SCHUMANN
Du vieux jardin dont l’amitié t’a bien reçu,
Entends garçons et nids qui sifflent dans les haies,
Amoureux las de tant d’étapes et de plaies,
Schumann, soldat songeur que la guerre a déçu.
La brise heureuse imprègne, où passent des colombes,
De l’odeur du jasmin l’ombre du grand noyer,
L’enfant lit l’avenir aux flammes du foyer,
Le nuage ou le vent parle à ton cœur des tombes.
Jadis tes pleurs coulaient aux cris du carnaval
Ou mêlaient leur douceur à l’amère victoire
Dont l’élan fou frémit encor dans ta mémoire ;
Tu peux pleurer sans fin : Elle est à ton rival.
Vers Cologne le Rhin roule ses eaux sacrées.
Ah ! que gaiement les jours de fête sur ses bords
Vous chantiez ! — Mais brisé de chagrin, tu t’endors…
Il pleut des pleurs dans des ténèbres éclairées.
Rêve où la morte vit, où l’ingrate a ta foi,
Tes espoirs sont en fleurs et son crime est en poudre…
Puis éclair déchirant du réveil, où la foudre
Te frappe de nouveau pour la première fois.
Coule, embaume, défile aux tambours ou sois belle !
Schumann, ô confident des âmes et des fleurs,
Entre tes quais joyeux fleuve saint des douleurs,
Jardin pensif, affectueux, frais et fidèle
Où se baisent les lys, la lune et l’hirondelle,
Armée en marche, enfant qui rêve, femme en pleurs !
CHOPIN
Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
Q’un vol de papillons sans se poser traverse
Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Reve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
Toujours tu fais courir entre chaque douleur
L’oubli vertigineux et doux de ton caprice
Comme les papillons volent de fleur en fleur ;
De ton chagrin alors ta joie est la complice :
L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs.
De la lune et des eaux pale et doux camarade,
Prince du desespoir ou grand seigneur trahi,
Tu t’exaltes encore, plus beau d’etre pali,
Du soleil inondant ta chambre de malade
Qui pleure a lui sourire et souffre de le voir…
Sourire du regret et larmes de l’Espoir !
À ceux et celles qui aimeraient connaître une «méthode» simple pour lire « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. Voici celle que Gaston Gallimard (son éditeur) conseillait à l'éditeur Guy Schoeller, fondateur de la collection "Bouquins" chez Robert Laffont.
Extrait d'une entrevue télévisée de l'émission : « OCÉANIQUES : des idées, des hommes, des oeuvres. » , « Lire Proust » par Pierre-André Boutang et Michel Pamart (1987)