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EAN : 9782204125741
132 pages
Le Cerf (10/01/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Comment la géographie de la France raconte-t-elle notre histoire ? Une promenade à travers les temps et les lieux, des Gaulois aux Capétiens, des Sans-culottes à aujourd'hui, des Pyrénées au Rhin, des Alpes à l'Atlantique.
Il n'y a pas d'histoire sans géographie. Pas de peuple sans territoire. Pas de régimes politiques sans frontières physique ou mentale. Tel est le postulat d'Alphée Roche-Noël, et telle est la démonstration magistrale qu'opère ce livre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Voici racontée avec force et brio la lente et méthodique construction d'un pays », dit la 4e de couverture. le mot brio ne me semble pas rendre pleinement justice à cet excellent petit essai : brillant plus qu'orné d'un brio qui pourrait sembler sans réelle assise, et donner à croire qu'il est davantage question de rhétorique, d'éloquence, que d'une thèse, d'une certaine idée de l'objet France.

Alphée Rochel-Noël mène l'enquête sur ce qui peut sérieusement servir l'idée que la France existe : contre un roman national qui peut paraître une instrumentalisation de l'histoire au service d'une cause, voire d'une idéologie (l'histoire de France devrait être prise comme un bloc ; et son destin était inscrit dans ses fondations), on pourrait être tenté de dire « la France n'existe pas », à la manière d'un Pierre Bourdieu qui l'affirmait (à juste titre) pour la jeunesse ou l'opinion publique. Car la diversité des visages historique du pays empêcherait d'y voir, lorsque l'on est honnête, une continuité, une identité (pour parler cette fois comme Braudel). Pourtant, tout en prenant au sérieux ces remarques, pour mieux rompre avec ses propres préjugés Alphée Rochel-Noël met à jour ce qui peut servir de base à l'affirmation qu'une France existe. Au fil d'une enquête qui explore la question du territoire, des populations qui y élire domicile, des idiomes qu'on y parlait et de la mémoire qu'on y nourrit, il met en évidence que la France est un combat, un choix, une affirmation : par là-même elle n'est pas une même si ainsi elle s'unifie. La France, si elle est, n'existe que dans la république démocratique, dans la possibilité même, issue de la Révolution française de l'affrontement sur ce qu'elle doit être, son régime, ses valeurs, le destin qu'elle entend se tracer. Elle réclame la dispute et elle exige, pour cela-même, l'indépendance, un soi soumis à aucune autre puissance que celle de la réflexion de ses citoyens.

Finalement, Alphée Rochel-Noël montre ce qu'affirmait déjà Marcel Roncayolo : « le territoire n'a de valeur que rapporté à la vie de ses populations. Ce n'est pas le “désert” qui menace une partie de la France ; il peut devenir, dans une certaine mesure, une valeur. C'est le désert social, la fin d'une sociabilité ».
Les frontières physiques changent, les lieux de pouvoirs se déplacent, les langues et les croyances ne sont que tardivement unifiés et les oppositions continuent d'opposer, souvent très brutalement, les individus. Mais c'est précisément cela qui veut dire faire France.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde », a dit De Gaulle. Exit la grandeur : l'histoire de France est un testament à l'humanité. Avant ses paysages, avant même son patrimoine monumental et littéraire, elle lui a donné l'un des seuls exemples de révolution absolue de l'ordre politique et social depuis Clisthène: une monarchie de mille ans, abattue par l'insurrection populaire ; une République fondée sur l'égalité irréfragable des êtres humains entre eux. À côté, tout est anecdote . Tout est confort et vanité, paresse et facilité, à côté de la radicalité nécessaire de l'égalité. Tout est quantité négligeable, à côté de la formidable du sapiens français du tournant du XVIIIe siècle de se définir avant tout comme humain et citoyen. Devant le peuple descendu dans les faubourgs de la ville-monde pour pousser le cri de la fraternité, il faut accepter la destruction de la forteresse caduque, ravaler les sentiments de fierté et d'orgueil, remiser les breloques d'un passé idéalisé: l'histoire comme relique sous sa châsse de verre, l'histoire comme identité. Il faut tenir pour indubitable l'idée que l'histoire de France est un message à l'humanité.
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La langue est une patrie, un héritage, en même temps qu'une nation où l'égalité des êtres est proclamée dans la profondeur de la pensée intime comme dans la banalité des échanges quotidiens. [...] La langue française est un pays en soi, qui ne recoupe que partiellement les limites de la France politique : un « petit territoire sonore » pour Pascal Quignard, un « royaume » et un « pays natal » pour Pierre Sansot. Le même mouvement qui l'a fait rentrer dans ses frontières perçues comme naturelles l'en a fait jaillir dans un espace imaginé où les toponymies se côtoient et se chevauchent, dessinant les contours d'une république de la pensée, de la parole et de l'écriture.
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La France; l'humanité. Entre les deux, peut-être, l'Europe. Une autre Europe. Contre la mondialisation inégalitaire, contre la nation-identité, seule la nation-égalité peut résoudre la tension entre le particulier et l'universel, en transformant les solidarités fonctionnelles en droits politiques et les droits politiques en perspective d'égalité réelle. La nation, dans le sens que lui a donné l'histoire de France, n'est pas un obstacle à la fraternité, un sentiment claquemuré dans une géographie : elle est l'idée qui permet à l'humanité de se faire plus proche d'elle-même; une espérance d'égalité; un marchepied vers l'universel.
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Moins qu'un autre pays, la France ne peut échapper à la dimension universelle de son histoire. Alain Badiou rappelle que la Révolution fut un "commencement, non pas seulement pour la France et les Français, mais pour l'humanité tout entière". Toute histoire qui fait de l'égalité son principe a une portée qui déborde son récit et sa géographie. L'histoire de France n'est pas réductible à son territoire et aux faits qui s'y sont produits, pas plus que son rapport au monde ne peut être compris dans ses seules conquêtes militaires Par elle-même, elle entre en résonnance avec le monde dans sa globalité.
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La part importante, déterminante, de la population française ayant un parent, un aïeul, un trisaïeul venu d'ailleurs, crée en même temps la possibilité et la nécessité d'une généalogie-monde. [...] Les Français sont le monde entier. Peu de nationalités peuvent se penser comme un abrégé de l'humanité. Et, parmi celles-là, moins encore ont fait de l'égalité la clef de voûte de l'édifice social et politique.
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