UN EXCELLENT LIVRE SUR L'ENSEIGNEMENT ET LA GUÉRISON SPIRITUELLE SELON SWAMI PRAJNÂNDA
Comment guérir ce corps spirituel, cette âme, ce petit soi que l'on relie au Soi, en vivant pleinement cette guérison telle que la proposait
Swâmi Prajnânpad ?
Tout d'abord, après la préface de
Fabrice Midal (mouais…), Emmanuel Desjardins expose, dans une petite biographie de
Swâmi Prajnânpad (né Yogeshvar Chattopadhyaya, 1891-1974), l'être complexe qu'il était : sa sensibilité, son entièreté, sa science, sa religiosité, sa folle sagesse, sa psychanalyse, son monachisme, ses renoncements, Moksha… quelle vie !!! Pleine de contrastes, de joies et de malheurs ! Il ne pouvait que comprendre et vouloir aider ceux qui avaient vécu de tels tourments.
Puis Emmanuel Desjardins nous démontre la façon d'enseigner de
Swâmi Prajnânpad, et son « art de l'accompagnement » : tout un art, car le Swâmi ne faisait que des tête-à-tête tel un médecin et son patient, et jamais de conférence, de satsangs et de livres (seuls ses disciples en ont écrit). Il était au plus près des préoccupations et des problèmes de ses élèves, disciples et finalement… patients. Mais il déjà tellement difficile de régler les soucis psychologiques, il est donc devenu primordial de régler les méandres spirituels. D'ailleurs, j'ai cette idée qu'il devrait exister de vrais guérisseurs spirituels (certifiés) à l'instar des docteurs – mais en 1905, l'on a dit au revoir aux curés, et depuis l'on va chercher ailleurs ce que l'on avait ici.
Bref,
Swâmi Prajnânpad se tenait dans la tradition de l'Advaïta-Vedanta, le non-dualisme hindou, mais il avait sa méthode : l'Adhyâtma Yoga ou Yoga vers le Soi.
Voici ce qu'en disait
Swâmi Prajnânpad : « le chemin ici est celui de la Connaissance suprême (Prajnâna), le chemin du yoga concernant le Soi (Adhyâtma Yoga) ou encore le chemin qui vous conduit à être établi en vous-même ! C'est le chemin qui vous conduit à un état où le mental, libéré de toutes les attirances extérieures, est rempli à ras-bord de sa propre et douce joie« .
Quelques lignes plus loin,
Swâmi Prajnânpad définit les Quatre Piliers de l'Adhyâtma Yoga : l'étude du vedanta, la destruction du mental, la purification du psychisme et l'érosion des désirs.
Ou encore, plus loin, Emmanuel Desjardins parle de lui : « les valeurs suprêmes de son enseignement sont l'amour de l'autre, la communion, la liberté et l'absence d'égocentrisme. Cela signifie qu'il n'a pas besoin d'enseigner, qu'il n'a rien à prouver, rien dont il veuille convaincre qui que ce soit, qu'il n'est prisonnier d'aucun dogme, d'aucune méthode et qu'il se met totalement au service de celui qui fait appel à lui. Il n'est pas là en tant qu'ego avec ses goûts, ses attentes, sa façon de faire, son besoin d'aider, son refus de l'impuissance. Il fait le vide, il est un espace infini dans lequel on se sent accueilli et accepté tel que l'on est. Tous les disciples interrogés à ce sujet sont unanimes. Ce qui était extraordinaire, disent-ils, c'est que
Swâmi Prajnânpad se mettait à notre niveau, il était si proche, il s'intéressait à tous les détails de notre existence, son écoute était parfaite« . Son disciple
Sumangal Prakash, en a écrit un livre édité par les éditions Accarias-L'Originel, «
Swâmi Prajnânpad, mon maître » (que je n'ai pas).
La vraie spécificité de Swâmiji, vous l'avez compris, c'était qu'il s'adaptait à son interlocuteur : il était entièrement tourné vers celui venu le questionner et l'écouter. Il était extrêmement préoccupé par l'humain.
« Pour
Swâmi Prajnânpad – nous dit E. Desjardins – enseigner, c'est répondre à la demande, c'est s'adapter à l'autre« . Ou encore : « la méthode doit être différente. Elle dépend de la personne qui se présente. »
E. Desjardins définit également les différents aspects de la méthode du Swamiji :
_ Être libre de tout dogme
_ Rejoindre la personne là où elle est
_ Faire en sorte que la personne se sente aimée et acceptée telle qu'elle est
_ S'intéresser à tous les aspects de son existence
_ Replacer chacun de ces aspects dans une perspective spirituelle vaste
_ Lui donner de la considération
_ L'aider à grandir
_ Faire preuve d'une patience illimitée
_ Déconcerter
_ Savoir attendre le bon moment.
Cela me rappelle le Zen du docteur Patrick Malle ou les enseignements de Folle Sagesse de
Chogyam Trungpa !
La seconde partie de l'ouvrage est un exposé détaillé par Emmanuel Desjardins de la « non-méthode » de
Swâmi Prajnânpad, afin que chacun puisse en prendre connaissance, et la retrouver auprès des disciples encore vivants. Cela doit vous conduire à VIVRE pleinement, c'est-à-dire avec une certaine pureté acquise petit à petit et qui débarrasse le mental de toutes ses scories. L'expérience, la psychologie, la psychanalyse et les approches spirituelles de l'humain forment la matière que modèle Emmanuel Desjardins : la lecture de cette partie est fluide et enrichissante, et cela m'a agréablement surpris, car pour quelqu'un qui n'a connu qu'enfant ce
Swâmi Prajnânpad, il réalise une belle synthèse de cet homme incomparable.
Pour terminer, je dirais que nous avons là un bel ouvrage sur
Swâmi Prajnânpad et son accompagnement spirituel (un enseignement intimiste, une thérapie holistique), cette voie singulière personnelle forgée sur l'enclume de la tradition de l'Advaïta Vedanta.
Je vous recommande fortement cette lecture !
P.S. : Autre disciple de
Swâmi Prajnânpad,
Gilles Farcet a également publié chez le Relié un guide remarquable :
Gilles FARCET – Une boussole dans le brouillard. Un chemin spirituel pourquoi, comment et dans quel but ?
Bonne et agréable lecture !
Zuihô
Lien :
https://livresbouddhistes.co..