Pour nous introduire dans l'oeuvre de
Faulkner, la bibliothèque de la Pléiade a fait le choix de passer outre ses deux premiers romans publiés (
Monnaie de Singe et
Moustiques) et de commencer par
Sartoris, suivi dans ce volume par
le bruit et la Fureur,
Sanctuaire et
Tandis que j'agonise.
Disons le tout de suite,
Faulkner n'est pas un auteur facile et il est parfois nécessaire de s'aider de ressources externes pour comprendre ce que l'on lit, en particulier pour
le bruit et la Fureur. L'appareil critique de la Pléiade est donc particulièrement utile pour aborder cet auteur.
Je ressors de ce premier volume des oeuvres romanesques avec la certitude d'avoir découvert un grand écrivain. La lecture est lente, souvent compliquée, avec des traits de génie stylistique. Les histoires n'avancent guère et l'on a souvent l'impression de ne comprendre qu'une partie de ce qu'il y a à comprendre. Malgré tout, on pénètre dans un univers sombre, ravagée par la défaite du sud, la prohibition et la question raciale sous-jacente. Pas vraiment solaire.
Paradoxalement, c'est en refermant le livre qu'on mesure le talent de
Faulkner. Nous sommes à l'opposé de ces livres faciles à digérer, vite lus et vite oubliés.
Faulkner n'est pas facile à digérer et le poids du livre nous hante longtemps. En oenologie, on parle de longueur en bouche. Il faudrait parler de longueur à l'âme pour la lecture. Dans cette catégorie,
Faulkner est un poids lourd.