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sur 99 notes
Je suis professeur de français et je n'aime pas le théâtre. Oui, je sais, cela peut paraître bizarre. J'aime lire le théâtre, j'aime assister à une pièce de théâtre, j'aime animer des ateliers théâtre-forum avec des élèves mais je n'aime pas toutes les conventions liées au théâtre, que certains professeurs de théâtre s'acharnent à transmettre et m'ont mise à distance du genre théâtre. Voilà, c'est dit.

La tempête de Shakespeare n'est pas mon oeuvre préférée de l'auteur – il s'agit de loin de la nuit des rois. J'ai assisté à une représentation de cette oeuvre, voici quelques années, et je n'ai pu qu'être catastrophée par les choix de mises en scène – comme si la mise en scène comptait plus que l'histoire qui nous était racontée, plus que le texte lui-même. Bref, ce fut tout sauf concluant pour moi.

Ici, dans ce roman, nous suivons la journée de David, intermittent du spectacle en fin de droit, qui doit garder sa fille Miranda – la garderie est en grève, et sa femme, professeur, doit travailler. Après trois ans d'effort, il a dû mettre un point final à son projet de monter la tempête de Shekespeare, et l'on découvrira, au fur et à mesure de la lecture, ce qui l'a contraint à renoncer.

Alors oui, l'on peut voir dans ce livre une dénonciation de la manière dont la culture est traitée en France (Note : j'y trouve un écho dans les dernières déclarations de la ministre de la culture après le festival de Cannes), où certains décideurs confondent volontairement ce qui est populaire, ce qui rapporte avec ce qui est véritablement de la culture. Comme du temps de Shakespeare, à l'époque où les théâtres se montaient (avant, l'on jouait où l'on pouvait), à l'époque où une part d'improvisation importante était laissée aux acteurs, loin du respect à la virgule près tel qu'on peut le voir aujourd'hui. L'on peut voir aussi une mise en abîme des relations familiales difficiles, que ce soit au sein de l'oeuvre de Shakespeare, ou au sein de la vie de David, fils aîné mal aimé, qui a trouvé sa voie, sans l'approbation de ses parents. Mouton noir de la famille ? Pour ceux qui veulent à tout prix rester dans la norme, dans le paraître, dans la réussite sociale à tout prix, oui.

Pour ma part, je vois aussi, en creux, le portrait d'une femme, Anne, qui porte la charge de son foyer, charge mentale, charge financière. L'on comprend, en creux, ce à quoi elle a dû renoncer, ce qu'elle a réussi à obtenir – c'est à dire avoir enfin un enfant. Certains, certaines, trouvent normal qu'une femme se sacrifie, « soit au service » de leur conjoint, pour leur permettre de s'épanouir. Mais Anne, quand s'épanouit-elle ? David sent bien qu'ils sont arrivés à un point de rupture dans leur relation – mais ce roman, comme toute oeuvre classique, se déroule dans une unité de temps (une journée), de lieu (un appartement) et d'action (refaire la mise en scène de la Tempête alors qu'une tempête sévit à l'extérieur), nous n'en saurons pas plus, nous pouvons imaginer que peut-être…. ou pas.

Ma tempête – ou comme si les éléments exprimaient les tourments intérieurs de David.
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Pendant que la tempête se déchaîne au-dehors, David, metteur en scène, joue la pièce de Shakespeare pour sa fille de deux ans, avec ses poupées, nounours et playmobils.
J'ai aimé la manière dont David, le metteur en scène, met à la portée de sa fille la pièce élisabéthaine en lui donnant une résonance contemporaine et en l'éclairant de sa connaissance du texte et du dramaturge. J'ai moins apprécié la manière dont l'auteur semble régler des comptes à travers son personnage et le conflit qui l'oppose à son frère, conseiller général (de droite) qui refuse de subventionner le théâtre s'il n'est pas populaire et ne remplit pas les salles. Les passages décrivant la tempête la rendent particulièrement vivante et féroce, et le temps de la lecture est proche de celui de l'action racontée ; on a ainsi l'impression d'assister à un spectacle rien que pour nous, tempête dans la tempête, en attendant que l'orage passe et que reprenne la vie réelle.
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Un père qui s'occupe de sa fille toute une journée, vous me direz que ça n'a rien d'extraordinaire!
Mais ce père est metteur en scène et il va jouer pour sa fille, en bas âge, la pièce de théâtre de Shakespeare -> "Tempête".
Ça met beaucoup de rythme dans l'histoire, j'avais peur de m'ennuyer, mais pas du tout.

