Chez les chimpanzés il n'y a pas besoin d'arbitre

Je note que les sciences humaines, qui abhorrent la biologie, se voient administrer une sévère leçon. Lévi-Strauss dénonçait en son temps l'humanisme bourgeois qui n'eut de cesse d'exclure les femmes et les autres peuples. La génétique montre que ce qui fait notre humanité se tisse de caractères hérités de nos lointains ancêtres du genre Homo et d'échanges de gènes, mais aussi de techniques et de traits culturels et sociaux, avec d'autres espèces datant d'une époque pas si lointaine que ça.

Pour moi, la fin de la préhistoire a connu une humanité à multiples visages, composée de plusieurs espèces tout aussi humaines mais biologiquement différentes. La question de l'humain, contrairement à une trop longue tradition reposant sur l'arrogance et l'ignorance ne doit pas se fonder sur l'exclusion. Elle doit être sans cesse revisitée et enrichie par ce que l'on apprend des espèces les plus proches de nous, que ce soit dans la nature d'hier ou dans celle d'aujourd'hui. L'humain n'est donc pas une question d'espèce, mais d'attitude envers son "prochain", ce terme prenant une signification nouvelle dans le cadre de la paléoanthropologie. Ces questions ne sont pas triviales. Elles sont au cœur de débats très sérieux sur les limites de l'humain, comme savoir si, en raison de leurs caractéristiques humaines, les chimpanzés et d'autres grands singes doivent bénéficier ou non des droits de l'homme. Ces sujets se discutent dans toutes les grandes instances internationales compétences sur les questions de droits.