Dans le cadre de la masse critique Mauvais Genres d'octobre 2022, j'ai reçu le court roman de Franck M. Robinson,
Vent d'est, vent d'ouest, un livre appartenant plutôt à la catégorie des nouvelles par son côté lapidaire, publié en 1972 dans l'anthologie Nova 2 de
Harry Harrison, l'auteur de
Soleil vert, avec d'autres auteurs étasuniens et anglo-saxons connus de sciences-fictions comme
Robert Silverberg,
Philip José Farmer,
Barry Norman Malzberg,
Poul Anderson, etc., et moins connus aussi comme la romancière britannique
Naomi Mitchison. Les éditions le passager, collection dyschroniques sont des exhumeurs de nouvelles de science-fiction ou d'anticipations au fil du temps avec cette devise « Quand les futurs d'hier rencontrent notre présent. », pour le plaisir des curieux, comme je suis, je découvre cette nouvelle de Franck M. Robinson qui prend racine dans une Amérique en mutation écologique où la voiture devient un acte militant contre les lobbyistes pétrolier et les constructeurs automobiles, la controverse de ces machines dangereuses et polluantes divisent et interrogent.
Vent d'est, vent d'ouest de M. Robinson relate un monde où posséder une voiture à essence est un crime et l'incinération d'ordures comme fumer en cachette des cigarettes sont des infractions mineures, la pollution domine l'atmosphère de la terre, il existe des sociétés qui contrôle l'air, comme celle de notre histoire, Air Centrale, une agence où travaille notre jeune inspecteur de l'air, prénommé Jim. L'histoire est articulée sur la prohibition des automobiles, une similitude avec celle de l'alcool, la Restitution sonne la fin des voitures à essence, les musées d'automobiles réveillent la douleur de ces engins du passé, de leurs fuselages, courbes, couleurs, des chromes, et moteurs polluants réglés comme des horloges suisses, ce passé reste pour certains un acte rébellion face à ce smog qui se dilate dans l'atmosphère, Frank M. Robinson le nomme Donora, en référence à cette tragédie de cette ville en 1948, où un smog historique la frappa durant 4 jours, tuant 20 personnes et plus de sept mille accidents pulmonaires et respiratoires. Jim est de l'ordre nouveau, un justicier des temps modernes, traquant les automobilistes à voitures thermiques, lorsque la corruption sociétale vénale, n'empêche pas la fermeture de grandes usines pollueuses, comme les incinérateurs à ordures et les centrales électriques pour des prétextes d'hygiènes et de conforts, tout le paradoxe de cette nouvelle, qui semble être presque actuelle, dans cette folie de la libéralisation de l'énergie et l'écologie bestiale de ce 2022 de folie humaine.
Jim est à la poursuite d'une voiture à essence, comme
Eliot Ness et de son équipe, surnommés
les Incorruptibles face à la contrebande d'alcool, Jim est sans remord, ressemblant à un militant activiste écologiste de notre temps, sa fougue est preuve de sa jeunesse et de son ignorance, comme il le sera tout le long de cette courte histoire, Jim se nourrira d'amateur farouche de voitures, Jim découvrira une passion qui dévore beaucoup d'amoureux de ces 4 roues motorisées, sa vision de néophyte d'automobile se fissurera petit à petit face au destin de cette planète Terre noyé dans une atmosphère polluée.
Comme un thriller, Franck M. Robinson emmène le lecteur dans une réalité d'un futur sombre où l'écologie a perdu face aux industries pollueuses, un monde avec des Renifleurs, pour mesurer la pollution de l'air, identifier les délits mineures des citoyens, Jim se cache derrière, une illusion, combattant le rêve des anciens, ceux ayant connu la voiture, sa conduite et le plaisir de liberté et de puissance…..
C'est un bel hymne à l'automobile – J'ai lu cet aphorisme qui résume parfaitement l'intrigue de cette nouvelle
Respirer ou conduire, il faut choisir !