AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782361390587
212 pages
Le Mot et le reste (05/09/2019)
3.6/5   10 notes
Résumé :
A la fin du XIème siècle, dans les Flandres maritimes, Isentraud tient d'une main de fer le château de Gisphild et ses sujets. Poussé par cette dernière, son fils Arbogast ne voue plus, en raison de ses origines étrangères, que haine à sa jeune épouse Goda et la condamne à l'isolement. Insidieusement, le mal des Ardents, que rien ne semble pouvoir ralentir, envahit la région. D'une légende médiévale, Nadine Ribault fait un rêve enfiévré où la description de chaque s... >Voir plus
Que lire après Les ArdentsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Que j'aime lorsque la littérature revêt les atours de légende médiévale !
Surtout lorsque le talent de l'auteur en convoque tous les codes et figures attendus dans une partition moderne et personnelle. Nadine Ribault s'est inspirée d'une légende belge catholique du XIème siècle née d'un drame païen.

Et il est bien là, ce Moyen-Âge , sous toutes ses facettes, tour à tour poétique, grotesque, sanguinaire, empreint de magie et merveilleux, empli de sorcellerie et superstitions, peuplé de personnages extraordinaires haut en couleurs : Isentraud, la cruelle châtelaine qui fait régner la terreur sur sa seigneurie de Gisphild en Flandres maritimes ; Arbogast, son fils, veule et violent, sous la coupe de sa terrible mère qui le pousse à répudier et reclure sa toute jeune épouse ; Goda, l'épouse pure rejetée, dont le martyre confine à la sainteté ; le chevalier Bruny, loyal et fidèle à son maitre et ami Arbogast, mais bousculée dans ses certitudes par une passion qui décille ses yeux ; Abrielle, l'amoureuse de Bruny, femme libre et puissante, magicienne, sorcière, fée des bois, on ne sait plus mais elle éclaire tout le récit et on sent très vite que c'est elle qui accélérera les événements à venir ; son mentor, Baudime, l'ermite malade qui fait office de sage.

Comme une malédiction, le mal des Ardents s'abat sur Gisphild, suivi d'un autre fléau, la guerre. le mal des Ardents ou ergotisme, appelé aussi feu de saint Antoine, se développe : la gangrène des extrémités démembre les malades qui sont dévorés de la sensation d'intenses brûlures. Cela donne lieu à des descriptions tout à fait saisissantes, comme lors de ce charivari au cours duquel les Ardents sont comme pris de folie, de frénésie, crient, s'accouplent comme ils peuvent avec leur infirmité, souffrent et meurent.

L'énorme point fort de ce roman, au-delà de tout cet imaginaire médiéval convoqué, c'est la langue, absolument magnifique, qui interpelle dès les premières lignes et demande un effort pour s'adapter à son phrasé et son rythme, avec au bout un bonheur de lecteur intense : une prose très travaillée, aux phrases amples, longues, mélodieuses, utilisant un vocabulaire soutenu, souvent très lyrique, souvent éminemment poétiques. Chaque ligne éveille la sensorialité du lecteur et l'immerge puissamment, laissant à voir, sentir, entendre, goûter, toucher ce récit incarné par des personnages tous forts et une nature magnifiée, métaphore des tourments et vices humains :

« Un vent lugubre hurlait et de longues cordelles de brouillard couchaient, nuit et jour, dans les fossés, au pied du château. Cet hiver prenait les allures d'une fin et transperçait les êtres de sa violence tandis que la mer, à ce point grondante, luttant du pied de ses vagues contre le gel qui la voulait prendre, donnait l'impression que, sous peu, elle bondirait par-dessus les dunes et viendrait se blottir dans la lande, croyant ainsi échapper au froid. »

La réflexion est également stimulée, notamment par la police d'écriture qui met en lumière certains mots en les mettant en italiques, attirant ainsi l'attention sur ce qu'il représente : dérives du pouvoir, résistance, passage à l'acte quasi révolutionnaire, peur de l'autre, Amour avec une majuscule, autant de thèmes forts qui surgissent derrière le tableau médiéval.

La construction avance par tableaux, un peu comme dans Gaspard de la Nuit de Aloysius Bertrand, des ellipses, des parenthèses et puis le retour aux événements, jusqu'à un dénouement très beau qui laisse une nouvelle fois l'imagination s'envoler.

Un très beau texte, porté par une prose incandescente.

