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Les Lames du Cardinal tome 1 sur 4
EAN : 9782352941613
304 pages
Bragelonne (01/01/2008)
  Existe en édition audio
3.97/5   749 notes
Résumé :
Paris, an de grâce 1633. Louis XIII règne sur la France et Richelieu la gouverne. Le Cardinal, l'une des personnalités les plus puissantes et les plus menacées de son temps, doit sans cesse regarder des ennemis de la Couronne. L'espionnage, l'assassinat, la guerre, tout est bon tour parvenir à leurs fins... et même la sorcellerie, qui est l'œuvre des plus fourbes adversaires du royaume : les dragons ! Ces redoutables créatures surgies de la nuit des temps ont en eff... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (181) Voir plus Ajouter une critique
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sur 749 notes
À l'heure où beaucoup d'aficionados de la fantasy découvrent son Haut-Royaume fraîchement sorti, je n'attaque la bibliographie de Pierre Pevel « seulement » (si on peut dire) par sa précédente trilogie, les fameuses Lames du Cardinal dont j'ai tant entendu parlées par les Voies de ma Sainte-Chérie.

Dès les premières lignes, on sent bien que Pierre Pevel avait deux objectifs principaux dans ce premier tome : faire quelque chose de beau et faire quelque chose d'historique. Ces deux aspects le conduisent à multiplier, de manière plus ou moins consciente (je ne saurais trop m'avancer sur ce point, pour le moment), assonances et allitérations qui sonnent plutôt bien à l'oreille, ainsi que des explications très précises du Paris du XVIIe siècle, ce qui prouve ses honnêtes recherches au préalable. Toutefois, ces deux aspects ont également des effets pervers, car non seulement le langage des personnages fait de plus en plus ampoulé, et on y perd franchement en réalisme, mais surtout les passages qui précisent certains points historiques apparaissent comme dénués de lien avec le narrateur du reste de l'intrigue, comme si, au hasard d'une ruelle ou d'un monument connu, on sortait un livre d'histoire pour vérifier ce qu'on avait devant les yeux. Un peu plus de subtilité dans l'écriture aurait pu largement mieux servir le style de l'auteur que je trouve malgré tout très enjoué.
En effet, et c'est là l'essentiel à retenir selon moi, le style de Pierre Pevel se fonde sur une spontanéité et un engouement qui vise à se rapprocher au maximum des films de cape et d'épée les plus classiques, de Cartouche au Bossu en passant par les récurrents Trois Mousquetaires. le style d'Alexandre Dumas est omniprésent et la volonté de Pierre Pevel est avant tout de multiplier les surprises scénaristiques et autres cliffhangers. Si dans la première moitié de ce tome, tout cela est sûrement un peu gros, à la fin cela se justifie bien mieux et les événements se succèdent incroyablement vite, justifiant largement l'extension de cette intrigue en une trilogie.
La toile de fond, l'intrigue et les nombreux personnages se mêlent habilement ici. Si nous pouvons avoir du mal à cerner qui est qui même aux deux tiers du livre, la caractérisation des personnages est très bonne et les petites gênes sont surtout dues à la petitesse des chapitres qui nous fait sauter de lieux en lieux au fil des pages. de plus, comme à son habitude, car pour lui "le dragon est à la fantasy ce que l'ail est à la cuisine méditerranéenne", Pierre Pevel met donc du dragon à toutes les sauces et c'est encore une fois habile : de la vyverne aux dracs, en passant par les sang-mêlés et ces petits dragonnets bien utiles, jusqu'aux terribles loges draconiques, il y a de quoi sentir le reptilien à chaque coin de rue parisien.

Bref, nous sortons un peu essoufflés de cette lecture entre morceaux de bravoure et suspens tendu à l'extrême. Même si beaucoup de détails peuvent poser des questions de cohérence, il n'empêche que ce premier tome est un vrai bon moment de lecture.

