligence consciente/intelligence inconsciente... La Terre doit régner à travers la vie, l'homme doit régner à travers la conscience. Edgar Morin. p271 »
Nous devons apprendre également à ne pas nous contenter d'un lecture uniformisée et simpliste du monde mais au contraire tenter d'appréhender sa complexité et les liens multiples qui réunissent les vivants et non-vivants, sans chercher inutilement de vérités absolues : « Connaître et penser n'est pas arriver à une vérité absolument exacte, mais dialoguer avec l'incertitude. Edgar Morin] p287 ...rendre notre intelligence plus complexe signifie ne pas dissocier le problème de la connaissance de la nature et le problème de la nature de la connaissance. [Edgar Morin] p404 »
Les crises que nous traversons nous rappellent notre communauté de destin sur une planète unique : « Cette crise sanitaire s'est révélée comme une crise civilisationnelle de dimension planétaire, qui a mis en danger toute l'humanité, nous rappelant que nous sommes, vraiment, une communauté de destin, à laquelle nous sommes tous bio-écologiquement interconnectés. [Maria Candida Moraes] p322 »
Ainsi l'écologie qui nous relie nous ouvre la voie d'une qualité de vie à l'échelle planétaire : « L'écologie environnementale qui nous relie à la nature et à l'environnement ; L'écologie sociale qui nous relie à la communauté et au contexte social le plus proche ; Et l'écologie humaine qui est à la fois, corporelle, cognitive, émotionnelle et spirituelle et à partir de laquelle nous exerçons notre être dans le monde en tant qu'humains intégrés à la dynamique individu-société-espèce. En général, il y a aujourd'hui une myopie par rapport à la qualité de vie, car nous souffrons d'une intoxication consommatrice et d'un stress croissant qui nous empêche d'écouter notre monde intérieur. [Maria Candida Moraes] p331 »
Car comme le disait le poète Friedrich Hölderlin, Là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve : « Au début, les grands changements ne sont que de petites déviations. C'est à nous de discerner et de soutenir ceux que nous voulons voir prospérer [Edgar Morin] p414 ».
Un lecture salutaire en ces temps incertains, car l'incertitude est aussi un enseignement d'Edgar Morin qui nous rappelle que celle-ci permet toujours des alternatives aux risques auxquels nous nous exposons si les consciences collectives parviennent à reprendre en main leur destinée. Ce livre partage aussi une conviction démontrée par les nombreux retours des mises en pratiques dans les différents pays du monde représentés dans ce livre, que sur le terrain, des envies de changements grandissent, qu'une conscience planétaire existe et murit, qu'une destinée commune s'organise lentement, malgré les aléas, les peurs et les réflexes de replis sur soi, comme des soubresauts de résistance du monde d'avant.
Les écrits d'Edgar Morin sont nombreux et chacun(e) trouvera celui qui lui conviendra. J'ai ouvert par ce livre un accès à une immense bibliothèque que je ne vais pas manquer d'explorer.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La manière par laquelle les humains évitent, encore aujourd'hui, l'autodestruction par la guerre est la voie démocratique. [...].
Elle comporte trois éléments essentiels [...]:
Le premier est que la démocratie permet aux membres de chaque communauté politique d'accéder à l'information, et avec cela, les humains peuvent connaître les risques auxquels ils sont soumis avec la persévérance du modèle économique actuel et la trajectoire incontrôlée des innovations technologiques.
La deuxième est la participation des membres de la communauté politique aux processus décisionnels publics [...].
Et enfin le troisième élément est la garantie que les minorités peuvent exprimer leur mécontentement [...]. Aspect fondamental, car la perception des risques actuels est un attribut d'une minorité de citoyens biens informés. [...].
Cependant avec la liberté d'expression, on peut toujours imaginer la possibilité d'un renversement de la majorité.
[Elimar Pinheiro do Nascimento]. p166
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En définissant nos finalités terrestres, Edgar Morin emprunte deux voies centrales, à la fois contradictoires et complémentaires : reprendre le processus d'hominisation et définir notre destin planétaire. Un monde global exige une citoyenneté planétaire, une éthique planétaire et une gouvernance planétaire, qui coexiste avec des expressions nationales et régionales.
[Elimar Pinheiro do Nascimento]. p163
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Ce qui caractérise Sapiens, ce n'est pas une réduction de l'affectivité au profit de l'intelligence, mais au contraire une véritable éruption psycho-affective, et même la surgissement de l'ubris, c'est à dire la démesure.
Toute stratégie politique doit tenir compte de cette condition humaine. La critique ne saura pas s'épuiser dans la critique du capitalisme, il faut aussi critiquer toute idéologie qui se fonde sur la domination de l'homme sur la nature.
[Werner Wintersteiner et Wilfrid Graf]. p154
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Si nous ne parvenons à mettre au centre de la pensée de tous les hommes la conscience d'une responsabilité commune pour notre planète, les forces de destruction ne cesseront de se déployer sans entraves.
Pour l'empêcher, toute une réflexion s'avère nécessaire sur notre Terre-Gaia, sur notre biosphère, sur notre terre comme parcelle cosmique, sur notre Terre-Patrie. p85
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[...] toutes les crises, tant celles qui renvoient à des structures biologiques, psychosociale ou socio-culturelles, contiennent en elles des aspects à la fois négatifs et positifs.
Positifs car elles peuvent conduire à des changements qualitatifs et intégratifs des anciennes contradictions et insuffisances du système.
Négatifs car toute crise présuppose des perturbations fonctionnelles, des processus d'usure, des manques, des contradictions qui endommagent les structures de conservation des systèmes, pouvant même entraîner leur mort.
[Maria Candida Moraes] p322
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