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EAN : 9782070415533
192 pages
Gallimard (22/11/2000)
3.5/5   38 notes
Résumé :
Le visage reflète l'âme, on le dit. Le mien est monstrueux même si, intérieurement, je reste propre. Le rock, la route, les bagarres, le groupies me laissent indifférent. Mais Suzanne vient mourir dans ma chambre. Son jeune visage va me hanter longtemps...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Charles-Emile Gadde, alias Dumbo, travaille en ce moment pour le groupe de rock Bande à part. Des rockeurs, des junkies, des consommateurs de poudre blanche, des jeunes avides de pouvoir et de reconnaissance, quelque peu égocentriques et accros aux groupies qui se jettent sur eux. Il est un peu l'homme à tout faire: il charge les camions, installe le matériel sur les scènes et s'occupe, pas toujours très gentiment, des fans un peu trop excités lors des concerts. le groupe fait en ce moment une tournée promotionnelle. Après Paris, direction, la Bretagne puis le Centre. Dumbo bosse avec Lucie, un quintal au compteur, peu bavarde mais qui sait manier la batte de base-ball à merveille. Après un concert, une jeune fille, Suzanne, la seule peut-être à ne pas avoir reculé devant lui, devant sa gueule d'Elephant-Man qui effraie tout le monde, lui demande à approcher le groupe. Il ne peut pas le lui refuser. Or, le lendemain, c'est son cadavre qui est retrouvé dans la baignoire de la chambre d'hôtel de Dumbo. Avec sa tronche et son passé d'ex-taulard, il est le suspect idéal. Sûr de son fait, il ne tarde pas à soupçonner les p'tits ringards. Un désir de vengeance et de justice se fait sentir pour leur faire payer leur acte... 
Valérie, elle/aile, de son côté, s'est échappée de sa vie d'actrice adulée depuis que son compagnon a été tué. Elle ne croit aucunement à l'hypothèse de l'accident. Aussi, elle a décidé de fuir tout ce monde factice de paillettes... 

La Belle et la Bête revisitée par Pouy... Lors de cette tournée promotionnelle, Dumbo/Je, pugnace, têtu et assoiffé de justice, mettra tout en oeuvre pour réparer cette injustice, à savoir découvrir qui a tué cette petite fille innocente, cette âme perdue en extase devant ces junkies. Jean-Bernard Pouy nous entraine dans ce road-movie à travers la France, à bord du camion de Dumbo. Et c'est au son du chant désespéré des baleines qu'il va mener sa propre enquête. A sa façon, à coups de poings. Dans ce roman noir, où la poésie et la violence s'écoutent au son des guitares, où la cadence s'accélère, où les arrangements se font dans les coulisses et où chacun joue ses propres gammes, l'ambiance est plus électrique que jamais. le ton est noir, acerbe, cruel et doux à la fois . 

Suzanne et les ringards...et moi...
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Jean-Bernard Pouy est un génie !

Bon, ça, je le clame à chaque fois que je parle de l'auteur et je ne suis pas le seul à le dire.

Mais Jean-Bernard Pouy n'est pas du genre des génies à produire un nombre restreint d'oeuvres géniales, mais de celui de produire énormément d'avoir des idées à profusion, de les partager, de les offrir, voire, de les livrer même incomplètes, même si ce n'est pas dans le meilleur écrin.

Jean-Bernard Pouy, de livre en livre, ne cesse d'inventer des personnages intéressants, originaux, attachants, de multiplier les références, cinématographiques, musicales, littéraires… et de jouer avec les mots…

Bref, Jean-Bernard Pouy est un génie. Et, si vous ne le connaissez pas, sautez sur le premier livre de l'auteur que vous croiserez. Et si vous n'aimez pas ce livre, sautez sur le second livre. Et si vous n'aimez pas, sautez sur le troisième. Et si vous n'aimez pas, alors, je ne peux plus rien pour vous.

Charles-Émile GADDE alias Dumbo, est un roadie, ces gens qui parcourent les routes en marge des tournées de concerts pour transporter le matériel de sono. Son surnom, il le doit à son visage ravagé par une tache de vin répugnante.

Chaque soir, après les concerts de Bande à Part, un groupe de rock émerge, il est chargé de choisir quelques groupies pour les conduire vers les membres du groupe pour « l'after », l'après-concert où les rockers se plongent dans la débauche : sexe, alcool, drogue.

Ce soir-là, Suzanne, une gamine de 18 ans, au visage angélique, supplie Dumbo de l'amener à la soirée. Elle n'a pas eu peur de son visage, ce qui le surprend et retient son attention. Il tente de la dissuader d'y aller, l'assurant que les musicos sont des salauds qui vont se servir d'elle et la jeter, mais elle lui répond qu'elle le sait, l'assume et veut juste vivre un moment intense dans avant de reprendre sa vie palote.

Dumbo cède.