Je recommande ce court roman bien rythmé.
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'ai choisi ce livre dans le cadre du challenge Netgalley, mais je ne vais pas faire durer le suspense, c'est une énorme déception, je me suis mortellement ennuyée durant les trois soirées consacrées à la lecture de cet ouvrage. J'ai vu La tempête de Shakespeare il y a plusieurs années, c'était un magnifique spectacle réalisé avec de grandes marionnettes à fils en costume d'époque. J'étais curieuse de voir comment l'auteur avait traité ce thème.

David devait mettre en scène cette pièce, c'était SON grand projet, sur lequel il a travaillé durant trois ans, sans se soucier que la pièce soit réellement montée. Finalement, entre le Covid et la guerre en Ukraine, elle ne le sera pas, les subventions faisant défaut. Il a négligé sa carrière de comédien pour ce projet, ne s'est plus rendu à aucun casting et a fini par perdre son statut d'intermittent du spectacle. Son épouse, Anne, enseigne le français dans un collège et contribue seule aux besoins de la famille. Elle en a assez, le couple bat de l'aile, elle ne supporte plus la dépression de son mari. La crèche où va leur fille Miranda est en grève aussi son père doit-il la garder durant une journée orageuse. Il décide de lui raconter et de lui faire jouer la pièce durant ce laps de temps.

Le roman suit l'unité de lieu (l'appartement) et de temps (un jour), il n ‘y a pas de chapitre, mais cinq actes. Dans un texte plutôt confus qui mêle l'histoire racontée par la pièce, l'orage réel et surtout les incessantes jérémiades de David sur ses malheurs d'acteur et metteur en scène dépressif et incompris, on suit le déroulement de cette journée. Anne veut une discussion sérieuse le soir sur la passivité de son mari qu'elle ne supporte plus et La tempête préfigure l'orage qui éclatera à ce moment.

Je me suis ennuyée tout au long du livre, David ne m'a pas inspiré de compassion. Ce roman plaira peut-être aux férus de théâtre, mais il m'a juste assommée et donné l'impression d'une perte de temps. Mais j'ai vu que d'autres lecteurs l'ont beaucoup aimé et c'est tant mieux. Merci à Netgalley et aux Forges de Vulcain, maison d'édition que j'aime beaucoup, pour leur confiance.

#matempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance !

Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Théâtre et réalité quand la frontière devient l'ultime acte du désespoir.


David, comédien, metteur en scène, amoureux du Théâtre, des mots qui s'entrechoquent, du geste suspendu dans cette attente que tout devient magie, image d'un ailleurs. La vie de David bat au rythme de son amour pour Shakespeare. Un culte omniprésent, pesant, ultime à défaut de sa famille. Lorsque tout s'écroule et devient mirage, David plonge dans ce marasme de l'impossibilité et de la nullité.


Une grève à la crèche, une petite fille pas plus haut que trois pommes, souriante, enjouée où toutes les possibilités sont encore à faire et un père qui veut se prouver qu'il est toujours là.


Le salon devient un bateau, une plage où Playmobil et couvertures façonnent la magie des mots.


Tempête personnelle et Tempête Shakespearienne jouent une composition unique. Image contre image, mot contre mot, geste contre geste, acte vers l'apothéose de cette délivrance.


Eric Pessan m'a subjuguée. Je ne suis absolument pas une adepte de théâtre, genre auquel je trouve la verve trop saccadée et sans émotion en lecture). Et c'est là que je rejoins l'auteur, le théâtre se vit, se crie, se mime. Rire, larme, colère, amour, les émotions passent par le geste, par la voix. Eric Pessan parle du théâtre avec un enthousiasme communicatif. Un amour qui transcende tout au long de ses pages. Il lui donne une matière, une aura, un corps auquel il y raccroche tout ce qu'il peut. J'ai eu cette envie d'ouvrir la porte, de la pousser et de vivre les tourments de son personnage. Un partage incommensurable, une magie unique.