PS : très belle couverture, un photomontage réalisé l'auteure, avec le château "cathare" de Peyrepertuse, de mon Aude natale !
Commenter  J’apprécie          847
Fin du XIème siècle, dans la région des Flandres maritimes, une femme à la poigne de fer, règne sur le château de Gisphild. Isentraud est son nom : elle n'hésite pas à employer tous les moyens, torture et mise à mort comprises, pour que son domaine garde sa splendeur. Mais ce qu'elle veut surtout c'est régner en maîtresse absolue de son domaine.....

"Au squelette d'autrui, Isentraud, dame de Gisphild, être sans pitié, aiguisait ses canines. Au coeur faible, elle opposait le mur de son mépris. A l'esprit retors, elle réservait la torture puis une cellule sombre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Au fauteur de troubles, elle désignait la place publique où le spectacle d'une pendaison ou d'une roue rappelait l'intérêt et suscitait le goût de la soumission.(p9)"

Même son fils Arbogast plie sous ses injonctions : il est contraint d'enfermer et d'affamer sa jeune femme, Goda, pour répondre aux attentes de sa mère qui se veut être seule femme influente dans le royaume. Autour d'eux gravitent Sire Bruni, l'ami d'Arbogast, vaillant chevalier qui va s'éprendre d'Abrielle, une jeune femme savante en plantes et connaissances de la nature. Mais Goda est bonne et va s'attirer, par ses bontés, la sympathie du peuple et cela Isentraud ne peut le supporter.

Confrontation entre le pouvoir de la bonté et celui de la peur, Isentraud n'aura de cesse d'éliminer sa rivale, celle-ci ayant trouvé en Abrielle une amie et alliée. Chacun aura des choix à faire,  mais la révolte gronde car plane également dans le pays un autre mal, celui des Ardents, rongeant âmes et corps, emportant les plus faibles.

"Ceux qui avaient attrapé cette maladie, un beau matin, sombraient dans la mélancolie et l'accablement. Ils voyaient la première tache sur un membre qui s'étendait, noirâtre, brûlante et puante. Ils cessaient de sentir le bout de leurs doigts et entendaient des voix. La gangrène s'installait. Ils sentaient la chaleur les cuire et l'étisie s'annonçant, leur peau commençait à partir. (p92)"

A la manière d'une légende moyenâgeuse, Nadine Ribault nous conte une histoire d'amour, d'amitié, de pouvoir et de guerre où les êtres comme les corps s'enflamment, se détruisent et se mêlent à la nature omniprésente tout au long du récit.

"(...) tu négliges aussi qu'être au pouvoir, c'est veiller à un si subtil équilibre qu'un grain de poussière suffit à le rompre. Il n'est pas facile de régner. Il faut surveiller, espionner, douter de tous et tuer et tuer encore. Voir mourir satisfait mon oeil le plus souvent, mais il arrive , parfois, que devoir tuer soit fatigant. Or, on ne peut régner sans tuer. Ta révolte n'entraînera pas ce que tu crois, certainement pas la fin de qui tu crois, mais d'autres, plus proches, indispensables (p188)"

Avec une écriture très poétique, riche en détails, l'auteure évoque et mêle ce qui ronge un pays et les âmes humaines. Les phrases sont parfois longues, énumérant un à un les éléments qui peuplent les alentours, c'est parfois déroutant, parfois sidérant de poésie :

"Au loin, le long corps de la mer brillait d'un flot de soleil couchant, métallique, aveuglant et devant de soleil qui penchait de fatigue, des barques effleuraient l'eau de leurs coques ventrues. Une jonchée d'oiseaux s'envolait. Vague par vague, au jusant, la mer s'épluchait et les euphorbes que cueillait parfois la jeune fille dans les dunes, fleurissaient.(p190)"

mais elles "collent" parfaitement au récit m'évoquant parfois les chansons de gestes colportées de village en village par les troubadours.

C'est une histoire d'hommes mais aussi et surtout des femmes, de leurs pouvoirs et leurs sacrifices, leur force mais aussi leur douleur :

"Bienheureuse en effet, celle qui a eu faim, soif, celle que l'on a fait souffrir, bienheureuse, oui, celle qui a crevé et caché son tourment, ses larmes, sa douleur pour éviter à autrui certains désagréments.(...)Car, si vous voulez le savoir, notre jeune dame ne devrait pas être pleurée comme vous le faites, mécréants ! Vous devriez danser au pied de sa couche. Car, au lieu de se protéger, elle a oeuvré à disparaître. (p151)"

Il faut se laisser porter par le flux de l'histoire de temps lointains mais facilement transposable tant elle évoque les tragédies qu'ont suscité les luttes de pouvoir, quand l'amour est impossible face à l'honneur, l'obéissance et au respect des convictions, avec ici et là des scènes qui m'ont fait pensé à une sorte de comedia del arte avec le personnage de Inis, sorte de bouffon des bois.

