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EAN : SIE271570_127
Marabout (01/01/1971)
3.4/5   41 notes
Résumé :
En 1925, lorsque parut ce livre, la critique unanime n'hésita pas à placer Ernest Pérochon aux cotés des plus prestigieux écrivains de la littérature d'anticipation, tels des Jules Verne, H.G. Wells ou Rosny Aîné. Ce jugement était déconcertant, surtout qu'il s'adressait à un auteur qui jusqu'alors s'était illustré par des romans de caractères champêtre dont un, « Nène » avait même obtenu le prix Goncourt en 1920 ! Et pourtant en écrivant « Les hommes frénétiques »,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Si le nom d'Ernest Pérochon reste indissociable de Nêne, son plus grand succès prix Goncourt 1920, il faut avouer qu'une grande partie de sa production littéraire est quelque peu oubliée de nos jours. Et Les hommes frénétiques est la seule incursion de Pérochon dans le domaine de la science-fiction.

Pourtant dans cette anticipation, la vision qu'il donne de l'humanité est crédible car par bien des points elle reflète ce qu'il se déroule de nos jours et met en scène des événements qui se sont produits vingt ans après sa première parution en 1925. Et encore de nos jours avec des « améliorations » scientifiques et technologiques.

Lorsque débute cette histoire, nous sommes au cinquième siècle de l'ère universelle, et le jeune scientifique Harrisson, élève du presque centenaire Avérine, savant reconnu et estimé de tous, vient de créer quelque chose et il se demande comment cette découverte va être perçue. Il travaille en compagnie de deux autres scientifiques plus âgés et de la jeune Lygie Rod, déjà célèbre pour ses travaux.

Il est content et, trentenaire, il possède encore un fond juvénile qui le pousse à taquiner Samuel, un gamin métis quelque peu arriéré, qui joue avec un chat. Mais ce n'est qu'une récréation après ses heures de recherches et il aspire également à s'imprégner de l'extérieur, de l'air frais, de l'odeur des plantes.

Mais il aime également compléter sa culture de l'histoire de la planète et il se plonge dans l'un des volumes de la bibliothèque de son maître, un volume relatant comment après la guerre de 1914-1918, les progrès ont déréglés l'humanité.

Le rôle des avions dans un environnement belliciste, puis les affrontements entre Nord et Sud, les avancées technologiques des Asiatiques, les guerres qui ravagèrent la planète, les avions de plus en plus performants déversant des bombes bactériologiques sur des cibles précises et autres formes scientifiques d'attaques.

Ecrivant l'histoire de l'humanité à l'âge scientifique, l'auteur, avec une implacable logique, démontrait qu'à l'origine de tout changement dans la marche de la civilisation, on trouvait une découverte dont personne, le plus souvent, n'avait tout d'abord mesuré l'importance.

Plus loin, Ernest Pérochon, après avoir décrit succinctement la guerre de 1914/1918, puis la suite anticipative, déclare :

Jamais peut-être l'humanité n'avait manqué à ce point de clairvoyance et de bonne volonté. La science progressait rapidement, et peu de gens songeaient à s'étonner et à se méfier. L'intelligence semblait quelque peu assoupie ou désorientée.

En plus d'une contrée, de grossiers histrions se hissaient aux tréteaux populaires ; des demi-fous brandissant la matraque, réussissaient à se faire écouter.

Mais ça, c'était avant. Depuis, l'humanité vivait en bonne intelligence, comme si elle avait compris l'enseignement. Les souvenirs lamentables du crépuscule chrétien sont-ils effacés ? Il faut croire que non. Des échauffourées se dressent entre les parallèles malgré les mises en garde d'Avérine, d'Harrison et du Conseil Central qui se positionne au-dessus des nations, comme tenta de le faire la SDN et de nos jours l'ONU.

Les échauffourées se transforment rapidement en guérillas, puis en guerres entre nations, et c'est bientôt l'embrasement.

Le péril jaune était depuis longtemps dénoncé dans des romans populaires, et Ernest Pérochon emboîte le pas dans son analyse.

En face, se dressait le bloc inquiétant des peuples jaunes. Ceux-ci, la science, comme le coup de baguette d'une fée, les avaient tirés d'un long engourdissement. le réveil avait été prodigieux. Leurs savants égalaient en réputation les savants d'Europe et d'Amérique ; leurs industriels, leurs commerçants, leurs banquiers envahissaient les marchés du globe ; en même temps, une renaissance artistique sans précédent coïncidait chez eux avec une dépravation morale qui étonnait le vieux monde.



Les progrès scientifiques inéluctables semblent faire peur à l'auteur.

La société moderne (celle dans laquelle vivent Harrisson et consorts) devait avant tout, surveiller étroitement les recherches scientifiques. Or, rien n'était fait. Sous le prétexte de liberté individuelle, le savant demeurait maître de ses actions tout aussi bien que le mortel inoffensif.

