L’écrivain, éditeur et critique de jazz est, à 88 ans, toujours habité par le swing. Il croise ainsi littérature et musique dans « Une civilisation du rythme », hommage aux big bands des années 1930-1940.
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A la suite d'un examen du caractère relatif de la notion d'avant et d'après, dont il montre qu'elle réside dans relation en cause et effet, Schrödinger ajoute: "Il se trouve que ces choses sont devenues une réalité très concrète pour nous autres physiciens [...] Je me suis parfois demandé pourquoi elles ont provoqué une telle agitation, à la fois dans le grand public et chez les philosophes. Je suppose que c'est parce qu'elles signifient la destitution du temps comme tyran inflexible qui nous est imposé du dehors, une libération de la règle inaltérable de "l'avant et l'après". En effet, le temps est notre maître le plus sévère, en ce qu'il restreint ostensiblement l'existence de chacun d'entre nous à l'intérieur d'étroites limites [...] Le fait qu'il nous soit permis de jouer avec un tel programme imposé d'en haut, qu'on a cru jusque là inattaquable, de JOUER AVEC LUI [c'est Jacques Réda qui souligne], même dans une faible mesure, semble être un grand soulagement; cela semble encourager l'idée suivant laquelle la totalité de l'"horaire" n'est probablement pas aussi sérieuse qu'il ne le semble à première vue. Et cette pensée est un pensée religieuse." [Erwin Schrödinger, "Science et religion", in L'Esprit et la Matière (Mind and Matter), Cambridge University Press, 1958 et, pour la traduction française par Michel Bitbol, Ed. du Seuil, collections "Sources du savoiré, 1990, et "Point", 2011.]
Il serait évidement abusif d'entendre, dans le mot "mesure" figurant dans ce passage, la moindre allusion à une modalité du rythme. Mais on peut attribuer à "religieuse" le sens le plus large de lien mental et moral se traduisant par des pratiques (où la musique et la danse ont leur fonction), et fédérateur d'une communauté humaine - d'un peuple au sens quasiment biblique. D'où l'inévitable question du sens du mot "peuple", qui a sans doute évolué lui-même comme celui du mot "Temps". Quelles seraient aujourd'hui les sources "populaires" d'une nouvelle approche du rythme?
Jacques Réda
Quel avenir pour la cavalerie ?
Rencontre animée par Alexandre Prieux
La poésie serait-elle une guerre ? le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français, aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.
À lire – Jacques Réda, Quel avenir pour la cavalerie ? – Une histoire naturelle du vers français, Buchet/Chastel, 2019.
Le jeudi 28 novembre 2019 à 19h
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