Il m'a fallu un peu de temps pour accepter l'univers, le rythme des mots, peu habituée à ce style d'écriture et de récit mais j'y ai pris plaisir. Je n'ai eu ensuite aucun mal à m'immerger dans ce terrible pays où vous êtes face à des menaces de toutes sortes  mais où la nature et les éléments jouent un rôle important.

Définition du Mal des Ardents : "Le Feu-Saint-Antoine, le Feu Sacré ou le Mal des Ardents , noms divers donnés à des épidémies dûes à l'ingestion, le plus souvent en temps de disette, de farines contaminées par l'ergot du seigle. ... C'est un toxique responsable au cours des temps de nombreuses épidémies.

Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          172
Les ardents est un roman flamboyant. Nadine Ribault y décrit dans des phrases intenses les tourments et les désirs de trois femmes fortes. Dans la Flandre du XIe siècle, aux points de rencontre entre terre, mer et ciel, leur affrontement vaut pour toute une population atteinte d'un mal qui brûle de l'intérieur les corps et les âmes et les brise comme du bois sec.

Le château de Gisphild n'est qu'une tour de bois posée sur sa motte féodale. Soumis aux vents marins, au sel et au gel, il pourrit sur place, comme tout ce qui vit aux alentours, et ne continue à se dresser que par la volonté de sa châtelaine. Aussi sombre et âpre que le pays, dotée d'un fils, Arbogast, rude guerroyeur, mais lunatique, sujet à des fureurs de sauvage et à d'« étranges absences », renfermée dans sa place forte qu'elle arpente, Isentraud ne vit que pour son fief et son pouvoir, pour ce domaine qu'elle scrute de ses remparts et qu'elle maintient en dépit de tout et de tous, par la peur.

L'autorité d'Isentraud va s'éprouver à l'aune de deux autres femmes, dont la puissance, d'apparence moindre, prend davantage de détours pour se manifester. Goda vient du Sud, du comté de Boulogne, plus civilisé. « Romaine », douce et charitable aux malheureux, digne quelles que soient les avanies que lui fait subir Isentraud, résistant par son silence, Goda correspond aux valeurs chrétiennes et seigneuriales de la dame idéale. Car Arbogast, d'un voyage « au milieu des collines du Boulonnais, qui tant différaient, charmeuses, enjôleuses et souriantes, de son propre pays des Flandres maritimes », a ramené cette jeune épouse, avec ce « qu'elle lovait en son sein de beauté, d'intelligence, d'éclat, de patience, d'affabilité, de rareté ». Instantanément, la maîtresse de Gisphid la hait et détourne d'elle son faible fils. Recluse, affamée, Goda montre les vertus d'une sainte et gagne ainsi les coeurs, accomplissant ce qu'Isentraud redoutait : saper son pouvoir.

Enfin, dans la forêt et le marais proches, court Abrielle. Orpheline, ni noble, ni servile, n'appartenant à aucun milieu et à tous, au fait des secrets de la nature, sorcière et guérisseuse, elle est libre comme les terres qu'elle parcourt, rétives à la rigidité féodale.

À côté de ces femmes, les hommes ont moins de force. Sire Bruny, vassal et frère d'armes d'Arbogast, a bien du mal à se montrer à la hauteur de ses devoirs chevaleresques. Il a au moins le mérite d'essayer. Quant à Inis, le jeune chevrier, ses grâces et ses petitesses sont celles d'une humanité moyenne, loin des prétentions de grandeur de l'aristocratie.

Les désirs qui tourmentent ces personnages les surprennent eux-mêmes. L'écriture de Nadine Ribault en exprime la complexité et l'opacité en nous les faisant découvrir en même temps qu'au personnage. Pour dévoiler la rage des sentiments, elle montre comment êtres et domaine s'influencent sans cesse dans ce pays de confins où se brouillent l'eau et la terre, le marais et la dune, la forêt et la lande. Les émotions y stagnent, mûrissent, fermentent, avant de surgir quelquefois comme un feu de paille, trompant même ceux qui les éprouvent, quelquefois comme un incendie. Les personnages hésitent, décident trop tard ou trop vite. Bruny s'épuise à concilier ses allégeances contradictoires envers sa suzeraine Isentraud, Goda, la dame bafouée, et Abrielle, la fée dont il est amoureux. Abrielle qui le repousse avant de l'attirer soudain à elle. Et inversement.

