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3,88

sur 464 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela fait longtemps que je veux découvrir l'oeuvre de jean Ray. D'ailleurs, de vides-greniers en bourses aux livres, plusieurs livres de l'auteur avaient déjà rejoint ma PAL ou ils prenaient la poussière. Finalement, c'est grâce à une masse critique que je découvre enfin Jean Ray. Et c'est une jolie façon de faire connaissance tant le livre, publié par les éditions Alma (que je remercie ainsi que Babelio), est beau. Superbe couverture, papier de qualité, tout est réuni pour le plaisir du lecteur.

Il est difficile d'écrire un avis sur "Malpertuis" sans évoquer certains éléments. Ceux qui veulent découvrir le roman vierges de toute connaissance quant à l'intrigue sont prévenus. Sachez simplement que c'est un roman déroutant et fascinant.

La lecture de "Malpertuis" est une expérience singulière, étonnante. le roman semble d'abord être une histroire de maison hantée. Histoire plutôt bien menée et dans laquelle ont goûte l'écriture superbe de Jean Ray. Mais, à la lecture de cette partie, j'ai eu l'impression que le récit souffrait de quelques longueurs. Et j'avoue que je me sentais parfois perdue, je me suis demandée si l'auteur savait où il voulait en venir. Ca m'a un peu perturbée jusqu'à ce que le récit prenne une autre dimension et bifurque vers autre chose que le thème classique de la hantise. A partir de ce moment-là, j'ai été happée, hypnotisée par le roman. L'auteur m'a complètement embarquée jusqu'à être totalement soufflée par la révélation de la vraie nature des personnages.
On ne prend la mesure du tour de force de Ray qu'au fur et à mesure de la lecture. Plus le roman avance, plus on est saisi par l'habileté narrative de l'auteur. La 1ère partie qui m'avait semblé connaître des longueurs et qui m'avait parue fouillis m'a semblé à posteriori totalement maîtrisée, au point d'avoir envie de la relire avec ce nouvel éclairage.

J'ai été séduite par la plume de Ray qui a un grand talent pour instaurer une atmosphère angoissante. L'ambiance créée est vraiment palpable grâce à un grand pouvoir d'évocation. Les descriptions, tant visuelles que sonores, sont saisissantes.
"Malpertuis" est un roman complètement intemporel et la fascination qu'il exerce place Jean Ray dans la lignée d'auteurs tels que Lovecraft ou Machen. Comme ces illustres auteurs, Ray évoque l'innommable, l'indicible pour installer une ambiance pesante tout en entretenant le mystère, en laissant une certaine liberté à l'imagination du lecteur. Comme chez Lovecraft et Machen, le surnaturel et la peur viennent bousculer et balayer les certitudes des héros. Derrière le monde qu'ils croient ordinaires, se cachent des forces anciennes qui oeuvrent dans l'ombre.
J'ai ressenti une très forte filiation avec "le grand dieu Pan". Là où Machen ressuscitait Pan, Ray ressuscite tout un panthéon dans une histoire où les dieux peuvent être capturés, emprisonnés et même tués.

"Malpertuis" est un roman fascinant, complexe, qui demande certainement plusieurs lectures. On ne prend véritablement la mesure de sa puissance que lorsqu'on l'a terminé. Une fois refermé, le livre continue de vivre dans l'esprit du lecteur.

Je serais très curieuse de voir l'adaptation cinéma qui en a été faite, tant ce roman me parait difficilement transposable à l'écran.
Bien évidemment, cette rencontre avec jean Ray en appelle d'autres.

Challenge Multi-défis 2017 - 27 (item 35 : un roman écrit par un auteur belge)
Challenge 1914-1968 entre 2 points de bascule
Challenge A.B.C 2016-2017 (23/26)
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Avec plus d'un million d'exemplaires vendus et traduit en onze langues, Malpertuis est sans conteste la pièce maîtresse de l'oeuvre littéraire de Jean Ray.
Ecrit en 1943 et adapté au cinéma en 1971 par Harry Kümel, Malpertuis s'inscrit comme un classique de la littérature fantastique. Certains auteurs contemporains ne cachent pas l'inspiration que leur a fourni ce roman, tel Mark Z. Danielewski dans son excellent roman La Maison des Feuilles.

Malpertuis intrigue d'abord par son nom. Cette vaste demeure dédaléenne porte en effet la même appellation que le terrier du Goupil dans le Roman de Renard.
Dans le récit, le moine Doucedame ira même plus loin dans l'explication du nom de la maison, lorsque, à la faveur de leur premier dîner dans cette maison de cauchemar, il expliquera au jeune Jean-Jacques Grandsire : « Dans le célèbre et truculent roman de Renart, les clercs ont donné ce nom à l'antre même de Goupil, le très malin. Je ne m'avance pas trop en affirmant que cela signifie la maison du mal, ou plutôt de la malice. Or la malice est, par excellence, l'apanage de l'Esprit des Ténèbres. Par extension du postulat ainsi posé, je dirai que c'est la maison du Malin ou du Diable. […] La figure du renard appartient de droit à la démonologie. Les Japonais, qui sont maîtres en cette science sombre et redoutable, ont fait du renard un sorcier, un thaumaturge de grande puissance et un esprit de la nuit aux pouvoirs infernaux très étendus ».

