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Hélène Bokanowski (Traducteur)Sylvère Lotringer (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020638951
288 pages
Seuil (17/03/2004)
3.77/5   49 notes
Résumé :
Dix-huit des trente nouvelles que comprend ce volume figuraient dans La Maison hantée, recueil aujourd'hui totalement épuisé.
Le présent ouvrage offre dans une séquence ordonnée - que justifie dans sa préface Sylvère Lotringer - des textes jusque-là dispersés dans trois ouvrages posthumes et d'autres encore, parus dans des revues ou des journaux.
L'Art du roman constituait une approche théorique de la recherche de Virginia Woolf. Ce recueil, qui lui fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici six brefs textes de Virginia Woolf.

On y retrouve ses thèmes habituels, que ce soit la mort qui est là quelque part à attendre, à nous attendre, la folie qui guette également au détour du chemin, mais aussi la beauté que l'on peut découvrir dans toute chose. Avec cette superbe écriture qui est la sienne. Même en traduction, le style, le phrasé sont bien là.

Et du fait que ces histoires sont courtes, il m'a semblé davantage goûter cette beauté et moins la névrose, toujours en arrière-fond dans ses oeuvres, tant que parfois, je me sens personnellement mal à l'aise.

Donc une belle découverte et ces petits objets que sont les livres de la maison d'édition Sillages sont bien agréables à compulser. Ce qui n'est pas à négliger non plus (je l'ai acheté, ce n'est pas un cadeau de l'éditeur, je tiens à préciser !).
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle vint si lentement qu'elle ne paraissait pas détruire l'architecture au fond du miroir, mais seulement y apporter un élément nouveau qui se mouvait avec douceur et qui modifiait les autres objets, comme pour leur demander joliment de lui faire une place. Et les lettres sur la table, l'allée d'herbe, les soleils, qui l'avaient attendue dans le miroir, se détachèrent et s'ouvrirent afin de l'accueillir parmi eux. Elle était enfin là, dans le hall. Elle se tint parfaitement immobile. Instantanément, le miroir l'inonda d'une lumière qui parut la fixer ; c'était comme un acide destiné à ronger le superflu et le superficiel afin de ne laisser demeurer que la vérité. C'était un spectacle captivant. Tout la quitta - les nuages, la robe, le panier, le diamant - tout ce que l'on avait intitulé plante grimpante et volubilis. Seul demeurait le mur solide. La véritable femme demeurait seule. Elle était nue dans cette lumière impitoyable. Et il n'y avait rien. Elle n'avait point d'ami. Elle ne tenait à personne. Quant à ses lettres, ce n'étaient que des factures. Regardez-là; debout, anguleuse et vieille, avec ses veines et ses rides, avec son nez fier et son cou flétri, elle ne s'est même pas souciée de les ouvrir.
On devrait supprimer les miroirs dans les pièces.

La dame au miroir.
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"On dirait un arbre fruitier - un cerisier en fleurs" fit-il en regardant une femme encore jeune qui avait de beaux cheveux blancs. Ruth Anning trouva l'image séduisante - vraiment séduisante sans être sûre pourtant d'aimer la préciosité de cet homme mélancolique et distingué ; comme c'est étrange, se dit-elle, d'être aussi influençable dans ses sensations ! Elle ne l'aimait pas, tout en appréciant la comparaison qu'il avait faite entre la femme et le cerisier. Certaines fibres en elle étaient capricieusement ballottées par-ci par-là, comme les tentacules d'une anémone de mer, tantôt excitées, tantôt rabrouées, et son cerveau à des lieues de là, froid et distant, très haut dans l'espace, enregistrait des messages qu'il analyserait à un moment donné, si bien que lorsqu'on parlerait de Roderick Serle (il avait, certes, de la personnalité) elle répondrait sans hésiter : " il me plait " ou " Je ne l'aime pas ", et son opinion serait définitive. Etrange pensée qui jetait une lueur verte sur la consistance des relations humaines.
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Mais voici (...) les bouquinistes. Ici, dans les courants contraires de l'être, nous pouvons jeter notre ancre ; ici nous retrouvons notre équilibre après les splendeurs et misères de la rue. Rien que de voir la femme du libraire assise au coin d'un bon feu de charbon, les pieds sur le pare-feu, nous calme et nous charme. (...) Les livres envahissent tout, et toujours nous dévore le même sentiment d'aventure. Les livres d'occasion sont des sauvages, des vagabonds ; ce sont des troupeaux de tout poil rassemblés au hasard, leur charme fait défaut aux livres apprivoisés des libraires. D'ailleurs, dans cette horde de compagnons de fortune, nous pouvons tomber sur un inconnu qui, si la chance le veut, deviendra notre meilleur ami. Il y a toujours un espoir, attrapant sur le rayon supérieur un livre d'un blanc grisâtre dont nous attire l'aspect pauvre et abandonné, de faire la connaissance d'un homme qui enfourcha son cheval voilà plus de cent ans, afin de s'initier au marché de la laine dans les Middlands et le Pays de Galles ; un voyageur inconnu qui s'arrêtait dans les auberges, buvait sa pinte, appréciait les jolies filles, voyait les vieilles coutumes et consignait tout cela prosaïquement, laborieusement pour le simple plaisir (le livre était publié à ses frais) ; un livre follement ennuyeux, terre à terre, l'oeuvre d'un homme industrieux et qui pourtant, sans le savoir, sait nous faire respirer l'odeur des roses trémières et des foins tout en traçant un portrait de lui-même qui lui désigne à tout jamais sa place au chaud foyer de la mémoire. Il est à vendre pour trois shillings six pence, mais l'épouse du bouquiniste, considérant l'état de la couverture et le temps écoulé depuis la vente de la bibliothèque de quelque gentilhomme du Sufolk, nous fera un prix.
C'est ainsi qu'en fouillant dans la librairie nous nous lions d'amitié soudaine et capricieuse avec ces inconnus, ces disparus...
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Lundi ou mardi

Et maintenant se recueillir au coin du feu, sur le carré de marbre blanc. Des profondeurs ivoirines, les mots s'élèvent, déversent leur noirceur, s'épanouissent et nous pénètrent. On a laissé tomber le livre ; dans la flamme, la fumée, les étincelles éphémères - ou alors il voyage à présent, le carré de marbre en surplomb, au dessus des minarets et des mers indiennes, tandis que très vite l'espace vire au bleu et que les étoiles scintillent - et la vérité ? Faut-il se satisfaire d'approximations ?
Nonchalant et impassible le héron s'en retourne ; le ciel voile ses étoiles, puis révèle leur nudité.
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"Voici quinze ans, je suis venu ici avec Lily, pensait-il. Nous étions assis quelque part là-bas, au bord du lac, et tout le long de cette chaude après-midi, je la suppliais de m'épouser. Inlassablement, une libellule tournait autour de nous, je revois clairement cette libellule et la boucle d'argent carrée de son soulier. Tout le temps que je lui parlais, je voyais son soulier et lorsqu'il y avait un mouvement d'impatience, je savais, sans lever les yeux, ce qu'elle allait me dire : elle semblait tout entière contenue dans son soulier. Et mon amour, mon désir étaient contenus dans la libellule ; si elle se pose là, sur cette feuille scandée au centre d'une fleur rouge, pensais-je pour une quelconque raison, si la libellule se pose sur la feuille, elle dira oui tout de suite. Mais la libellule tournoyait sans cesse : elle ne se posait jamais - naturellement, et c'est heureux, car autrement je ne serais pas en train de me promener ici avec Eléonore et les enfants."
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Videos de Virginia Woolf (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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