Graciliano Ramos est un écrivain brésilien né en 1892 et mort en 1953 à Rio de Janeiro.
Il publia en 1947 un recueil de treize nouvelles intitulé "
Insomnie".
Il excelle à rendre au moyen d'un langage élégant et simple les états de conscience aigus et inconfortables vécus par ses personnages dans des situations un peu particulières de leur vie.
Un homme ne parvient pas à trouver le sommeil, obsédé par un problème qu'il ne peut formuler ; un voleur craint de rater son premier cambriolage ; un malade opéré délire sous l'effet de la morphine ; une enfant de huit ans marche par mégarde sur sa perruche bienaimée ; par peur d'être compromise, une femme dénonce son frère aux autorités ; un notable ne reconnaît pas son ancien camarade de classe ; on convoque un journaliste comme témoin d'un meurtre auquel il n'a pas assisté ; une épouse apprend l'infidélité de son mari ; un visiteur doit subir l'interminable discours d'un politicien infatué ; un écrivain assène la primeur de son roman à des proches qui s'ennuient.
Graciliano Ramos éclaire ces moments de conscience sur le fil du rasoir avec talent, au point que chacun peut y reconnaître sa propre expérience.
La maîtrise de l'auteur est tellement aboutie que son style atteint une simplicité qui semble couler de source (traduction du portugais par
Michel Laban) ; il dédaigne en effet de recourir aux procédés littéraires qui signaleraient une quelconque prouesse linguistique. Ce qui fait que le lecteur un peu pressé ou l'amateur d'histoires "où il se passe quelque chose", risque d'être déçu et de refermer le livre, perplexe.
Je crois que ce serait une erreur.