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Je retrouve Pierre Pevel avec plaisir après l'excellente série du "Paris des Merveilles" pour un nouveau plaisir de lecture a priori.
Force est d'admettre après ce premier tome que le plaisir est au rendez-vous, une nouvelle fois l'auteur crée un contexte et une ambiance prenants qui nous embarquent sans coup férir.
Un récit de "capes et d'épées" mâtiné de fantastique parfaitement rendu et servi par un style très "cinématographique" avec des chapitres qui sont autant de scènes très visuelles aux rebondissements très efficaces, l'auteur sait ménager ses effets.
On prend un réel plaisir à suivre ces lames du Cardinal (de Richelieu) dont la distribution évoque les meilleurs films d'aventures impliquant des mercenaires, ce sont tous des cadors, des bretteurs hors pairs et ils sont terriblement attachants.
Ajoutons que l'intrigue est particulièrement complexe, faux semblants et trahisons étant bien sûr au menu, que la partie fantasy n'est pas négligée avec une déclinaison "draconique" intrigante, dracs, dragonets, dragons et autres croisements étant aussi de la partie.
Précisons également que les méchants (et les méchantes) sont comme on les aime et tout est là pour ne pas voir défiler les pages, d'ailleurs le rythme est idéal et sans temps mort, on frôle la perfection.
Il y a juste une chose sans réelle importance qui m'empêche de donner cinq étoiles, et cependant je ne dirai rien car cela reviendrait à divulgâcher un peu, ce que je me refuserai toujours à faire.
Ma conclusion est que c'est vraiment extra, un très bon livre d'aventures !
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Pierre Pevel, c'est pour moi une très belle découverte grâce à Babelio. En effet, il y a trois ans, j'avais découvert La trilogie de Wielstadt et je suis tombée sous le charme de l'écriture et de l'imagination de cet auteur. Entre temps, j'ai lu une autre de ses trilogies non moins célèbre, je parle en effet du Partis des Merveilles que j'avais savouré avec beaucoup de gourmandise…
Cette fois-ci, je viens de me lancer dans le premier épisode de la trilogie intitulée « Les Lames du cardinal ». Je ressors enchantée de cette lecture, ce qui était d'ailleurs plutôt prévisible, je le reconnais… En effet, retrouver l'univers d'Alexandre Dumas des trois mousquetaires n'était pas pour me déplaire, univers que je connais plutôt bien, vu que j'ai dû lire au moins trois fois ce pavé dans ma carrière de lectrice…
Donc, oui croiser, Treville, Athos, et l'âme damnée de Richelieu alias Rochefort, j'en redemande…Souhait qui sera probablement exaucé avec les deux prochaines épisodes….
Un roman qui malgré ses éléments de fantasy, - ah les dragonneaux, j'avoue avoir envie d'en côtoyer voire d'en apprivoiser un – est clairement un roman de cape et d'épées….Car il faut dire que les personnages de ce roman vont la dégainer très souvent, leur épée…
Les Lames du Cardinal, réunit un petit groupe de personnages assez forts en couleurs, même si pour l'instant l'auteur n'en révèle pas plus que cela sur eux, qui sont des sortes d'agents de l'ombre, tous dévoués au service de celui qui dirige véritablement la France de l'époque…
Je ne me suis pas ennuyée une seconde à la lecture de ce premier épisode, et j'avoue n'avoir qu'une hâte, me plonger rapidement dans le prochain tome…



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Après le "Paris des Merveilles", deuxième incursion dans l'oeuvre de Pevel, avec "les Lames du Cardinal", que je trouve un cran au-dessus...

Une fois encore (après Gaston Leroux et Maurice Leblanc dans "les Enchantements d'Ambremer") Pierre Pevel rend hommage à l'un de ses auteurs fétiches, à savoir Alexandre Dumas, à travers ce roman de fantasy historique rythmé et très bien écrit...Son intention première n'était d'ailleurs pas celle-ci puisqu'il cherchait à créer un univers original, avant de réaliser que le roi ressemblait à Louis XIII, son ministre à Richelieu etc...Comme quoi, chassez le naturel...Du coup, et je pense que le pari est gagnant, il a décidé d'y aller carrément dans l'hommage à ce qui constitue la quintessence du récit de cape et d'épée, en l'occurrence "les Trois Mousquetaire".

