Epais volume composé de cinq titres, je viens d'achever la lecture du premier des romans, 'Elle ou la source de feu'. Roman d'aventures linéaire et chronologique, c'est une histoire qu'on lit comme on ferait une croisière: tranquillement. Ecrit à une époque où l'écriture n'ose encore pas explorer plus avant toutes ses possibilités, c'est une histoire assez plate qui se déroule sans accroc.
Un jeune homme reçoit un soir un ami dans son petit appartement. Cet ami a un fils, Léo, sur lequel il devra veiller et auquel il remettra une étrange boîte à sa majorité. le lendemain, l'ami meurt et l'enfant Léo est placé chez ce tuteur improvisé. Pour se faciliter la vie, le tuteur (qui est le narrateur de l'histoire) engage un valet, Job. Arrivé à l'âge adulte, Léo ouvre la caisse transmise par son père. Il y découvre qu'il est issu d'un certain Kallikratès, grec ayant vécu il y a plus de 2000 ans. Des tessons de poteries indiquent qu'il y a un trésor à chercher qui confirmera cette origine antique. Les trois hommes partent pour l'Afrique. (Influence reprise dans 'Tarzan' quelques années plus tard: des Européens voyagent en Afrique et il leur arrive des trucs qui ne leur seraient pas arrivés s'ils étaient resté en Europe ou en Amérique.)
Péripéties, rencontres de sauvages, accidents se produisent jusqu'à ce que le trio, aidé d'un guide quasi local, parvienne chez 'Elle'. 'Elle', c'est Ayesha, celle qui était amoureuse de ce Kallikratès vu plus haut: elle a 2000 ans et c'est toujours une bombe!
Visite du palais d''Elle', cérémonies sauvages et festivités inconcevables (donc bien dépaysantes pour un lecteur de la fin du XIXe!) se succèdent puis 'Elle' décide de proposer à Léo de devenir comme elle: non pas immortel mais de rester jeune très longtemps.
On est d'accord. Nouvelle expédition (il faut bien raconter quelque chose d'autre que les pensées intimes des uns et des autres par rapport aux comportements des autres acteurs de l'aventure). Nouveaux obstacles. Un personnage meurt (c'est pour le côté tragique). Ayesha se brûle et disparait dans la source de feu. Morale: à trop vouloiir jouer avec la vie, on meurt.
Le retour est bâché en quatre pages (alors qu'il dure 18 mois!) et le 80% du roman raconte les trois semaines passées par Léo chez 'Elle'.
Lu aujourd'hui, le roman est fade. Pas vraiment de la science-fiction, pas non plus de l'anticipation, c'est un livre qui raconte un voyage, à la manière d'un
Jules Verne, et qui permet au lecteur en pantoufles de prendre l'air sans risque et à moindre frais. A lire donc avec un regard modifié: au moment de sa parution, c'était un roman exotique, phénoménal, extraordinaire! Il a inspiré
Rudyard Kipling et Edgar Rice Burrough entre autres.
Lire ce livre, c'est faire l'effort d'oublier momentanément ses autres lectures, bien plus audacieuses! Lire ce livre, c'est comme se passer un
Georges Mélies juste après avoir regardé 'Avatar'...