Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération "Masse critique". Son titre me laissait espérer un recueil de nouvelles liés au Finistère le plus maritime. Ce coin de Bretagne a une riche tradition littéraire, avec
Perros, Queffélec, Grall, Hélias ...
Seules deux nouvelles ont vaguement un lien avec cette région. La première, "
Les vagues de Douarnenez" qui donne son titre au recueil, et "Le Stouïc", qui est le nom d'un rocher du côté de Penmarc'h. La Bretagne n'est ici qu'un prétexte. Son évocation est très convenue.
"À leur place surgissent de vieux souvenirs liés au bruit de la mer : les vacances de son enfance dans la petite maison bretonne de ses grands-parents, les mains de sa grand-mère pétrissant la pâte et en garnissant le moule pour la tarte aux pommes, son grand-père qui l'emmenait à la pêche quand le vent ne soufflait pas trop fort. Il s'entend murmurer : le Stouïc.
C'était le nom d'un rocher creux qui se tenait, massif, tout près de la maison. Il servait d'abri aux promeneurs en cas de pluie soudaine". Une réminiscence proustienne que le narrateur peine à saisir.
Si l'exceptionnel potentiel poétique, dramatique, littéraire du Finistère n'est pas pleinement exploité dans ce recueil, l'autrice est bien plus à l'aise quand son personnage évolue dans le cloaque du métro parisien ("Le parfum", page 79). La nouvelle la plus longue, "Son frère", traite du retour d'une jeune française d'Australie, qui doit composer avec son amoureux resté aux antipodes et sa famille française organisée autour d'un enfant handicapé. C'est sans doute le meilleur morceau : écriture limpide, analyse précise des sentiments du personnage principal, vocabulaire bien choisi, de la compassion, mais une fin décevante, voire bâclée à la va-vite. Un lecteur habitué aux "short stories" anglaises économes, ciselées, à la clôture narrative parfaitement maîtrisée, risque la déception.
Chacune des douze nouvelles traite d'un personnage accablé par la vie, femme déçue, orphelin, chagrin d'amour, racisme ordinaire, femme enceinte abandonnée. Les hommes en général et les hommes italiens en particulier prennent cher : "c'est un salopard d'Italien marié qui l'a larguée après l'avoir mise enceinte". Traitement psychologisant, pas une once d'humour, souvent bien triste. Même les algues vertes sur la plage du Ris à Douarnenez ont meilleure allure. On est loin de ce que les anglo-saxons appellent des "feel-good short stories".
Il y a de la littérature bien pire que celle-ci, indubitablement. Mais en matière de recueil de nouvelles, on trouve aisément beaucoup mieux en Angleterre ou en Irlande, avec un brin d'humour en plus.
À qui conseiller ce livre ? À un lecteur isolé friand de tranches de vie d'autrui ? S'il peut apprécier des phrases aussi définitives que celle-là :
"Les mots peuvent clore parfois, comme on clôt un cercueil".