Longtemps que je n'avais pas lu un cycle de SF avec autant de plaisir.
Les cinq tomes de la longue
Terre sont un véritable monde infini qui pourrait servir de bible pour les auteurs de SF, tellement chaque monde visité, parfois une centaine en un seul paragraphe, pourrait faire l'objet d'une histoire. Les concepts s'y succèdent avec l'aisance de deux vieux romanciers bien british qui ont juste l'air d'être dans une cour de récré de l'écriture.
Je ne suis ni fan de
Stephen Baxter, très Hard SF, ni de
Terry Pratchett totalement barré fantasy, mais la collaboration des deux c'est la jubilation. Hommage en passant:
Pratchett est décédé en 2015 juste après avoir terminé ce dernier tome.
En plus de plonger dans tous les concepts qu'ils aiment (évolution de l'humanité, spéculation sur les formes de vies possibles, univers parallèles), ils ne manquent pas d'évoquer tous leurs copains, toutes leurs références autant filmiques que livresques.
Bon dieu, que ces deux joyeux lurons aiment la culture populaire! Ils rendent hommage, utilisent, développent toute la SF du XXè siècle et même avant.
Ce n'est pas de la maîtrise qu'ils ont dans la manipulation de leurs principes, de l'incarnation des personnages et des mondes, de l'humour, c'est de l'aisance. Ça peut donner un aspect trivial à cette histoire mais il ne faut pas grand-chose pour comprendre que ce n'est pas à la portée du premier écrivain débutant. C'est de la bouteille, ça saute aux yeux et ça force le respect, d'autant plus que ce savoir-faire se cache sous une grand légèreté, témoin d'une modestie certaine.
Un bémol, oui: l'intrigue. Ces cinq tomes sont dédiés exclusivement à l'exploration; et bien que plusieurs fils à mystère soient tricotés habilement, on ne peut pas parler de suspense haletant. Il faut aimer se faire porter par l'intelligence des auteurs et votre seule curiosité, ce qui doit être le cas si vous êtes lecteur SFF.
Enjoy!