Pour autant, ne vous attendez pas à en croiser un (seul Athos fait une brève apparition), mais vous aurez la joie de retrouver Rochefort, Mr de Tréville et, donc, Richelieu. D'autres personnages peuvent être vus comme des clones de ceux de Dumas (par ex : la vicomtesse de Malicorne qui se rapproche de Milady de Winter). L'intrigue prend place dans le Paris de 1633, alors que la rivalité entre la France et l'Espagne est d'autant plus forte que celle-ci est sous l'influence de la Griffe Noire, une mystérieuse société secrète draconique, qui ne parvient pas à s'implanter par chez nous, grâce à la vigilance sans faille du cardinal de Richelieu. Alors que des négociations secrètes ont lieu entre les deux pays, celui-ci décide de reconstituer les Lames, une unité d'élite constituée des plus fines lames du royaume, et qui fut dissoute 5 ans auparavant, au siège de la Rochelle...

Le style de Pevel est volontairement proche de celui de Dumas. L'ensemble est assez rythmé, surtout dans le dernier tiers. Les personnages sont nombreux et il faut un certain temps pour se familiariser. Bien que l'auteur prenne soin de les distinguer, leurs personnalités et leurs histoires ne sont qu'effleurées, si ce n'est La Fargue, le capitaine des Lames. On est vraiment dans un récit de cape et d'épée pure souche, avec duels, complots, intrigues, trahisons, poursuites...Bref c'est l'aventure avec un grand A, le tout saupoudré de magie et de dragons (pour Pevel, dans ses récits, les dragons c'est comme l'ail dans la cuisine méditerranéenne, il en met partout^^). le Paris de l'époque est merveilleusement rendue et on sent un travail de documentation très solide, qui prend la forme d'apartés récurrentes pour expliquer l'histoire de tel bâtiment ou rue, ce qui peut éventuellement agacer mais qui, personnellement, ne m'a pas dérangé. Les chapitres sont courts et Pevel y glisse, en général, un cliffhanger qui contribue également au rythme en poussant le lecteur à enchaîner les pages.

Néanmoins, vous l'aurez compris, les "trucs" ne suffisent pas à faire un bon roman...Seul le talent y parvient et, à n'en pas douter, l'auteur n'en manque pas. En plus, il n'hésite pas à s'inscrire dans la continuité de ses plaisirs de jeunesse, sans chercher l'originalité ou la singularité à tout prix...Et c'est peut-être bien cette sincérité et ce respect dont il fait preuve qui sont le plus touchant.
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J'ai choisi ce titre en espérant y retrouver un petit quelque chose des "Trois Mousquetaires" d'Alexandre Dumas (un roman que j'adore, mais dont je n'ai toujours pas lu les suites). J'étais cependant légèrement sceptique, à cause du côté fantasy, qui ne m'attirait pas plus que ça. Les dragons ne me passionnent guère, et je craignais que l'intrigue n'accorde trop d'importance aux éléments fantastiques de l'histoire, au détriment du récit de cape et d'épée. Je me suis donc lancée sans attente particulière dans cette lecture. Et là... Divine surprise !!

"Les Lames du Cardinal", premier tome d'une trilogie initialement publiée chez Bragelonne, est un roman passionnant, qui se dévore à vitesse supersonique (Mach 3 en ce qui me concerne). Première bonne surprise : le style est excellent, et je suis instantanément tombée sous le charme de cette plume vive et alerte, extrêmement plaisante à mon goût. le vocabulaire est recherché, les tournures de phrase fluides et agréables, et le découpage du roman en chapitres courts et rythmés donne irrésistiblement envie d'en poursuivre la lecture. Oh, il y a bien ça et là quelques imperfections, quelques redondances aussi, mais elles sont noyées dans ce réjouissant festival d'action et de suspense, qui pétille comme une Clairette de Die fraîchement débouchée.