Le déclenchement de cette nouvelle guerre qui devient internationale, planétaire même, est issu d'une simple revendication émanant des agents des transports aériens bientôt suivis par d'autres corps de métiers dont les gens de maison, les cinétéléphonistes, les météorologistes : la journée d'une heure. Mais les revendications de ces professions ne sont pas du goût des agriculteurs, des artisans à domicile, des distributeurs qui regroupent presque toute la population méridienne.



Harrisson et Lygie décèlent un phénomène qu'ils isolent et qu'ils désignent sous le nom de système féérique. Mais ce n'est pas le seul sujet sur lequel Harrisson travaille. Les effets s'en feront ressentir plus tard, mais l'on peut comparer le système féérique à ce qui équivaut à ce qui s'est déroulé sur le Japon en 1945 par le largage de bombes nucléaires. Quant à l'autre aspect scientifique, il s'agit ni plus ni moins que de la stérilisation des êtres humains.



Les guerres, celle de 1939/1945 puis celle qui fait l'objet de ce roman avec Harrisson comme protagoniste principal, sont longuement, soigneusement, méticuleusement décrites et pourtant il ne s'agit que de l'anticipation. Mais une anticipation réaliste par bien des épisodes.

On pourrait, sans exagérer, déclarer que ce roman est un compromis entre La guerre des mondes de H.G. Wells et les romans dits préhistoriques de Rosny Aîné. En effet la guerre vécue par Harrisson et ses amis se termine de façon cataclysmique et apocalyptique et, comme l'ont fait par la suite bien des auteurs de science-fiction, il existe une résurgence de l'humanité sous forme quasi préhistorique. Mais comment, cela est décrit dans ce roman qui dénonce certains ravages provoqués par une utilisation mal maîtrisée de la science et des technologies, et naturellement des guerres qui s'ensuivent à cause du refus de la prépondérance des peuples sur les autres par chefs d'états interposés. Paru en 1925, ce roman annonçait déjà l'arrivée de dictateurs tels que Hitler et quelques autres, et si l'on veut regarder autour de soi de nos jours, on peut en trouver d'autres en exercice.

Roman d'anticipation et de science-fiction, roman social, Les hommes frénétiques est aussi et peut-être surtout un roman humaniste et une vision de l'avenir désespérée et pourtant porteuse d'espoir.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Géopolitique du futur. Chiant.

Futur lointain, alors que le monde entier jouit d'une paix durable et d'une douceur de vivre grâce à la science, certains événements vont semer la discorde...

On découvre ce monde avec beaucoup de plaisir : l'énergie est disponible gratuitement a tout à chacun; des avions servent de moyen principal de communication... L'utopie enfin réel, l'an 2000 enfin réalisé. Puis une fois les présentations faites, et le loup dans la bergerie, la science sans conscience, l'auteur se lance dans de longues descriptions des évènements mondiaux qui vont précipiter la fin de ce monde idyllique. Cependant il calque un peu trop son histoire sur la notre : chauvinisme, patriotisme, religion. Mélangez le tout et vous obtenez une guerre et l'incapacité des gouvernements mondiaux à l'empêcher via un ersatz de Société des nations. Puis dans un autre chapitre : intérêts commerciaux, volonté de pouvoir et vous obtenez une guerre sur un autre continent et bla bla bla et bla bla bla. Les chapitres se répètent dans de longues descriptions froides, sans personnages pour faire tenir le tout.

Arrivé a ce stade, stop. Même si l'auteur a peu foi en l'humanité, cela ne rattrape pas le peu d'enjeu de la chose. Des personnages inexistants, une histoire inexistante. Un intérêt, le mien inexistant.
En outre, le regard blanc sur les autres races devient vite gênant, malgré l'humanisme supposé de l'ensemble. Oui, je sais, il faut se replacer dans le contexte. Mais sincèrement, il existe des auteurs qui ont écrit avant cette date et avaient un regard plus critique sur le racisme, le colonialisme.
Mon plaisir de lecture étant nul, vite un autre roman.

La bonne blague du jour :
Une édition numérique a 13€ chez Snag éditions, sachant que le roman est tombé dans le domaine public et que vous pouvez le télécharger gratuitement ici ou ailleurs !!!
Merci Snag éditions pour cette bonne tranche de rigolade.
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Ce roman évoque un avenir possible de l'humanité, il parle des grands cataclysmes de la fin du monde à une époque où la science a atteint son apogée et il contient quelques-unes des pages les plus saisissantes, les plus démentes et les plus belles de toute la SF française.
En 1925, à la parution de ce livre, Ernest Pérochon fut placé par la critique unanime aux côtés des plus grands du genre : Jules Verne, HG Wells et Rosny aîné.
Cet auteur, qui a obtenu le prix Goncourt en 1920 pour "Nène" est un écrivain attaché à sa terre et son unique incursion dans le domaine de la SF est une réussite formidable, un roman passionnant et déconcertant.
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C'est un livre très en avance sur son temps: un roman post-apocalyptique aux thèmes contemporains, mais écrit en 1925.