Dans ce pays peu domestiqué, humide, où tout se gâte, une maladie terrible frappe comme une malédiction : le Mal des Ardents. Entre documentaire et allégorie, le roman nous décrit ses effets hallucinés : feu intérieur, brûlure et froid, peine, folie, gangrène sèche noircissant, durcissant et enfin cassant d'un seul coup les extrémités. Puis les membres entiers. Pour remercier Dieu, ou pour l'implorer, les jambes tombées iront garnir les chapelles en manière d'ex-voto.

Cette maladie historique, causée par l'infection du seigle par un champignon, l'ergot, progresse chez Baudime l'Ardent. Exilé dans la forêt, il ressemble d'abord à un sage ou à un ermite, conseillant Abrielle, la maudissant pour ses foucades. Il a vécu, a voulu voir le monde, a voyagé, et en a conclu « ceci : ce ne sont pas nos idéaux qui doivent voler en éclats, ce sont les têtes des bourreaux ».

Mais le feu gagne Baudime, qui sombre dans le délire : « L'état de Baudime empira. […] de nouveau, il entendit ses voix et ses voix lui disaient que la vie était invivable, le monde une insupportable affaire, qu'il était urgent de cisailler les longues dents qui poussaient, ces derniers temps, aux rapaces de tout acabit, qu'il fallait condamner les voeux de chasteté, que la liberté de choix prévalait. Il demandait alors à ses voix de répéter et ses voix répétaient strictement la même chose ». Ce n'est pas seulement le délire de Baudime. Goda, la fille d'un comte, la sainte héroïque, envoie promener le prêtre, et Abrielle, l'élève de l'Ardent, tire l'enseignement qui s'impose : « le prince, le père et l'évêque ne sont pas aptes à défendre ceux qui souffrent à moins d'y être acculés par le peuple ».

À mesure que l'hiver gèle Gisphis, les Ardents se multiplient dans les bois : « La famine répandit son venin. Les gens mangèrent n'importe quoi ». Malgré les soins d'Abrielle, infirmière dressée de toute sa liberté contre la maladie, « tout allait de travers et tout à reculons », le Mal s'étend, les douleurs augmentent. Dans ce pays pluvieux, humide, spongieux, le feu invisible dévore les corps et les âmes : « Ainsi, la matière à présent s'en allait, la chair même du domaine, sa consistance, sa matière chaude et concrète ». La châtelaine autoritaire retranchée dans sa forteresse a conduit son peuple au malheur, La dame charitable et exemplaire ne l'a pas sauvé. Seule la sauvageonne indocile apporte un réconfort. À la fin, au sortir de l'adolescence, restent Abrielle et Inis, la fille des bois et l'imparfait chevrier. La vie.

Il est difficile de dire tous les bonheurs d'écriture des Ardents, toutes les images qui condensent la pensée et les émotions, les représentent dans leurs hésitations, et dans leur jaillissement : quand, après mille précautions, on brûle ses vaisseaux. Ces personnages songeurs, perdus en eux-mêmes, irrésolus ou colériques, consumés de l'intérieur, nous ressemblent par leurs questionnements. Et tant mieux, parce qu'ils sont magnifiques.
Commenter  J’apprécie          10
Ardents un peu ardu, mais dieu que c'est beau.

Laissez-vous emporter dans un monde quasi onirique, cauchemardesque où le monde s'envase, s'enlace, s'embrasse, s'embarrasse.
Lâchez prise : le château s'enfonce, les entrailles s'embrasent.
Embarquez dans ce conte pour adulte où la méchante reine martyrise la gentille bru. Où le berger s'égare entre les filles séductrices. Où l'amitié, l'amour et la mort dansent au clair de lune dans un paysage fait de brume, d'eau, de forêts sombres et de landes songeuses et spongieuses.

Manque-t-il une jolie morale comme on les aime ? Oui. Mais les rêves sont parfois sans début ni fin...