Pierre Pevel met en scène un nombre impressionnant de personnages, et il faut d'ailleurs un peu de temps pour identifier chacun d'entre eux : on passe en permanence d'un personnage à l'autre, sans savoir qui sont les "bons" et les "méchants", et les cent premières pages peuvent parfois prêter à confusion. Cela n'est cependant pas désagréable, et l'intrigue se met progressivement en place, tandis que les personnages nous deviennent de plus en plus familiers. Tous sont reconnaissables à leurs caractéristiques physiques, fréquemment rappelées par l'auteur (un procédé qui devient à la longue un peu agaçant, mais cela n'est pas bien grave). Ce dernier ne propose en revanche aucune analyse psychologique : les personnages restent assez sommaires et stéréotypés, tout en étant sympathiques et attachants. Ils se distinguent avant tout par leurs actes et leur histoire, plus que par leurs pensées (ce qui n'a rien d'étonnant dans un roman centré sur l'action et les péripéties). Tous sont néanmoins originaux, et l'on prend plaisir à suivre leurs aventures. Citons-en quelques-uns, parmi mes préférés : Saint-Lucq, le sang mêlé aux bésicles rouges, dont on ne sait pas très bien s'il oeuvre pour la France ou pour ses ennemis ; Agnès, jeune femme têtue et intrépide à la longue tresse de cheveux indisciplinés ; le mousquetaire Leprat, porteur d'une rapière d'ivoire taillée dans une dent de dragon ; Nicolas Marciac, malicieux jeune homme débraillé, très porté sur les femmes et les divertissements, qui se distingue cependant par ses connaissances en médecine ; La Fargue, enfin, capitaine des Lames du Cardinal, qui semble dissimuler quelque honteux secret... J'espère en apprendre davantage sur chacun de ces personnages dans les prochains tomes !

Dans le roman apparaissent également quelques figures historiques ou fictionnelles connues, qui évoquent bien sûr l'oeuvre de Dumas. Nous retrouvons Rochefort, l'âme damnée du Cardinal, ainsi que Monsieur de Tréville, capitaine des Mousquetaires. Plus que toute autre, ce fut la brève apparition d'Athos qui suscita en moi la plus grande émotion (Athoooooooooos ! Mon mousquetaire préféré !). Un clin d'oeil ma foi fort sympathique, qui renforça mon intérêt pour le texte de Pevel.

"Dans le même élan, Almadès transperça l'épaule du premier apprenti, la cuisse du second, se baissa pour éviter le bâton du troisième, se redressa et lui entailla l'aisselle en tournoyant, acheva son mouvement en croisant ses rapières pour prendre la gorge du prévôt dans le ciseau de deux tranchants acérés." (page 91)

Le style et les personnages ne sont cependant pas les seuls atouts de ces séduisantes "Lames du Cardinal". L'une des grandes forces du roman est le soin apporté au contexte historique, très travaillé, que Pierre Pevel restitue à travers de nombreuses descriptions, celles-ci ayant probablement fait l'objet de recherches approfondies. La géographie des lieux traversés par les différents protagonistes est toujours clairement établie : j'ai apprécié cette précision, qui permet de mieux appréhender le Paris de 1633. Paris et ses petites ruelles sombres et tortueuses... Paris et sa puanteur... Paris et ses faubourgs... Paris et ses tavernes bondées... Paris et ses embouteillages... Paris et ses salles d'armes... Paris et ses hôtels particuliers... le décor est planté de façon convaincante, et le lecteur est invité à visiter certains hauts lieux de la capitale, comme le Palais Cardinal ou les prisons du Châtelet. On flâne le long des rues de la Ferronnerie ou de l'Arbre-Sec, puis on se désaltère d'un pichet de vin au sous-sol d'une auberge crasseuse, avant de quitter la ville par la Porte de Nesle ou la Porte St Marcel. le plan proposé en début d'ouvrage permet de se repérer facilement, et vous sera particulièrement utile si vous ne connaissez pas Paris. Pierre Pevel évoque également le contexte politique, qui sous-tend l'intrigue du roman. Quelle était alors la place de la France en Europe ? Quel fut le rôle jouée par Richelieu sous le règne de Louis XIII ? Quelles étaient les attributions des Gardes du Cardinal et des Mousquetaires du Roy ? Il est fréquemment fait référence au siège de la Rochelle (déjà à l'honneur dans Les Trois Mousquetaires), qui provoqua la dissolution des Lames du Cardinal. Tous ces éléments contribuent à renforcer la crédibilité du récit, qui repose sur des bases solides et avérées.