Eric Pessan parle des conditions du travail du monde artistique, des comédiens et comédiennes qui vivent au bon vouloir d'un certain élitisme politicard. La création au rabais souvent inaccessible. L'appauvrissement de la culture. Eric Pessan décrit avec vivacité les maux, l'oubli.


Un roman à découvrir absolument. Qu'on aime le théâtre ou non, la passion de Eric Pessan est captivante et envoûtante. Me suis-je procuré La Tempête de Shakespeare ? A votre avis ?
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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Voici une belle surprise de cette rentrée littéraire ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce roman, en plus j'ai énormément appris sur Shakespeare et l'univers du théâtre au début du 17ème siècle.
David, le narrateur, est metteur en scène pour le théâtre. Il est au chômage depuis qu'une subvention lui a été refusée, l'empêchant de poursuivre la création sur laquelle il travaillait. Un jour de tempête, il refait cette pièce, « La Tempête » de Shakespeare, dans son salon avec les doudous et jouets pour sa fille, Miranda. En rendant l'histoire accessible à l'enfant, les lecteurs en profitent également.
Pour résumé brièvement l'histoire de la pièce, Prospero, le Duc de Milan, est exilé par son frère qui prend sa place sur le trône. Il se trouve que le narrateur a également subi une trahison de la part de son frère.
La tempête est ici une allégorie. Elle éclate au dehors, le père et la fille jouent ensemble en attendant le retour de l'électricité. On ressent beaucoup de tendresse entre eux et une certaine nostalgie par moment. David aimerait transmettre des valeurs, une éducation à sa fille. Ce roman laisse aussi une belle place à l'imaginaire et à l'onirisme. Les descriptions de la tempête à l'extérieur sont de très beaux passages. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'écriture d'Eric Pessan que je découvre avec ce roman.
Il aborde également le sujet du problème du financement de la culture, devenu problématique depuis la crise sanitaire. le roman se déroule sur une journée et se découpe, comme la pièce, en 5 actes et se conclut par un épilogue avec cette magnifique phrase : « L'art nous console de tout. »

Merci à Netgalley et Aux forges de Vulcain pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Je remercie #NetGalley et les éditions #auxforgesdevulcain pour ce service presse qui sortira le 25 août 2023


Dehors, la tempête gronde. David, metteur en scène au chômage, en profite pour jouer et raconter la pièce de théâtre La tempête de Shakespeare à sa fille, pièce qu'il n'a pas pu mettre en scène faute de moyen.
Dès le début de ma lecture, j'ai eu besoin de me concentrer, les chapitres sont longs ainsi que les phrases. La présentation ressemble à une pièce de théâtre, les chapitres sont remplacés par acte 1, acte 2...

Ce qui m'a plu c'est cette relation père fille qui est géniale et leur complicité rarement abordée dans les livres.
L'histoire du théâtre était très intéressant et j'ai appris par exemple que les femmes n'avaient pas le droit de jouer jusqu'à une certaine époque, ce sont les hommes qui jouaient leur rôle...
Le théâtre à évolué au fil du temps et a eu ses périodes romance, politique, tragique et farce. La vie de Shakespeare m'a intéressé aussi, un homme qui a été comédien puis auteur de pièce de théâtre, il a fait passer sa carrière et sa gloire avant sa famille...

