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EAN : 9782226053497
168 pages
Albin Michel (07/05/1991)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Adrien est vieux et malade. Il vit entre deux femmes, Blanche et Mathilde. L'appartement est isolé du monde extérieur par de grands rideaux de peluche, comme un cube silencieux placé hors de la vie et du temps. Seule Blanche s'en évade parfois pour errer dans les rues de la ville, surprendre les signes annonciateurs du printemps. Mathilde soigne et se dévoue ; Blanche s'abandonne à une coquetterie qui n'est plus de saison, tandis qu'Adrien écoute son voisin qui lui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je retrouve la si belle écriture désormais familière de Suzanne Prou, c'est son troisième roman que je lis. Nous sommes ici face à un livre axé sur la déchéance dans laquelle nous mène le temps qui passe et où, de la jeunesse, il ne reste que les souvenirs, où les corps désormais vieillissent et nous trahissent.
On parle également d'amours, l'amour espéré, l'amour par défaut, la recherche du dernier amour avant qu'il ne soit trop tard.
J'ai retrouvé des similitudes entre le personnage d'Adrien et celui du narrateur du roman "Méchamment les oiseaux" de la même auteure, une même solitude, le fait de vivre dans le passé en évoquant ses souvenirs.
C'est un très beau roman, avec des personnages simples, dans lesquels on pourra tous se reconnaître tôt ou tard.
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Ce roman est un récit tout en retenue, presque en discrétion, sur les relations humaines.
Il ne se passe rien : Adrien le vieillard attend, mange car c'est bien la seule chose qui le fait se sentir vivant et, entre deux ennuis, se remémore sa jeunesse, lorsqu'il pouvait sortir de l'appartement, lorsqu'il était encore vert et trompait allègrement sa femme, Blanche, qui manifeste un dégoût poli pour l'amour charnel. Depuis quelques temps, sans raison, son voisin du dessus tente de le convertir, souhaitant sauver l'âme du vieux bougon. Cela distrait Adrien qui se prend d'affection pour le voisin. Finalement, sa vie est morne, mais il s'y accroche et tache d'y trouver de quoi se satisfaire.
Blanche, elle, n'est absolument pas satisfaite. Désireuse de rester belle, elle fait de plus en plus d'efforts pour se rajeunir, mais pour qui ? Elle étouffe, maudit son vieux mari malade qui lui rappelle son âge, elle qui se sent si jeune ; maudit Mathilde, femme de ménage et amante d'Adrien, qui ne partage pas les manières de la gracieuse et précieuse Blanche ; maudit le temps qui passe et qui laisse vivre Adrien au lieu de la libérer de cet impotent. Alors elle cherche ailleurs de quoi se sentir jeune, quitte à devenir adultère pour la première fois de sa vie, afin de sentir le frisson de l'interdit.

Pas d'éclats dans ce récit, pas de rebondissements, mais les réflexions de ces deux individus (on n'entendra jamais la voix de Mathilde) qui poursuivent leur vie vaille que vaille en s'éloignant doucement.
Le style n'est pas cette écriture blanche qui aplanit les éléments et les simplifie. Pourtant, l'effet est le même : l'impression qu'il n'y a aucune aspérité à laquelle s'accrocher, à commenter. Tout semble lisse et pourtant tout est juste : il ne manque ni humour, ni légèreté, ni tension arrivant à point nommé. Mais en l'absence de grands événements, il n'y a pas de grandes émotions. En fait, ce roman est peut-être tout simplement réaliste.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il remue les lèvres, il dit à voix basse : mes petites amoureuses, qu'êtes-vous devenues ? Et il a horreur de les évoquer telles que le temps a dû les changer, grasses et lourdes avec des doubles mentons, ou maigres, montées sur des jambes pleines de varices sur lesquelles plissent les bas. Quelle tristesse que la fuite du temps, la perte de la jeunesse.
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Quand elle rentre chez elle après s'être divertie en agréable compagnie, Blanche se sent pareille au chien fou qui réintègre de force une niche nauséabonde. L'odeur de la maison la prend à la gorge dès le vestibule franchi, odeur de vieillard et de maladie ; les bruits de la maison l'agacent, et les habitants de la maison l'exaspèrent : voici Adrien, tassé dans son fauteuil à oreilles, plus laid et plus ridé que jamais, voici la lourde Mathilde qui glisse dans ses pantoufles et balance ses larges hanches entre la salle et la cuisine ; elle traine dans son sillage des relents d'ail et d'oignon, et de femme mal lavée.
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Adrien se dit que s'il pouvait tout recommencer de sa vie avec Blanche il ne la tromperait pas comme il l'a fait si souvent. Plus fidèle, il serait venu à bout, peut-être, de sa frigidité. Il n'aurait pas connu Mathilde. Ils seraient à présent un vieux couple uni, et Blanche serait obligée de s'occuper de lui. A moins qu'elle ne décide de le "placer" dans une maison de vieillards. Tout compte fait, il vaut mieux qu'il ait rencontré Mathilde. Et puis, on ne recommence pas pas sa vie. Elle est faite, sa vie.
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De son fauteuil de vieillard presque infirme, Adrien regarde les vitres du salon devenir grises ; il est au chaud, à l'abri, dans un appartement éclairé, et pourtant il pense que la nuit va le prendre, la nuit, mère des douleurs, des effrois sans nom, indicibles. Pourtant, il sait que lorsqu'il sera couché il s'endormira vite. Mais c'est l'instant d'avant qui est difficile à franchir. Parce qu'il signifie qu'un jour se termine, que la fin de la vie s'approche inexorablement.
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