"Il existait alors à Paris une douzaine de cours des miracles. Toutes organisées sur le même modèle hérité du Moyen Âge, elles réunissaient dans des lieux clos des communautés de gueux, truands et marginaux. Emaillant la capitale, elles devaient leur nom aux mendiants professionnels - faux malades et faux estropiés - qui y recouvraient "miraculeusement" la santé loin des regards indiscrets, après une journée de labeur." (page 135)

Pierre Pevel réussit un parfait hybride, dans lequel le roman de cape et d'épée prend cependant nettement le dessus sur la fantasy pure, celle-ci se faisant ici très discrète. Les personnages évoluent tout de même dans un monde légèrement différent du nôtre, peuplé d'étranges créatures. Les dragonnets y jouent le rôle d'animaux de compagnie (leur comportement rappelle parfois celui de nos amis félins), tandis que les vyvernes sont utilisées comme moyen de transport aérien. le courrier se transmet par "dragons voyageurs", un procédé développé et perfectionné par le dénommé Urbain Gaget, dont la florissante entreprise de messagerie rencontre un franc succès. Tout cela semble couler de source, et l'on ne remet pas un instant en question l'existence de cet univers, qui semble au contraire parfaitement crédible et réaliste. Les "méchants" de l'histoire sont quant à eux au service des dragons : ces créatures centenaires ont pris forme humaine, et se mêlent insidieusement à la population des pays qu'elles souhaitent diriger (infiltrer pour mieux régner, une tactique qui a fait ses preuves). Les dragons modernes parlent la langue des dragons ancestraux, et communiquent entre eux par l'intermédiaire de miroirs ensorcelés, dans lesquels ils continuent d'apparaître sous leur forme reptilienne. Je vous laisse découvrir par vous mêmes le plan machiavélique mis au point par ces derniers pour s'emparer du Royaume de France (espérons que les Lames arrivent à temps pour sauver la patrie) !

Pierre Pevel a débuté dans le jeu de rôle, et cela se ressent dans sa capacité à créer un univers cohérent, pour y faire ensuite évoluer des personnages de chair et d'os. Les éléments fantastiques sont du reste parfaitement intégrés à l'arrière-plan historique, et ne m'ont absolument pas dérangée. Exemple : l'auteur invente une maladie d'origine draconique, mortelle et extrêmement contagieuse, dont il décrit tous les symptômes et les modes de transmission. La ranse s'ajoute ainsi à la longue liste des épidémies dévastatrices du XVIIème siècle, à une époque où la médecine était encore bien souvent impuissante.

"Mince, maigre, pâle, la main qui tenait cette plume traçait une écriture fine et serrée, nerveuse mais dominée, sans rature ni surcharge. Souvent, la plume allait à l'encrier. Elle était guidée par un geste précis et, sitôt revenue sur le papier, elle continuait de crisser au fil d'une pensée qui n'hésitait pas. Rien, sinon, ne bougeait. Pas même le dragonnet pourpre qui, roulé en boule, le museau sous l'aile, dormait d'un sommeil paisible près du sous-main en maroquin." (page 19)

L'intrigue de ce premier tome se concentre la plupart du temps sur des péripéties on ne peut plus classiques, rappelant les grandes heures du roman et du film de cape et d'épée. Les membres des Lames ne peuvent parcourir plus de quelques lieues sans tomber dans quelque embuscade, et nos vaillants bretteurs se retrouvent impliqués dans de nombreux combats, particulièrement réjouissants pour l'escrimeuse que je suis. Les phrases d'armes sont minutieusement décrites, et l'auteur utilise un vocabulaire parfaitement adapté (les amateurs apprécieront). J'ai pour ma part été séduite par le dynamisme se dégageant de ces séquences !

"Le duel fut acharné dès les premiers échanges. Tendus et concentrés, le drac et Leprat échangèrent attaques, parades, contres et ripostes sans rien s'épargner. le reptilien savait à qui il avait affaire et le chevalier comprit vite ce que valait son adversaire. Aucun ne semblait en mesure d'avoir le dessus. Quand l'un rompait de quelques pas, il reprenait aussitôt l'avantage. Et quand l'autre aprait à répétition, il parvenait toujours à s'approprier l'initiative de l'assaut suivant. Leprat était un bretteur expérimenté et talentueux. Mais le drac avait pour lui la force et l'endurance : son bras semblait infatigable. Acier contre ivoire, ivoire contre acier, les lames virevoltaient et s'entrechoquaient aussi vite que l'oeil pouvait voir." (page 103)