Alors faut-il le lire ? Oui. Il y a un côté sombre à la Henrik Ibsen dans ce roman, avec les personnages accrochés à leur malheur comme à une bouée de sauvetage.
Commenter  J’apprécie          100
Etrange, beau, dans cet entre monde puissamment légendaire, ce récit fantastique est atypique. Nous sommes en plongée dans un Xième siècle où les êtres sont courbés tel le roseau sous le vent dans une ambiance de conte toute de dualité. Les croyances, les diktats sont un copier-coller d'un XXIème siècle empreint d'un racisme latent pour l'étranger (ère). L'incipit : « L'hiver avait détérioré le château de Gisphild. » dévoile le devenir d'une trame aérienne, solaire et donnante. L'écriture est un honneur car souveraine. On ressent d'emblée par le brillant du style la teneur ésotérique d'un conte à plusieurs lectures. L'ambiance est sombre, voire ténébreuse, le lecteur apprécie ce temps de replis dans une histoire dont l'atmosphère est dévoilée à l'extrême. On est dans le centre du sujet, en écoute des mots de l'auteure, dans la langueur des pages qui se tournent en délectation. Ici tout est magie, mystères, drames. Captivante et surprenante mêlant les frissons, les craintes, les espoirs, les surprises, les rebondissements. le summum est là. Les Flandres deviennent la chevelure de Goda répudiée par son mari Arbogast, étrangère, indésirable aux Flandres, à l'espace des Ardents, isolée, en proie aux loups métaphoriques dont les mâchoires sont de haine et de fiel. On déteste Isendraud femme altière, dévoreuse de beauté, cruelle et mesquine, belle-mère de la belle Goda. Goda la lumineuse, la pure l'emblématique, celle par qui l'entrelac de la sérénité s'épanche et s'agrandit dans cette osmose de pureté et de paix. Goda et sa voix perlée de bonté et de magnanimité. « Que ma maison vous soit un asile. » On aime les prévenants, les veilleurs, ceux qui savent, tel sire Bruny. L'ampleur magnifiée d'une histoire qui semble née depuis des millénaires. Dans cet espace d'une littérature aboutie, Goda la métaphorique remporte la palme. Les Ardents vont se venger. Ces maîtres vont détruire cette région des Flandres, le maléfique parabolique va advenir. Cette légende est une habile mise en garde. « Apprendre à toujours se méfier » comme le disait Prosper Mérimée. On ne peut refermer « Les Ardents » sans quitter des yeux Goda. Nadine Ribault est une conteuse, une éveillée, une donnante. « Les Ardents » est à lire au coin du feu, à l'orée d'une forêt, dans le sombre d'une nuit tempétueuse. C'est un grand livre, une épopée imaginaire mais pas que. Subtil, intuitif, « Les Ardents » est ce que le jour doit à la nuit. Publié par Les majeures Editions « le Mot et le Reste » .
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Actualitte
18 décembre 2019
La langue riche et travaillée de Nadine Ribault, portée par un souffle poétique qui traverse tout le roman, transporte le lecteur à l’époque médiévale. [...] Saison après saison, l’autrice en propose de saisissantes descriptions, lui donnant un caractère aussi mystérieux que fascinant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Bienheureuse en effet, celle qui a eu faim, soif, celle que l'on a fait souffrir, bienheureuse, oui, celle qui a crevé et caché son tourment, ses larmes, sa douleur pour éviter à autrui certains désagréments.(...)Car, si vous voulez le savoir, notre jeune dame ne devrait pas être pleurée comme vous le faites, mécréants ! Vous devriez danser au pied de sa couche. Car, au lieu de se protéger, elle a œuvré à disparaître. (p151)
Commenter  J’apprécie          80
(...) tu négliges aussi qu'être au pouvoir, c'est veiller à un si subtil équilibre qu'un grain de poussière suffit à le rompre. Il n'est pas facile de régner. Il faut surveiller, espionner, douter de tous et tuer et tuer encore. Voir mourir satisfait mon œil le plus souvent, mais il arrive , parfois, que devoir tuer soit fatigant. Or, on ne peut régner sans tuer. Ta révolte n'entraînera pas ce que tu crois, certainement pas la fin de qui tu crois, mais d'autres, plus proches, indispensables (p188)
Commenter  J’apprécie          40
Ceux qui avaient attrapé cette maladie, un beau matin, sombraient dans la mélancolie et l'accablement. Ils voyaient la première tache sur un membre qui s'étendait, noirâtre, brûlante et puante. Ils cessaient de sentir le bout de leurs doigts et entendaient des voix. La gangrène s'installait. Ils sentaient la chaleur les cuire et l'étisie s'annonçant, leur peau commençait à partir. (p92)
Commenter  J’apprécie          50
Au squelette d'autrui, Isentraud, dame de Gisphild, être sans pitié, aiguisait ses canines. Au cœur faible, elle opposait le mur de son mépris. A l'esprit retors, elle réservait la torture puis une cellule sombre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Au fauteur de troubles, elle désignait la place publique où le spectacle d'une pendaison ou d'une roue rappelait l'intérêt et suscitait le goût de la soumission.(p9)
Commenter  J’apprécie          30
Au loin, le long corps de la mer brillait d'un flot de soleil couchant, métallique, aveuglant et devant de soleil qui penchait de fatigue, des barques effleuraient l'eau de leurs coques ventrues. Une jonchée d'oiseaux s'envolait. Vague par vague, au jusant, la mer s'épluchait et les euphorbes que cueillait parfois la jeune fille dans les dunes, fleurissaient.(p190)
Commenter  J’apprécie          30