Commence alors un séjour de cauchemar pour tout un groupe de convives attirés par la perspective d'un énorme héritage. Car l'Oncle Cassave, propriétaire de Malpertuis et d'une énorme fortune, se meurt. Autour de lui et conviés par lui, de lointains cousins, proches parents, fidèles serviteurs et médecin veillent. Et lorsque les derniers instants surviennent, l'Oncle Cassave est formel. En échange d'une confortable rente, tous les invités devront résider à Malpertuis jusqu'à leur propre mort.

Loin d'être linéaire, ce récit, construit comme un roman-mémoires, se compose de plusieurs textes qu'un observateur externe a compilé pour livrer toute l'étrangeté du destin de Jean-Jacques Grandsire. C'est en effet autour de lui que gravite toute l'horreur de Malpertuis. Les autres personnages permettent à Jean Ray de se livrer à une vive critique sociale en confondant apparence et réalité.
La dimension fantastique est abordée par la présence écrasante de la demeure et son architecture, les manifestations surnaturelles, la mystérieuse ombre qui avale la lumière et l'apparition de minuscules créatures humanoïdes. Cette dimension est renforcée par la peur de certains résidents qui semblent bien connaître les origines de tout ces évènements. Une certaine ambivalence se pose alors sur plusieurs personnages.
Jean Ray amène peu à peu le lecteur à comprendre qu'il s'agit bien plus qu'un récit fantastique.
La mythologie et la religion se croisent, se mélangent et s'affrontent. La collision brutale du passé et du présent éclate sous la loi inflexible du Destin : Moïra, au-dessus des désirs et des aspirations des hommes, au-dessus des volontés des dieux. Ce qui est écrit sur la roue doit s'accomplir...

J'ai passé un très bon moment avec cette lecture.
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Un roman fantastique, dans tous les sens du terme...

Publié pour la première fois en 1943, ce livre se trouve être le seul véritable roman de Jean Ray, l'écrivain belge étant avant tout nouvelliste.

Depuis sa demeure dénommée Malpertuis, l'oncle Cassave, se sentant proche de mourir, convoque et réunit autour de lui tous les membres de sa famille. Il leur annonce que, pour pouvoir toucher l'héritage conséquent qu'il leur lègue, chacun devra emménager en sa demeure. Au-delà, seul le dernier survivant sera le bénéficiaire de la dite fortune...

Au fil des jours suivant sa mort, la maison s'emplit d'une ambiance étrange. Les lampes s'éteignent, les habitants disparaissent mystérieusement les uns après les autres, ou de manière brutale. le principal protagoniste, qui nous narre son histoire, semble surtout raconter son inexorable aller sans retour vers la folie.

Sauf qu'il serait sans doute trop simple d'expliquer ce qui se passe dans les murs de Malpertuis par un accès de folie, à moins qu'ils soient tous devenus fous, à moins que la vérité soit ailleurs...

Ce superbe roman est multiple : gothique, policier, d'aventure, mystique... L'écriture de Jean Ray est unique, à la fois riche et savante, sans être lourde ni indigeste.
Il faut se laisser perdre sur presque la totalité du livre pour finir ébloui par une fin surprenante, qui donne envie de le relire pour mieux apprécier encore cette intrigue incroyable.

Un petit bonheur....

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Ayant découvert Jean Ray dans la nouvelle publié dans le Bifrost consacré à ce dernier, et qui m'avait bien plus, ni une ni deux, je vais en librairie, achète Malpertuis, et puis le reste de la journée, j'ai lu Malpertuis.

J'ai suis complètement tomber dans le piège de ce roman, qui m'a pronfondément bouleversé.
Une ambiance très sombre et mytérieuse, dans une maison particulière, une famille étrange, et un héritage étonnant.
L'intrigue va crescendo tout au long du bouquin, et l'epouvante va de même s'intensifié de page en page, c'est incroyable ! Je n'ai put me détacher des pages du livre ! Envoutant !
Nous avons le droit ici, tout comme dans de nombreux roman fantastique, une importance de la religion et du mysticisme.