Pierre Pevel fait preuve d'un sens du suspense très développé, distillant habilement les coups de théâtre tout au long d'une intrigue riche en rebondissements et en révélations. Les Lames du Cardinal déjouent complots et trahisons, et le lecteur comprend vite qu'il ne peut se fier à quiconque dans cet univers de manigance et de faux-semblants. Des personnages en apparence inoffensifs se révèlent d'une incommensurable fourberie, et l'entourage de Richelieu grouille d'agents doubles, voire triples, qui se jouent de leurs ennemis avec un machiavélisme redoutable. Tout cela est traité avec humour et légèreté, dans un feu d'artifice d'action débridée qui se conclut de la plus belle façon qui soit. Les dernières phrases sont redoutablement efficaces, et donnent instantanément envie de se précipiter sur le deuxième tome de la trilogie, "L'Alchimiste des Ombres", qui ne sera malheureusement pas disponible en poche avant plusieurs mois. L'attente sera longue !


Une aventure divertissante, captivante et pleine de panache. Coup de coeur !

Lien : http://leslecturesdeleo.blog..
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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - En 1633, Richelieu demande au capitaine La Fargue de reconstituer, après cinq ans de dispersion, une petite troupe d'élite entièrement dévouée à la France ; les fameuses « lames », utilisées au gré des intérêts du pouvoir. Il lui confie une mission secrète et inévitablement dangereuse, concernant l'Espagne avec laquelle les relations ne sont pas au beau fixe. Le contexte international est fort délicat : dans plusieurs pays d'Europe, dont la péninsule ibérique, les dragons ont repris le pouvoir de façon occulte, par le biais de sociétés secrètes. La France résiste encore, mais pour combien de temps ?
Pierre Pevel est passionné de fantasy mais aussi d'Alexandre Dumas et de ses mousquetaires. Il convoque, dans ce récit, les figures de Richelieu, Athos, Rochefort, Tréville etc. Dans Paris et ses environs, scènes d'espionnage, de combats à l'épée, guet-apens, conciliabules en tout genre, poursuites effrénées mais aussi fêtes et banquets se succèdent à un rythme trépidant, sans qu'à aucun moment les évocations ne freinent l'action. Les personnages, jamais manichéens, êtres d'honneur pour les uns, traîtres pour les autres, ou les deux à la fois, sont complexes et attachants. Pevel maîtrise parfaitement une écriture classique, visuelle, parfois teintée d'humour. Les effets de surprise tiennent en haleine le lecteur jusqu'à la dernière ligne de cet excellent roman qui ouvre un nouveau cycle. Marie-Françoise Brihaye
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Un carrosse richement décoré arrivait. Tiré par un splendide attelage, il s’arrêta sur la route poudreuse et un homme en descendit. Son pourpoint était entièrement déboutonné et sa chemise sortait à demi de ses chausses. Le chapeau dans la main droite et la gauche reposant sur le pommeau de son épée, il garda une semelle sur le marchepied pour embrasser une jolie jeune femme blonde penchée par la portière ouverte. Ce spectacle n’étonnait pas d’Orvand, qui leva cependant les yeux au ciel en voyant qu’un second baiser d’adieu était échangé avec une autre beauté, brune celle-là.
— Marciac, murmura le vicomte pour lui-même. Tu ne changeras donc jamais !
Le gentilhomme chargé de transmettre les récriminations du marquis de Brévaux retrouva ses amis tandis que le luxueux carrosse doré faisait demi-tour en direction de Paris et que Nicolas Marciac rejoignait d’Orvand. Il était bel homme, séduisant malgré le négligé de sa tenue et peut-être un peu grâce à cela, aurait eu besoin d’un coup de rasoir et souriait de toutes ses dents. Il trébuchait à peine et était l’image même du noceur ravi de sa nuit et insoucieux du lendemain.
— Mais tu as bu, Nicolas ! s’inquiéta d’Orvand en flairant son haleine.
— Non ! s’insurgea un Marciac très choqué… Enfin… à peine.
— Avant un duel ! C’est folie !
— Ne t’alarme pas. Ai-je déjà perdu un duel ?
— Non, mais…
— Tout ira bien.
Près de l’autre carrosse, le marquis de Brévaux était déjà en chemise et esquissait quelques fentes.