Video de Nadine Ribault (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nadine Ribault
En quête de bons livres à lire ? Découvrez l?actualité de Babelio et les livres du moment en vidéo.
En octobre, les éditeurs et libraires spécialisés organisaient comme chaque année le Mois de l?Imaginaire, opération visant à promouvoir la littérature de genre et plus particulièrement la science-fiction, la fantasy et le fantastique. Dans cette vidéo, on vous propose de visiter avec Vincent Ferré la gigantesque exposition JRR Tolkien à la BnF, soit plus de 1000 m2 consacrés à l?auteur du ?Seigneur des anneaux?, à travers des centaines de documents rares.
Retrouvez aussi tous les contenus publiés en octobre et novembre 2019 sur Babelio liés aux littératures de l?imaginaire, ainsi que la dernière partie de nos interviews d?auteurs de la rentrée littéraire d?automne.
0:14 Reportage sur l?exposition Tolkien à la Bibliothèque nationale de France, Voyage en Terre du Milieu
L?événement : https://www.bnf.fr/fr/agenda/tolkien-voyage-en-terre-du-milieu
Notre reportage complet : https://www.youtube.com/watch?v=FyIt92Pcg2o
JRR Tolkien sur Babelio : https://www.babelio.com/auteur/JRR-Tolkien/3993
5:56 Mois de l?Imaginaire : nos articles et vidéos
5 romans de l?imaginaire conseillés par un libraire : https://babelio.wordpress.com/2019/10/01/5-romans-dimaginaire-pour-retourner-vers-le-futur/
5 BD de l?imaginaire conseillées par un libraire : https://babelio.wordpress.com/2019/10/22/5-bd-a-decouvrir-pour-le-mois-de-limaginaire/
5 livres jeunesse d?imaginaire conseillés par une libraire : https://babelio.wordpress.com/2019/10/30/5-livres-jeunesse-a-decouvrir-pour-le-mois-de-limaginaire/
Notre interview d?Eric Marcelin des éditions Critic : https://babelio.wordpress.com/2019/10/11/quand-babelio-rencontre-les-editions-critic/
Notre interview de Rodolphe Casso pour ?Nécropolitains? : https://www.babelio.com/auteur/Rodolphe-Casso/410175#itw
5 livres qui vont vous faire aimer la SFFF : https://www.youtube.com/watch?v=DJcuitpqQMI
8:23 Dernière partie de nos interviews d?auteurs de la rentrée littéraire d?automne 2019
Sofia Aouine : https://www.babelio.com/auteur/Sofia-Aouine/513957#itw
Kevin Lambert : https://www.babelio.com/auteur/Kevin-Lambert/444294#itw
Olivier Adam : https://www.babelio.com/auteur/Olivier-Adam/5708#itw
Nadine Ribault : https://www.babelio.com/auteur/Nadine-Ribault/186037#itw
Felix Macherez : https://www.babelio.com/auteur/Felix-Macherez/514159#itw
Adam Bielecki : https://www.babelio.com/auteur/Adam-Bielecki/518334#itw
Abonnez-vous à la chaîne Babelio : http://bit.ly/2S2aZcm Toutes les vidéos sur http://bit.ly/2CVP0zs Suivez-nous pour trouver les meilleurs livres à lire : ?Babelio, le site : https://www.babelio.com/ ?Babelio sur Twitter : https://twitter.com/babelio ?Babelio sur Facebook : https://www.facebook.com/babelio/ ?Babelio sur Instagram : https://www.instagram.com/babelio_/
+ Lire la suite
autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}