Un livre qui reprend le texte lu qu'il donna le 20 janvier 1960 à l'invitation de la British Academy lors de sa conférence philosophique annuelle). L'essentiel de son contenu reste toujours valable à notre époque, à propos des approches et des écoles de pensée actuelles qui existent au seins de la connaissance scientifique.
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[...] La question que pose traditionnellement la théorie politique, « Qui doit gouverner ? », celles-ci appelant des réponses autoritaristes comme « les meilleurs », « les plus sages », « le peuple » ou « la majorité » (la question incite d'ailleurs à formuler des alternatives stupides comme « Qui doit avoir le pouvoir : les capitalistes ou les travailleurs ? », alternative analogue à celle qui demande « Quelle est la source ultime de la connaissance : l'intellect ou les sens ? »).
La question politique traditionnelle est mal posée [...]. Il faudrait lui substituer une question tout à fait différente : « Comment organiser le fonctionnement des institutions politiques afin de limiter autant que faire se peut l'action nuisible de dirigeants mauvais ou incompétents ‒ qu'il faudrait essayer d'éviter, bien que nous ayons toutes les chances d'avoir à les subir quand même ? »
Je pense que c'est seulement en transformant ainsi le problème que nous pouvons espérer nous acheminer vers une théorie des institutions politiques qui soit raisonnable.
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p.132-133
L'erreur fondamentale que commet la doctrine des sources épistémologiques ultimes, c'est de ne pas distinguer assez clairement les problèmes d'origine des problèmes de validité. Il se peut que, dans le cas de l'historiographie, les deux types de questions se rejoignent quelquefois. Trouver l'origine de certaines sources est parfois le seul ou le principal moyen que l'on ait de tester la validité d'une assertion historique. Mais, généralement, les deux problèmes ne se recouvrent pas, et nous n'éprouvons pas la validité d'une assertion ou d'une information en en déterminant les sources ou l'origine ; nous testons celles-ci selon une méthode plus directe, l'examen critique du contenu de l'assertion - ou des faits qui en sont l'objet.
Par conséquent, les questions que pose l'empiriste, « Comment le savez-vous ? Quelle est la source de votre affirmation ? », sont mal posées. Ce n'est pas qu'elles soient formulées de manière incorrecte ou trop peu rigoureuse, c'est leur principe même qui est à récuser : elles appellent en effet une réponse de nature autoritariste.
Les progrès du savoir sont essentiellement la transformation d'un savoir antérieur.
La vocation essentielle de l'observation et du raisonnement, voire de l'intuition et de l'imagination, est de contribuer à la critique de ces conjectures aventurées à l'aide desquelles nous sondons l'inconnu.
Karl Popper - Uncertain truth part6 (Last one !)