Hélas, certains aspects sont bien de cette période.
Le style est désuet.
Le racisme et présent.
La structure du roman est aussi trop peu adaptée à mes gouts contemporains.

Oui le livre est raciste : les races sont omniprésentes, les mots "nègre", "mulâtre" ne sont pas rares.

Les rares personnages principaux de couleurs sont dépeints comme des primitifs !

Le récit passe d'Harrisson à un plan plus planétaire.
J'aurais aimé en lire plus sur Harrisson : sa vie, ses sentiments, ses appréhensions.
L'histoire de l'humanité est décrite en de longs chapitres intéressants décrivant les conflits, catastrophes et rebondissements. Je n'ai pas du tout accroché.Ces parties n'apportent rien à la narration. Au final, je les ai zappées.
Seul un roman plus récent "Spin" a su mêler destin individuel et planétaire.

On trouve dans ce livre des thèmes majeurs que l'on retrouve dans la grande majorité des livres post-apocalyptiques actuels : âge d'or perdu, nature humaine entrainant l'humanité vers le chaos, responsabilité des sciences, survie de l'humanité au travers d'éléments différents...

Donc

Je vous recommande de lire d'autres romans post-apocalyptiques comme "Holocauste" de Christophe Siebert ou "La route" de Cormac McCarthy qui traitent bien mieux le sujet.
Mais je ne recommande pas ce livre même s'il a dû servir directement ou indirectement d'inspiration au genre post-apocalyptique.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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J'étais curieuse de lire ce roman qui anticipait sur un futur dans lequel les progrès de la science sont détournés par une fureur guerrière inévitable.
J'ai trouvé très intéressante la chronologie imaginée par l'auteur qui pensait l'avènement possible d'une ère universelle de paix dans laquelle tout serait mis en commun pour le bien-être du plus grand nombre.
C'est dans cette période que s'ouvre le récit mais par la suite il évolue en une succession de conflits de pouvoir et d'intérêts privés qui dressent les population s les unes contre les autres avant d'aboutir à une catastrophe scientifique qui propage la stérilisation générale des humains... sauf...
J'ai eu du mal à accrocher à l'écriture et j'ai trouvé le texte au fond assez flou et symbolique dans sa description des événements mais c'est ce qui permet d'y voir ce qu'on veut en fonction du contexte de lecture.
La façon d'imaginer le futur m'a fait penser au début de "Ravage" de Barjavel.
Il est en tout cas assez incroyable de savoir que ce récit a été rédigé en 1927 quand on le lit avec à l'esprit les catastrophes scientifiques et guerrières possibles actuellement...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Personne, parmi l’élite, ne réclamait encore, pour ces régions, l’autonomie complète. Un pouvoir central, dont le rôle demeurerait de coordination, semblait toujours nécessaire ; nécessaire aussi le maintien de certains services mondiaux essentiels : production et distribution de l’énergie, cinétéléphone, transports généraux. Il était même utile de conserver un comité central de la météorologie et, sous certaines conditions, une police internationale.

Mais, dans ce large cadre d’organisation universelle, chaque patrie pouvait choisir son gouvernement, réglementer la production, les échanges, l’enseignement, l’hygiène, les mœurs, les fêtes, vivre enfin d’une vie singulière.
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Le savant, dont la passion de recherches avait empli la vie, en venait presque à maudire la curiosité humaine. Un soir, comme il parlait aux parallèles d’Asie, il finit par s’écrier :

– Je vous dis qu’il faut avant tout organiser et surveiller le travail scientifique !… Je vous en adjure : surveillez la science ou tuez-la !… Il n’est pas de tâche plus urgente ! Il n’est pas d’autre moyen de salut !
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Les heures frénétiques approchaient où toute civilisation devait sombrer et où serait mise en question l'existence même du grand primate astucieux et dominateur, puissant, pendant des millénaires, par son lourd cerveau inquiet où le rêve de la vie s'agençait en systèmes indéfiniment perfectibles.
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Il ne semblait pas que l'on pût attribuer au désir de vengeance ou à la vanité guerrière, ou même à la passion politique, les offensives insensées qui se succédaient sans répit et dans toutes les directions, du fait de physiciens isolés ou de fonctionnaires subalternes des laboratoires. C'étaient, bien plutôt, des gestes de panique, les réflexes violents d'hommes forts qui, menacés d'étouffement au milieu d'une foule, dans un lieu sans issues, se ruent, piétinent les faibles pour la satisfaction dérisoire de mourir les derniers. (p.172)
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Je vous le dis : je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter votre amitié... Il n'est pas certain que mon oeuvre soit bonne. A cette heure, en vérité, je n'en suis pas sûr... L'arbre que j'ai planté, je me demande quels fruits il portera... Et je suis inquiet !... Vous qui vivrez sur la terre après moi, soyez prudents !... Ne cueillez pas sans précautions les fruits dangereux.... Soyez heureux avec prudence ! soyez savants avec prudence ! Soyez justes avec prudence !... Contre le mal, luttez avec prudence ! (p.49)
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