J'ai trouvé le texte assez complexe, j'ai eu parfois de mal à suivre les retours dans le passé, ses pensées et le passage d'un sujet à l'autre.
J'adore le théâtre, mais je n'avais pas toutes les connaissances pour vraiment apprécier, il y a beaucoup de références.
Les amateurs de théâtre seront ravis.
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai accepté de recevoir quelques titres des éditions Aux forges de vulcain pour en parler suite à lecture. Après Ikiro, de Benoît Marie Lecoin, et le dernier jour du Tourbillon de Rodolphe Casso, j'ai découvert ce titre de Eric Pessan, Ma tempête. Je connais cet auteur via son activité sur les réseaux sociaux, principalement, et ses déboires réguliers avec le train, mais je l'ai finalement très peu lu. En 2008, j'avais découvert pour autant Cela n'arrivera jamais, qui m'avait semblé exigeant. le livre que je vous présente aujourd'hui est une formidable ode à William Shakespeare, au théâtre et à la littérature et il ne demande qu'à être lu d'une traite (ce que j'ai fait)… David est metteur en scène de théâtre. Malheureusement, il ne travaille plus depuis plusieurs mois. Sa femme est partie au travail ce matin en lui faisant comprendre qu'il serait temps de remédier à cette situation. Son projet de monter La tempête de Shakespeare n'a pas abouti, faute de subventions. La crèche étant en grève, il doit surtout garder leur fille, Miranda. Dans leur appartement, David commence à jouer, à mettre en scène sa tempête, en entraînant sa fille dans son mouvement. Et c'est une formidable aventure qui commence, mêlant les jouets de l'enfant, au rythme de sa journée, tandis qu'au dehors la météo se met au diapason du thème invoqué… J'ai pris un gros plaisir à suivre le fil de cette lecture qui demande de retenir son souffle et de suivre le tempo. David, le personnage, exprime son interprétation de la pièce de Shakespeare, mais aussi son amour du théâtre libre. J'ai ressenti de l'admiration pour ce père qui croit en l'intelligence de son enfant, met l'art au dessus de tout et nous ramène à l'essentiel. Miranda a du passer une journée mémorable avec son père. Un roman décoiffant et inspirant.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Une grande dispersion des notes...des avis tranchés; je n'ai pas lu plus de trois critiques avant de me lancer.
J'aime bien cet auteur en général (via jeunesse) ; cette journée père et fille bloqués dans l'appartement pour cause d'orage est exceptionnelle: la relation père/enfant m'a touchée; ils ont une grande complicité et pourtant Miranda est une toute petite fille de deux ans et des poussières: elle est particulièrement éveillée. le père est déprimé car sa pièce ne se jouera pas et qu'il n'a plus de projet ni d'énergie: c'est sa femme, prof qui fait vivre le foyer.
Il se met à jouer avec la petite fille, sa poupée, son ours et ses playmobiles: il lui fait découvrir La Tempête de Shakespeare (cette pièce qu'il ne jouera pas)
J'ai bien aimé.
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David qui devait mettre en scène La tempête de William Shakeaspeare n'a pas réussi à obtenir les financements. Déçu, un peu amer, il doit garder sa fille pour la journée de grève des employés de la crèche. Pour l'occuper et s'occuper lui aussi, il décide de jouer avec elle, de lui montrer sa Tempête.
Dans ce court roman, Eric Pessan parle de culture, des arts. de la politique culturelle et des apprentissages culturels. Vaut-il mieux ne financer que les projets qui marchent, avec des personnalités connues au détriment de tous ceux qui tentent de montrer d'autres aspects, d'user de chemins plus sinueux, moins aisés, qui obligent à la réflexion ? La culture n'est-est qu'un simple amusement ou doit-elle éveiller des consciences, "développer la curiosité". Doit-elle être "pensée comme un divertissement sans importance [… ou] comme une émancipation, comme une émotion" ?
C'est bien d'aller voir, d'écouter parfois des oeuvres faciles, qui ne trouent pas le cerveau, qui ne sont là que pour distraire et qui le font -plus ou moins- bien, mais ce n'est pas suffisant. Osons découvrir, lire, écouter, voir différent ! Je ne me fais jamais plus plaisir que lorsque je suis surpris par un livre, un film, une musique. Rien ne m'ennuie davantage que la sensation d'avoir déjà lu, vu ou entendu ce qui est pourtant censé être nouveau.
Avec Eric Pessan -et d'autres-, je n'ai jamais cette sensation. A chaque fois, il me pousse à réfléchir, à me poser des questions et ça j'aime bien. Alors, je le conseille, offre ses livres. Et souvent l'on me dit : "Ah je n'aurais jamais pris ce livre, mais ça m'a fait plaisir de découvrir autre chose." Alors, pourquoi se limiter à ce qui est censé marcher, à ce qu'il est de bon ton de voir ou lire ? Et là, j'évoque surtout la littérature -et j'ai tenté pendant quinze ans sur le blog Lyvres avec plus ou moins de réussite d'ouvrir les envies d'autres horizons littéraires-, mais c'est vrai dans tous les arts.
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