Le lendemain matin, le corps sans vie de Suzanne est retrouvé dans la baignoire de sa chambre d'hôtel.

Dumbo a un alibi et la police ne l'inquiète pas trop, d'autant qu'ils trouvent le suspect idéal en la personne d'un jeune turc travaillant pour l'hôtel. Il suffit de le bousculer un peu pour qu'il avoue tout ce que l'on veut : le meurtre, en l'occurrence.

Mais Dumbo ne croit pas à la culpabilité du jeune homme et suspecte, plutôt, un des membres du groupe ou tous, pourquoi pas.

Incité par un policier à profiter de sa situation pour surveiller.

Mais le Turc meurt en prison, l'affaire est classée… pas pour Dumbo.

« Suzanne et les ringards » est un court roman (même pas 35 000 mots) publié en 1985 dans la mythique collection « Série Noire » des éditions Gallimard.

Jean-Bernard Pouy nous livre un récit composé de deux histoires, de deux personnages, finissant par se croiser. Celle de Dumbo, le « roadie » en quête de justice, et celle de Valérie, une jeune actrice en plein succès qui, suite au décès de son mentor et mari dans un accident de voiture, décide de fuguer et de disparaître afin de se retrouver.

J.B. Pouy s'attarde principalement sur Dumbo, à travers une narration à la première personne.

Quant à la petite part dévolue à l'actrice, elle est narrée à la troisième personne.

Comme souvent, l'auteur compose un personnage central intéressant, attachant, complexe et original. Dumbo, de par son infirmité visuelle, fait fuir les autres et fuit, de son côté, une société qui lui déplaît. Ancien contestataire, condamné à la prison, il constate, à sa sortie, que ses anciens partenaires de lutte sont non seulement rentrés dans le rang, mais en plus, le rejette.

Alors, il se plonge tête baissée dans son boulot, distribuant les beignes, lors des concerts, pour assurer le service de sécurité, chargeant et déchargeant le matériel, passant ses nuits sur la route pour transporter le matos d'une ville à une autre.

Dans ce monde nocturne, une seule amie, Lucie, chargée de la sono et des balances, une jeune femme au physique de sumo, une taiseuse, la seule dont le regard ne fuit pas son visage.

Il partage généralement la route, avec elle, la nuit.

J.B. Pouy, dans ce récit, semble avoir un peu le cul entre deux chaises.

Il semble évident qu'il a envie de parler de normes, mais, surtout, d'anormalité, des êtres que l'on rejette pour une particularité physique.

Dumbo, pour son visage, Lucie pour son obésité.

Pour mieux mettre son sujet en profondeur, il trace en parallèle le portrait de la beauté par excellence à travers le personnage de la jeune actrice.

Certes, on pourrait réduire le récit à l'histoire de la belle et la bête, mais Pouy s'intéresse si peu à la belle qui n'est là, apparemment, que pour contraster avec le personnage de Dumbo et offrir un rebondissement un peu facile vers la fin du récit.

D'ailleurs, ce second personnage est délaissé par l'auteur à tel point que, non seulement les chapitres qui lui sont dédiés sont très courts, mais en plus narrés d'une manière impersonnelle.

Dommage, d'ailleurs, que Pouy n'ait pas supprimé tout simplement ce personnage secondaire pour se concentrer plus sur Dumbo et approfondir son traité sur la différence un brin trop superficiel alors que l'on sent, dans le texte, qu'il importe beaucoup à l'auteur.

Car l'intrigue qui permet au personnage d'évoluer est elle-même traitée avec légèreté par l'auteur. Simple, prévisible, sans réel intérêt, unique prétexte à permettre à Dumbo d'avoir une quête que l'auteur peut raconter.

Dans le style aussi, J.B. Pouy se perd un peu. On sent qu'il a envie de jouer avec les mots, comme il le fait toujours ou presque, mais, d'un autre côté, on a l'impression d'une certaine retenue ou bien qu'il ne sait pas trop dans quel contexte les placer. Dans la part dévolue à Dumbo ? À l'actrice ?

Un mauvais roman de J.B. Pouy alors ? Non, même pas ! En existe-t-il d'ailleurs un ?

Non, J. B. Pouy, c'est pour le lecteur que je suis un peu ce que Jackie Chan était jusqu'à il y a quelques années pour l'amateur de films de Kung Fu de Hong Kong.

Dans tous les films de Jackie Chan, il y avait toujours des combats, des cascades, qui méritaient de regarder le film même s'il n'était pas très bon.

Dans tous les romans de J.B. Pouy, il y a toujours quelque chose, un style, des passages, des personnages, qui méritent qu'on lise le roman même s'il n'est pas excellent.

Et à chaque fois, même si durant la lecture, je ne suis pas excessivement emballé, non seulement je n'abandonne jamais, mais, en plus, j'ai toujours, a posteriori, une bonne impression qui demeure. C'est la magie Pouy, car J.B. Pouy est un génie.