C'est assez compliqué d'en parler, je le conseille vraiment, c'est un livre d'une grande beauté !
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Un immense fanal de la littérature fantastique. Lourd, sombre, étouffant, froid, implacable. Transpirant le mystère (familial) et l'énigme à chaque ligne. Une oppression physique, encapsulée dans un texte d'une monstrueuse perfection technique. Dans ces eaux noires, sous "ce grand éteignoir" qui engloutit sans recours les flammes vives, les éclats de lumière de la boutique de couleurs ressortent avec fracas ; une vivacité presque chirurgicale, qu'organise ce criant contraste. Plus précieuses d'être si rares, et vacillantes, sous une aussi vaste obscurité.
P-a-r-f-a-i-t.
Jean Ray est un grand maître, Malpertuis est un chef-d'oeuvre.
Absolument indispensable, de mon point de vue, pour échapper à la soupe édulcorée du fantastique de gare de notre siècle, et se souvenir que la littérature de genre est de la littérature, _tout court_.
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C'est sans doute un des textes les plus longs de Jean Ray, auteur de contes et de nouvelles brèves. En tant que roman, il est du reste d'une taille assez modeste. Jean Ray conserve dans cette forme tout son talent de conteur, sachant aller à l'essentiel.
Malpertuis mérite amplement son statut de classique du fantastique. C'est un peu l'ultime roman gothique aussi, le dernier descendant d'une lignée littéraire qui part d'Ann Radcliffe et Horace Walpole en passant par Bram Stoker.
Je garde en mémoire le décor, une ville du Nord imaginaire, mélange de Gand et d'Hanovre, anciennes maisons pleines de secrets, résonnant du souvenir de mystérieux voyages en mer. L'océan, jamais loin, comme une figuration de l'inconscient et des êtres étranges qu'il abrite.
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Si l'on ne devait lire qu'un texte fantastique de toute sa vie, cela devrait être le Malpertuis de Jean Ray. D'un point de vue stylistique d'abord, la langue est remarquable et tous les traits du fantastique classiques sont bien présents. Ensuite, la trame est brillante, truffée de références mythologiques, elle vous plonge dans une angoisse sans nom! La maison est, avec la terrible et fascinante Euryale, le personnage le plus intéressant de ce roman: théâtre d'un quotidien bourgeois figé dans le temps, elle cristallise toutes les tensions et chaque syllabe du roman.
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Un livre-labyrinthe qui mérite plusieurs tours pour en apprécier la lumineuse conclusion, après son cortège d'ombres et de créatures infâmes. On passe le "seuil mauvais" pour ne pas en sortir indemne. La prose ardue est un plaisir pour les amateurs de richesses littéraires. Jean Ray signe son oeuvre-somme, dont de nombreux passages (les repas, le grenier, les premières nuits) sont des classiques du genre. Embarquez à bord du navire fantôme le plus surchargé de tous les temps..
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Jan, un jeune marin, revient dans sa ville natale, un port des Flandres, où il apprend que la maison où il est né a été détruite. Il décide alors de se rendre à Malpertuis, la maison de son oncle Cassave. Mais il se perd dans les rues du port et arrive dans le quartier chaud où, pris dans une bagarre, il est assommé. A son réveil, il se retrouve dans sa chambre de Malpertuis. Il découvre que la vaste demeure est peuplée de personnages insolites, tels un bourgeois lubrique, trois veuves passant leur temps à filer et à coudre, un géant boiteux et sa compagne… Un désormais classique !
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Au seuil de la mort, l'oncle Cassave convoque sa famille : ceux qui veulent son héritage devront habiter Malpertuis, son étrange demeure. Pire, seul le dernier survivant touchera l'intégralité de cette fortune...

Malpertuis est un livre qui me tentais depuis bien longtemps, et lorsque j'ai eu la surprise de le recevoir dans ma KUBE, je me suis dit que c'était enfin le bon moment ! Sur la forme, l'écriture de Jean Ray est riche, parfois un peu ampoulée, mais si agréable à découvrir. Son style un brin vieillot contribue à dresser une ambiance très particulière, presque hors du temps, qui renforce le sentiment de malaise qui baigne Malpertuis en permanence. La première partie du roman paraît un peu longuette, on ne sait pas trop où l'auteur nous emmène, et il faut attendre la seconde partie pour enfin assembler les pièces du puzzle. Et là-dessus, j'avoue avoir été agréablement surprise !

Avec un pitch comme celui d'un héritage qui reviendra à l'unique survivant de la famille, je m'étais attendue à une histoire proche de celles d'Agatha Christie sur fond de maison hantée, et j'ai adoré me tromper ! Malpertuis est un livre très riche, qui se plait à perdre le lecteur avant d'enfin aborder son propos. L'ambiance confine au malaise, les petites révélations nous perdent plus qu'elles ne nous aiguillent, et pourtant une fois la fin arrivée, force est de constater que tout se tient à merveille, ce qui pousse à le relire une seconde fois pour savourer cette première partie qui se dévoile enfin.

Tant sur la forme que sur le fond, Malpertuis est à mes yeux un grand classique de la littérature horrifique, qui se classe aux côtés d'autres grands noms comme ceux de Arthur Machen ou encore H.P. Lovecraft. L'histoire est extrêmement riche, les scènes horrifiques ne sont pas gratuites, et l'ambiance est un bijou tel que c'est la demeurer de Malpertuis elle-même qui semble vivante.

Un très très bon livre horrifique !
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