— Bon, finissons-en, décréta Marciac.
Il ôta son pourpoint, le jeta dans le carrosse du vicomte, dit bonjour au cocher, s’inquiéta de sa santé, fut ravi d’apprendre qu’elle était excellente, surprit le regard de d’Orvand, ajusta sa chemise dans ses chausses, dégaina son épée et alla vers Brévaux qui marchait déjà à sa rencontre.
Puis, après quelques pas, il se ravisa, tourna les talons sans se soucier d’exaspérer plus encore le marquis, et glissa à l’oreille de son ami :
— Dis-moi juste une chose…
— Oui ? soupira d’Orvand.
— Promets-moi d’abord de ne pas te fâcher.
— Soit.
— Alors voilà, j’ai deviné que je me bats contre celui qui est en chemise et me regarde d’un mauvais air. Mais pourrais-tu m’indiquer pourquoi ?
— Hein ? s’exclama le vicomte plus fort qu’il ne l’aurait voulu.
— Si je le tue, je lui dois bien de connaître le motif de notre querelle, ne crois-tu pas ?
Les mots manquèrent d’abord à d’Orvand, qui se ressaisit et annonça :
— Une dette de jeu.
— Quoi ? Je lui dois de l’argent ? À lui aussi ?
— Mais non ! Lui ! … C’est lui qui… Bon, en voilà assez. Je vais annuler cette folie. Je dirai que tu es souffrant. Ou que tu…
— Combien ?
— Hein ?
— Combien me doit-il ?
— Quinze cents livres.
— Diable ! Et moi qui allais le tuer ! …
Joyeux, Marciac s’en retourna devant le marquis qui fulminait. Il prit la pose d’une garde incertaine et lâcha :
— À votre disposition, monsieur le marquis.
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Patient et résolu, il avait dirigé l'interrogatoire en ne s'inquiétant pas outre mesure de l'entêtement que le supplicié mettait à garder ses secrets. Il savait que le temps, la douleur et le désespoir travaillaient pour lui. Il savait que sa victime finirait par parler, comme la plus solide des murailles finit toujours par s'écrouler sous les boulets. Cela se produirait brusquement, sans que rien ou presque ne l'annonce. Il y aurait le coup de trop et viendrait le grand effondrement libérateur.
.....Sais-tu ce qui ne lasse jamais de m'étonner ?... C'est de voir à quel point nous avons la vie chevillée au corps.
Inerte mais conscient, le supplicié resta muet. Ses paupières gonflées étaient mi-closes sur des yeux vitreux et parcourus de vaisseaux écarlates. Des caillots suintants encroûtaient ses oreilles. Bave, bile et sang mélangés, des filaments coulaient d'entre ses lèvres boursouflées et crevassées.
Toi, par exemple, reprit Savelda... En ce moment, tu ne désires que la mort. Tu la désires de tous tes voeux, de toute ton âme. Si tu le pouvais, tu consacrerais tes dernières forces à mourir. Et pourtant, cela n'arrive pas. La vie est là, en toi, comme un clou profondément fiché dans le plus solide des bois. Elle se moque bien de ce que tu veux, la vie. Elle se moque bien de ce que tu subis et du service qu'elle te rendrait en t'abandonnant. Elle s'entête, ell s'acharne, elle trouve en toi des refuges secrets. Elle s'épuise, certes. Mais il faudra du temps avant de la déloger de tes entrailles.
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- Je pourrais coller mon oreille contre la porte et écouter.
- Non, vous ne pouvez pas.
- Pourquoi ?
- Pour la raison que je vous l’interdis et que je vous en empêcherai.
- Oui, évidemment. C’est une excellente raison.

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Craint parce qu'il était influent et d'autant plus influent qu'il était craint, le cardinal de Richelieu pouvait ruiner un destin d'un trait de plume ou hâter tout aussi aisément une carrière vers les sommets. On prétendait qu'il était homme à écraser tous ceux qui lui résistaient. On exagérait beaucoup et, comme elle se plaisait à le dire, Son Éminence n'avait d'autres ennemis que ceux de l’État. Mais envers ceux-là, elle savait se montrer impitoyable.
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Servez Son Éminence fidèlement. Mourez pour elle si les circonstances l’exigent. Néanmoins, n’écoutez que ce que l’on veut que vous entendiez. N’observez que ce que l’on vous donne à voir. Ne devinez que ce qu’il vous faut comprendre. Et empressez-vous d’oublier le reste.

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