Au final, un personnage qui méritait mieux, plus. Une meilleure intrigue, plus d'attention. Un roman un peu bancal du fait que l'auteur semble demeurer entre deux histoires, deux styles, deux idées. Dommage.
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Un rejeté de la société, un ex-taulard, (trois ans pour avoir fracassé des activistes d'extrême-droite) à la gueule d'Elephant Man devient garde du corps/vigile/conducteur de poids lourds. Il écoute le chant désespéré des baleines dans sa cabine la nuit.
Une star de ciné a eu un accident de voiture, dans lequel elle a perdu l'amour de sa vie. Elle en profite pour goûter un anonymat précieux et fait une fugue professionnelle. Elle s'est kidnappée. Elle veut comprendre. Echapper au monde du business, monde de ringards.

Dumbo est embarqué dans la tournée d'un groupe de pseudo supers-stars du rock. Un genre de Rolling Stones punk déjantés, les mêmes délires sordides que la plupart des rock-stars qui pleurent un jour de n'avoir pas leur propre plumard, de n'avoir pas qu'une seule femme. Quoique... Il essaie de relativiser, Dumbo, "Je ne lui en voulais plus, il était tout à coup redevenu ce qu'il était et ce qu'il était seulement : un connard de joueur de rock and roll, inculte, égocentrique, malade, sans perpective, ni pour lui, ni pour le reste des humains."

Je. Car Dumbo utilise le Je. Valérie, dans ses chapitres, parle d'Elle. Comme si elle n'avait droit qu'au jeu. Comme, si, après tout, elle n'avait pas le droit d'avoir une vraie vie, condamnée à jouer celles des autres.

Valérie fuit. S'échappe de ces regards pervers et/ou intéressés. Plein de pages, d'images, dans les journaux, de cette star de ciné "disparue", et pas une, pas une seule de Suzanne, cette jeune fille assassinée et retrouvée nue dans une baignoire de chambre d'hôtel, mais pas n'importe quelle chambre. Celle du narrateur.

Un désir fou de justice s'empare de lui. Venger cette pauvre âme égarée, morte anonyme. Jusqu'à ce qu'il se demande pourquoi. User de sa force ? Encore ? Il fatigue. Il se fait vomir de pouvoir démolir aussi facilement le portrait de ceux qui peuvent pas encadrer le sien. Des fois il le ferait juste pour qu'il sachent ce que ça peut faire, d'avoir la gueule de travers. le coeur à l'envers, aussi. Mais il s'en foutent, tout tourne autour de leur nombril piercé, de leurs poumons troués, de ce qu'ils se mettent dans le nez, dans la gorge. Et ça, ça reste en travers de la sienne.

Alors il va mener sa propre enquête, à sa manière, pas de main morte. Bien vivants au contraire, ses poings. Casser les cordes de ces petits cons de gratteux jusqu'à ce qu'ils pètent un câble. Jusqu'à la fausse note. Mais non, pas un ne crache le morceau, tous continuent de cracher la même musique. C'est l'ambiance de la tournée qui devient électrique. Il démissionne, avant qu'on ne le vire. Maintenant, il a toute liberté d'agir. Jusqu'à ce qu'il croise Valérie.

Corrosif, ironique, noir, tendre, vrai. C'est tout Jean-Bernard Pouy ça.. Des écartés de la vie qui parlent et vivent la poésie de la douleur, sans douceur.
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'ai tout observé, tout, rien, de petites choses, des drames insoupçonnés, la claque qui arrive, méchante, dans la gueule du moutard qui traine, le rire ventral de l'adolescente qui se fait embarquer sur la mobylette de son marlou, le mimile qui se fait engueuler par sa grosse parce qu'il a renversé son vin chaud, les deux homos qui ne se parlent plus, l'un regardant les militaires qui passent, les couples où le mec la boit, sa nana, et la tripote, le flic qui, sans son flingue, mesurerait cinq centimètres de moins, les touristes qui parlent fort, sûrs de ne pas être compris, les intellos du coin qui se frisent les tifs, bref, du spectacle, de la marchandise, de l'import-export, je te donne tu me prends.
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Il faudrait qu'elle aille chez les Papous pour trouver quelque chose de pas pareil. La France est morne. Les gens sont assez laids, pas vraiment laids, éteints. Ce n'est pas étonnant qu'ils soient si intéressés par la vie du grand monde, leur vie semble si lasse. Merde, ils n'ont qu'à faire un effort. 
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Et nous grimpons, nous grimpons, 
Au dessus des étoiles, 
Pour capturer le tigre des montagnes
Dont nous suivons la trace
Dans la neige... 
Eno
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Bientôt, ils s'injecteront du débouche-lavabo, pour tester les trous que ça peut faire dans leur identité. 
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