Par le secrétaire d'
Aragon, un rare mélange contemporain de culture classique et d'engagement socio-politique.
Secrétaire d'
Aragon jusqu'à sa mort (et éxécuteur testamentaire), actuel directeur des "Lettres françaises" (le supplément littéraire de l'Humanité)
Jean Ristat est un poète contemporain attachant, même si son maniement agressif de la césure peut parfois dérouter, ou ravir.
Ce recueil regroupe "Ode pour hâter la venue du printemps" (1978), "Tombeau de Monsieur
Aragon" (1983), "Le parlement d'amour" (1993) et "La Mort de l'aimé" (1998).
On y trouvera des vers parfois magiques :
"Et dis-moi camarade pour qui chanteront
Les lendemains qui ne viennent pas attendre elle
Disait tandis que les mains s'usaient et les genoux
Pliaient au service les noms changent le fouet
Est le même il nous faudra pour apprendre à être
Libre du temps et beaucoup plus encore à sa
Voir que faire de cette part de nous-même é
Touffée sous l'abat-jour des siècles les dieux
Sont morts qui gouvernaient sous le masque des ty
Rans aux longues jambes d'échassiers avec
Plumes cléricales"
"On abat les arbres dans la forêt j'entends
Craquer les grands chênes
Et jusque dans leur chute fatale ils écrasent
La tendre et native pousse qui donc parlait
De pitié qui rêvait de justice et de
Fraternité disaient en riant les notables
Le dimanche après-midi à la fin d'un ban
Quet"
"Paroles dis-tu je ne suis qu'un homme de
Papier mais je veux garder mémoire de
L'ignoble et de l'injuste dire les luttes et
L'espérance ranimer le feu qu'on croyait
Éteint à jamais sous la cendre d'intermi
Nables batailles je ne m'appartiens pas
Ecrire me dépossède O comme je te
Ressemble et tu ne le savais pas camarade"
"Nous allons sur les grandes routes de par le
Monde en guerre nous avons tout perdu le vent
Nous habille le ciel nous lave l'amour
Est notre livre défendu nouveaux croisés
Nous aimions autrefois les rolling stones
Et la musique ébranlait le capitalisme
Insolents nous forgions l'avenir dans un
Atelier de rythmes inouïs et de sono
Rités éclatantes une tendre violence
Déchirait nos coeurs nous avons dressé dans pa
Ris des barricades lancé des pavés comme
Bouteilles à la mer nous fûmes vaincus par des
Vieillards tristes et apeurés qu'avons-nous fait
De l'espoir nous avons reconstruit les temples et
Changé d'uniforme tu as oublié ca
Marade le mois de mai tu enseignes l'ordre
Démolis ta maison sors dans la rue et
Regarde tu es comme un aveugle qui tend
Toujours la main jette ta canne avoue les
Songes qu'on ne t'a pas appris lève-toi et
Ose"
Et une remarquable introduction d'
Omar Berrada, en 30 pages, qui nous détaille notamment l'impressionnante maîtrise du poète, nourri de modernité et de luttes sociales autant que de
Virgile, de Malherbe ou de Byron, rare conjonction...